Il est intéressant de chroniquer cet album sept ans après sa sortie, car la situation de THE CNK a bien changé depuis. Lorsque "Ultraviolence Über Alles" a vu le jour, le groupe était considéré comme un projet parallèle de Hreidmarr, hurleur d’ANOREXIA NERVOSA. Aujourd’hui, ANOREXIA NERVOSA est mort et enterré, THE CNK est bien le groupe phare de Hreidmarr, honoré d’un second album en 2007, "L’Hymne A La Joie". L’histoire est parfois facétieuse !
Revenons aux origines du groupe avec ce premier album. Les origines connues, du moins, puisque THE CNK remonte aux années 1990, alors groupe de Black Metal plus qu’obscure. C’est en 2002 qu’il arrive sous le feu des projecteurs, présentant sa nouvelle arme de destruction massive, dont l’élaboration a d’ailleurs été supervisée par Xort d’ANOREXIA NERVOSA lui-même, claviériste et producteur du groupe. Formé autour du duo constitué par Hreidmarr et son acolyte Heinrich von B, le commando s’organise et largue trois mille tonnes de bombes sur un monde pourri jusqu’à la moelle, le tout dans la joie et la bonne humeur d’une "bonne petite fête d’ultraviolence" !

L’attaque est rapide, impitoyable, et sur un champ de ruines s’élèvent d’énormes enceintes crachant une musique martiale, inhumaine, aux accents apocalyptiques. Les régimes politiques sont tombés, une nouvelle ère d’anarchie et de violence s’ouvre. Voilà ce qu’on ressent en écoutant THE CNK, une bouffée de violence primaire, portée par ses riffs de guitare acérés et ses percussions électroniques façon char d’assaut. Tout est dans le titre, "Ultraviolence Über Alles" est une œuvre jouissive transpirant le sadisme, la terreur et la méchanceté gratuite. Le tout est saupoudré d’un second degré délicieusement acide à ne surtout pas confondre avec le mot interdit qui commence par un N.
L’album est plutôt court, quarante minutes, mais aussi concentré qu’une grenade : de la pochette aux paroles, tout est incarnation de la violence sous sa force la plus malsaine. Mais THE CNK sait apporter quelques nuances, nappes de clavier et soli de guitare, donnant à ce capharnaüm une profondeur bienvenue, sans jamais empiéter sur l’extrémisme jusqu’au-boutiste de l’engin de mort. Hreidmarr, grand maître de cérémonie, s’en donne à cœur joie, aussi impressionnant et haineux que dans ANOREXIA NERVOSA ; son chant est d’une brutalité extrême, alternant hurlements râpeux et beuglements à faire s’écrouler les murs.

Là où "Ultraviolence Über Alles" fait mouche, c’est dans son honnêteté. L’album s’assume comme ce qu’il est, il n’a pas de grande ambition artistique, pas de message à délivrer, il n’est rien d’autre qu’une immense catharsis, provocante au possible, à l’humour noir et déjanté, capable de réveiller les morts et de calmer n’importe quelle colère. On appréciera également les petits clins d’œil cinématographiques, bien évidemment à "Orange Mécanique", dont l’ombre plane autant sur cet opus que sur son successeur, mais aussi à "Full Metal Jacket", qui referme l’album sur une note guerrière et fanatique.

Avec cette bombe thermonucléaire sale, immorale et… ultraviolente, THE CNK frappe un grand coup qui lui permettra, cinq ans plus tard, de concevoir une nouvelle arme qui l’imposera comme un des grands du paysage metal français. A écouter très fort, en sirotant un moloko plus.

Note : 3,5/5.