Avec un peu de retenue et beaucoup de surenchère lexicale, je vous contais l’expérience étrange qu’était le "Hyperblast Super Collider" de PRYAPISME il y a quelques temps. Un truc vraiment bizarre, à la croisée de THE ALGORITHM, IGORR, n’importe quel truc chelou de MIKE PATTON et le meilleur de la musique de jeu vidéo 8bit. Mais pas d’amalgames, PRYAPISME, c’est une de ses perles rares du Metal hexagonal (ou de l'electro, à vous de dire).

Début 2015, les Clermont Ferreurs refaisaient surface avec un E.P d’un seul et unique titre découpé en 11 parties, sobrement intitulé "Petit Traité De Futurologie Sur l'Homo Cretinus Trampolinis (Et Son Annexe Sur Les Nageoires Caudales)" ("Futurologie" pour les intimes).

Et autant le dire, ça déboîte.

On note un orchestre enrichi, du basson, de la clarinette, beaucoup de piano… comme si PRYAPISME avait décidé d’embarquer tout un orchestre dans sa folie. Ce titre unique est un ascenseur émotionnel où tu peux pas appeler Koné, jusqu’au fondamental pic 8bit de la partie IV. Adrénaline électronique mariée avec un piano lounge qui essaie de te calmer avant de faire blaster la salle d’arcade. Ça titille tes attentes, se SKA-Pise l’espace de quelques secondes avant de se transformer en grosse techno crade.

L’instant d’avant tu étais quelque part en Asie ("I"), l’instant d’après tu as l’impression d’être dans "My Downfall" de VENETIAN SNARES ("V"), de la grosse violence électronique qui envahit tes tympans.
Côté Metal, il y a assez peu de demi-mesure, notre bonne vieille musique est plus utilisée comme une manière de passer la mayonnaise au fouet électrique et de blaster pour le plus apocalyptique des rendus sonores. Sinon, c’est du heavy metal de jeu vidéo qui s’invite à la fête. J’orgasme à chaque fois que j’arrive à la IX ème partie, qui ferait un fond magnifique pour un niveau de SUPER MEAT BOY.

"Futurologie", c’est un dialogue musical qui serait l’équivalent d’une pièce de Ionesco : incroyablement brillant et pourtant incompréhensible. Dommage qu’on nous laisse rarement apprécier plus d’une fois chaque phrase musicale. Mais PRYAPISME et le passage du coq à l’âne, non-stop et sans lubrifiant, c’est un truc à intégrer. "Futurologie" a ce côté plus fringant et moins mentalement exténuant que "Hyperblast Super Collider". Il a un goût de reviens-y là où son prédécesseur avait un goût de "c’est cool mais barre-toi vite fait".
Il a beaucoup de sucre dans son extasie.
Il a le goût d’une vodka Red Bull que tu voudrais t’enquiller plusieurs fois de suite. L’aspect "gros orchestre" ajoute à son charme… et on ne peut qu’attendre avec impatience la prochaine offrande des Français.

Alors oui, il a toujours le défaut de ses atouts, c’est-à-dire le rendu complètement stroboscopique de son ensemble, mais l’efficacité absolue de toutes les parties, des plus tranquilles aux plus délurées, fait de cet album la meilleure entrée en matière qui soit pour découvrir les barjots de Clermont-Ferrand.

Une version symphonique est proposée en bonus : c’est une vingtaine de minutes tout aussi décousue mais moins haletante. Ça s’écoute bien même si ce n’est pas aussi génial que la VRAIE version.