Avec un nom comme ça, cela ne pouvait être que larmoyant… Et je ne fus pas déçu !

TRISTITIA m’a bluffé. D’abord, tout en arpèges acoustiques et classiques ; c’est un doigté fin et précis qui accomplit sa maestria avec haute application (style Alexandre Lagoya, tu vois) ? Impressionnant mais… N’y a-t-il que cela au menu de cette défunte nuit ? Que nenni, mi p’tit Fi !

Le génie de TRISTITIA - à l’exception de l’expérimental troisième album "The Last Grief" : un peu comme Chuck Schuldiner a donné vie (ironie, je sais…) à son CONTROL DENIED en proposant une voix Heavy sur du riff Thrashico-Death sauf qu’ici, le chant Heavy fut posé sur du Doom des plus dépressifs mais bizarrement plus léger que d’habitude, bref - ce fameux génie donc, c’est cette présence vocale. Magnifique raclement guttural ; nous sentons la déchéance et la lassitude de notre maigre existence futile… Houlà, et en plus, afin de bien enfoncer le clou dans notre futur cercueil, une seconde voix surgit dont ne sait où, à la manière d’un prédicateur espiègle qui nous annonce sans cesse que nous pouvons fuir tant que nous le croyons possible : notre condamnation restera en suspens telle la « Damoclès » … Frissons et bouleversements pour tout amateur un peu trop sensible - sans pour autant lorgner vers le Gothique.
Vous alternerez donc entre voix d’outre-tombe râpeuse et dépareillée, guitare classique (voir "Adagio 1809"), prédication fataliste, lenteur désespérante et atmosphère (plus proche du recueillement que de la fête à Munich…) mais toujours avec mélancolie et espoir écorché... À vif !

Le petit plus est cette lenteur quasi intemporelle qui déchire nos entrailles (*). Du coup, pour relever la sauce, des claviers, vachement discrets mais présents au meilleur moment - c’est-à-dire le plus triste, évidemment - nous achèveront. Un exemple ? Imprégnez-vous de l’atmosphère d’un "Dance Of The Selenites" et ressentez le cataclysme qui débute à 2 minutes et 17 secondes…

Avec le recul, j’aime encore cet album. Pas forcément par nostalgie - quoique… - mais aussi parce qu’il garde son originalité malgré ses quinze ans d’âge !

(*) Attention à l’approche de "Hymn Of Lunacy"… Intro rapide, oufti !