J'avais un peu entendu parler d'IMPERIAL TRIUMPHANT et plutôt en très bien mais c'est seulement lorsque Mefisto a balancé "Swarming Opulence" dans une conv' NIME. Comme cette piste tue je me suis senti obligé d'écouter l'album et me voilà. Mon avis en bref, si vous ne voulez pas lire toutes mes conneries sur l'album et son contexte, c'est que malgré ses défauts on a ici un des meilleurs de l'année avec le "Constellatory Practice" d'URFAUST.

Et donc "Vile Luxury" c'est :

DEATHSPELL OMEGA, GORGUTS, et cætera. Rajoutez votre groupe d'Extrême moderne dissonant favori, il s'agit de la base matérielle sur laquelle IMPERIAL TRIUMPHANT appose sa propre identité. Pour ceux qui ne connaîtraient pas ça veut dire en bref, atonalité, dissonance, furie, chaos et un background en musique classique contemporaine qu'on entend très bien dans les parties de cuivres dès les premières secondes du disque très "Fas"-iennes. Si "Vile Luxury" possède une identité propre dans le riff, le son, le rythme ou l'esthétique, l'auditeur attentif y trouvera nombre variations sur des idées inventées par ces deux-là.

ARTIFICIAL BRAIN, PYRRHON : même si le leader et compositeur du groupe, Ilya, n'a jamais participé à aucun de ces groupes, des membres d'iceux s'y sont succédé et l'on peut ressentir des sensibilités communes dans la composition et l'esthétique. Un regard tourné vers le futur non pas pour parler de vaisseaux qui font piou-piou dans l'espace mais plutôt pour discuter de ses problèmes éthiques et philosophiques, de la pestilence du monde moderne et de la dystopie qui s'approche à grand pas. Comparez les paroles de "Cosmopolis", "Lower World", "The Invisible Hand Holds a Whip" et "The Happy Victim's Creed" et vous verrez bien une certaine approche commune.

C'est également une recontextualisation intelligente de ce qui semble être en somme LA direction du Metal hors des hauts et des bas des hybridations -core ou -gaze. IMPERIAL TRIUMPHANT se pose comme la réponse Black Metal à PYRRHON comme on pourrait considérer un peu aventureusement DEATHSPELL OMEGA comme la réponse Black Metal à GORGUTS. J'exagère, mais pas tant que ça.

Le Jazz. Même si je veux encore rappeler qu'on exagère souvent la part de Jazz dans le Metal dit Jazzy, il faut quand même noter que le bassiste/claviériste est purement et simplement un musicien de Jazz (allez voir sa page) et même si je n'ai rien trouvé à ce propos – mais j'ai pas trop cherché vu que j'en suis convaincu – l'héritage Jazz du batteur s'entend dans la manière dont il traite le rythme et dont il accompagne le reste de la musique, aussi bien dans le calme que dans la fureur. Et ça s'entend bien sûr dans les passages simplement Jazz mais aussi par exemple dans le shuffle de "Gotham Luxe" ou dans le passage de cuivres en ternaire de "Swarming Opulence". Le Jazz, musique de l'Amérique et en particulier de New-York, mais un Jazz détruit, cassé, bancal, faux, dont les dissonances ne se résolvent jamais, laissant l'auditeur dans un perpétuel état de suspension inconfortable que je vous laisse interpréter vous-même.

"Vile Luxury" c'est le retour depuis le cosmos, l’atterrissage en catastrophe, la réintégration forcée à la société humaine. Derrière un voile de métaphores Black Metal il ne cache pas de métaphysique spéculative, d'expériences mystiques, de satanisme théiste ou de présages eschatologiques : rien d'autre que la lente pourriture des individus et le concassage des âmes au sein d'une machine qui n'est plus qu'un immense tas d'immondices qui se couvre de couronnes et de bijoux pour se convaincre qu'elle est belle.