Ah, que je regrette de n'avoir pu assister au concert parisien du Bernard MINET METAL BAND le 13 février au Nouveau Casino… Le mélange de génériques de séries animées et de Metal promet naturellement. Surtout que l'éternel batteur des MUSCLÉS et chanteur le plus en vue de notre enfance est, sur scène, entouré des Azuréens de HEART ATTACK, groupe que j'estime, dont je connais la puissance de feu et dont je compte bien chroniquer les albums un de ces quatre sur NIME. À l'écoute de l'album enregistré par Minet, cependant, je me suis pris à regretter ce que je m'attendais par avance à regretter : que ce ne soit pas HEART ATTACK qui accompagne le bonhomme en studio… Parce que le rendu final aurait peut-être sonné encore plus Metal, et n'aurait certainement pas autant manqué de muscle.

Aussi passionné d'animation japonaise et nostalgique du Club Dorothée soit-il, Brice Gauthier, de RISE OF THE NORTHSTAR, n'a pas fait montre d'une audace folle dans les arrangements de ces morceaux. Quand l'on compare cet album à un projet du même calibre, tel que le "Re-Animated" de TRICK OR TREAT, l'on se rend compte de l'écart d'ambition entre le disque du groupe italien, pourtant pas destiné à une audience française, et le travail du musicien parisien au service de l'une des idoles de jeunesse de la génération 1980. Certes, le Power Metal du quintette modénais se prête particulièrement à la reprise de génériques de dessins animés. Mais le Bernard MINET METAL BAND aurait pu faire mieux, metalliquement parlant, et Gauthier imposer beaucoup plus de puissance au son et aux compos.

Hélas, en effet, ces versions Metal des génériques interprétés par Minet manquent singulièrement de punch. Ceux consacrés aux "Chevaliers du Zodiaque", en ouverture et en clôture de l'album, auraient pu être grandiloquents, héroïques comme l'étaient les morceaux d'origine… Las, ils sont même moins puissants. Si je ne reprocherai pas à Bernard Minet de ne pas pousser sa voix dans ses retranchements ni de tenter de la saturer, le chanteur souhaitant certainement préserver le feeling de ses vocaux originaux, il faut toutefois reconnaître que certains des plus fameux thèmes repris ici ne répondent même pas à la promesse Metal, tel que "Bioman", sur lequel les guitares sonnent bien plus Punk qu'autre chose. Et pourtant, le Punk est l'une de mes musiques favorites, mais dans ce cas précis, le genre n'est pas le plus approprié pour célébrer l'une des séries Live les plus emblématiques des 80s.

L'on pourrait en dire autant de l'espèce de Reggae Metal qui résonne sur "Jeanne Et Serge", qui fait plouf. S'il avait fallu célébrer le volley-ball, reprendre le générique des "Attaquantes" aurait permis un rendu beaucoup plus Metal, et même Thrash Metal si les responsables du projet l'avaient voulu. Et s'il avait fallu célébrer une histoire d'amour avec un morceau plus doux, réinterpréter "Juliette, Je T'Aime" en mode power-ballade l'aurait carrément fait. Or, avec "Jeanne Et Serge", l'on se retrouve dans un entre-deux (action qui n'existe pas au volley, rappelons-le) qui ne convainc pas. Ce qui m'amène à la problématique du choix des génériques à reprendre, qui est ici loin d'être optimal, guidé davantage par une logique Best-Of plutôt que par un parti-pris ambitieux.

Et encore, une logique 100% Best-Of nous aurait permis d'entendre des reprises de "Sailor Moon" ou de "Liveman", abusivement qualifié de troisième volet de Bioman en France mais dont le générique aurait fait merveille en version Metal. Un parti-pris ambitieux, à l'inverse, aurait vu le Bernard MINET METAL BAND nous gratifier de l'excellent générique de "Fly". Voire reprendre certains des fameux thèmes chantés par l'autre grand interprète de génériques d'animés, Jean-Paul Cesari. Ben oui : Minet ne s'en tient pas à son propre répertoire sur cet album, puisqu'il est allé chiper "Denver, le Dernier Dinosaure" à Peter Lorne, à tort, et "Ken Le Survivant" à Bernard Denimal, à travers. Sans compter que "Capitaine Flam" n'était pas chanté par ses soins, à l'origine, mais par Richard Simon. Donc aller prendre à Cesari ses "Nicky Larson" et "Dan Cougar", dessin animé oubliable mais à l'excellent générique, aurait donné plus de chien à cet opus.

En revanche, à l'inverse de mon estimé confrère Dark Schneider, je ne déplore pas la présence de chansons des MUSCLÉS, indissociables de la carrière de Bernard Minet. Enfin, je ne les déplore pas complètement, en tout cas, puisque réentendre "La Fête Au Village", avec son hommage à feu Framboisier et René, m'a bien fait marrer même si je regrette l'accordéon, et si "La Merguez Partie" était totalement dispensable, elle a le mérite, derrière sa ringardise, de rappeler le côté paillard présent dans chaque tube du groupe (car ce furent des tubes en leur temps, oui !). Chose que l'on ne remarquait pas, gamins, mais qui, une fois adultes, nous explose aux oreilles, les paroles de Jean-François Porry, alias de l'omnipotent patron d'AB Groupe Jean-Luc Azoulay, jouissant allègrement d'un côté polisson prononcé.

Reste que ce premier et certainement unique album du Bernard MINET METAL BAND propose quand même quelques sympathiques revisites Metal de génériques héroïques, comme celui de "Conan L'Aventurier", sans doute la plus belle réussite du disque, celui de "Ranma ½", solide, celui du méconnu "Dragon Ball & Dragon Ball Z" et, enfin, celui de "Silver Hawks", dessin animé que j'affectionnais tout spécialement, enfant, et dont le traitement Metal est tout-à-fait pertinent. Il tombe même sous le sens, avec son agressivité et sa lourdeur naturelles, qui s'accordent parfaitement avec notre musique de cœur. Et si Minet me donnait l'impression de chanter faux, au départ, ça n'était heureusement qu'une mauvaise impression et cette version de "Silver Hawks" vient prouver qu'il était largement possible de faire mieux avec un tel matériel de départ que Minet et Gauthier ne l'ont fait. Dommage.