On peut quand même dire que sur leurs trois premiers albums les Grecs ont creusé leur sillon, affermi leur personnalité et peaufiné leur écriture autant que leur son dans cette fusion si géniale de Rock Psyché (fin sixties / début seventies) et de Black, de l’extraordinaire "Pneuma" qui n’a pas pris une ride, au formidable "Mayhem In Blue" qui mérite toujours autant sa Sélection du site.

Encore en train de louer leur créativité et leur insolence, je n’avais pas vu venir la sortie de "Eden In Reverse" en 2020. Changement drastique, on glissait vers la fin des seventies jusqu’à la lisière des eighties, disparu l’orgue Hammond et la chaude disto des vieux amplis à lampes, remplacés par une orgie de claviers Moog froids et spatiaux ainsi que par une production beaucoup plus moderne et puissante. Je fus rapidement conquis (j’aime le Moog) et les vocaux clairs de l’éternel guest Dimitris Dimitrakopoulos plus beaux et inspirés que jamais.
Que n’attendais-je pour le chroniquer ?

L’annonce en 2021 d’une suite reprenant l’esthétique fluo et Tronesque du début des eighties mit mon imagination en feu. Et si HAIL SPIRIT NOIR était en train de remonter le temps en amenant sa fusion Black dans les eaux kitsch et cultes de John Carpenter et Giorgio Moroder. Aaaaah quel bonheur… Mais non, "Mannequins" ne fut qu’un album de Synthwave, certes bien foutu en soi mais pas-de-guitare-pas-de-chant, tellement frustrant.

Alors avec les premiers extraits de "Fossils Gardens" invalidant mes hypothèses, je fis la sourde oreille, à tort évidemment (Storm a eu bien raison de s’y coller.)

Plutôt qu’une fusion folle entre deux univers musicaux, qui entrainait le Black dans des styles passés, ils s’élancent à présent vers une déferlante Black Metal totale, sonorisés comme des champions des vastes ténèbres cosmiques. Production moderne parfaite remplissant tout l’espace sonore, leads cinglants et lumineux, claviers intergalactiques idéalement intégrés à la cavalcade endiablée, blast beats à foison (ils dominent le disque).
Le duo de voix qu’on aime est là, les restes de bizarrerie qui pimentent, les leads entêtants bien frais, tout cela n’est-il pas délicieux ?

Oui, c’est une grande œuvre de Black avec ses beaux ajouts de choses étranges mais il n’y a plus vraiment rien d'exceptionnel au sens strict, HAIL SPIRIT NOIR n’est plus un OVNI, il fait presque comme les autres. Alors oui, il vient se ranger à côté des BLUT AUS NORD ou du dernier DØDHEIMSGARD, mais il y avait une autre route à prendre. Peut-être que c’était foutu dès "Eden In Reverse" et sa prod trop « classique » là où le groupe savait habiller ses compos des atours d’époque, et en cela "Fossils Garden" est l’aboutissement de ce chemin vers un perfection qui force l’admiration mais qui me fruste tout de même.
Pétri de subjectivité, je ne sais quelle note donner.
Vraiment je voulais rager et lui laisser un 3/5.