Aaaaaah, l'Islande. Cette terre pure, glaçante, pays de... euh... De l'herbe, des moutons-pingouins, et de Björk.
Pays également carrément réputé pour sa scène Metal d'ailleurs, comme vous ne le savez absolument pas... Bon, certes, y'a SOLSTAFIR qui fait quand même beaucoup beaucoup de bruit, tout comme SKALMÖLD, mais au-delà... Rien que jeter un coup d’œil à la scène Death de là bas, c'est quand même assez vide. Le plus gros classique nous vient de SORORICIDE, et à part Zodd et quelques unes de ses groupies, aucun des lecteurs de NIME en a jamais entendu parler. M'enfin, ça tombe bien parce qu'on peut faire une transition de malade vers BENEATH vu qu'il y a justement le chanteur en commun avec cet illustre combo Old School. Direct on impose une certaine aura, fort intéressant comme histoire.

Alors BENEATH, ça vient d'Islande et c'est le renouveau de la scène de là bas. Attention, on se demande dans quel créneau ils vont se caler, le suspense est à son comble : Dark Brutal Evil, méga bourrin de la mort, Old School ricain ou nordique ? Ben non, on se tourne vers la modernité, avec la nouvelle scène à la mode.
Sortez les roulettes à pizza, c'est parti pour draguer des mafieux en enroulant des spaghettis sur une tour pas droite : au beau milieu de l'Atlantique givré, on nous livre du Death à l'Italienne. Nique la logique (What The Cut reprézent).
Mais si vous savez, le truc nucléaire, le Polonais propre sur lui épique et grandiose, cet espèce de BEHEMOTH en costard défoncé au speed qu'on nous sert à toutes les sauces depuis quelques années avec comme représentants les plus illustres HOUR OF PENANCE, FLESHGOD APOCALYPSE et autres HIDEOUS DIVINITY. Si vous non plus vous pigez pas, tapez dans vos mains (et laissez des commentaires cliquez bande de salopes).

Bref, c'est donc armé d'une magnifique pochette de Raymon Swanland (qui a également bossé entre autres pour DEEDS OF FLESH et quelques cartes Magic The Gathering (et ça se voit)) que BENEATH se présente à nous. Je sais pas pour vous, mais quand je vois une illustration pareille je sais limite déjà ce qui m'attend. On pourrait résumer tout l'album dans cette image. On pourrait même en faire toute la chronique d'ailleurs. Exercice de style expérimental incoming :
-Premier plan, exoarmures/cyborgs géants rutilants typés SF, énormes juggernauts instoppables et invincibles. Donc on a une production en béton bien qu'un peu artificielle.
-Des éclairs, des gens révoltés au visage torturé, des vents menaçants et une partie droite baignée dans un bain de lumière rouge sang. C'est brutal comme pas possible avec des blasts à la truelle.
-Décor grandiose, énormes structures touchant les cieux, cathédrales d'obsidienne et ciel éclairé d'une lueur divine. On injecte à la musique un souffle épique à en crever et pas mal de passages plus posés dans le but d'apporter une ambiance grandiose.
-Un mec qui domine le tout en tenue ecclésiastique, texte sacré en main et le visage déformé par les ordres haineux aboyés. On charge à mort sur la religion via un chant guttural clair, propre et conquérant.
Voilà. Suffit de regarder la pochette et on a écouté l'album. Dingue ce qu'on arrive à faire de nos jours.

Parce que bon, ces BENEATH, ils sont bons, mais c'est un pur cas scolaire. Passé un titre d'ouverture simpliste, efficace mais assez pénible car répétitif et tournant à vide autours de son refrain pourri, on nage en plein bonheur de gros Death Brutal actuel dopé aux stéroïdes dominantes. Mais c'est au final vraiment du déjà-vu, les nombreuses parties épiques ne prennent pas vraiment, et même si on se fait atomiser la face avec conviction, on visualise clairement le cahier des charges. Hop du missile direct dans ta face avec "Lies Of The Dead" et "Bloodlust", ultra catchy avec "Writhe", l'indispensable instrumental servant de sombre intermède mélodique "Heretic", et le titre Doomesque de pratiquement 10 min bien nommé "Monolith" qui se la joue émotionnel et désespéré. Bien tout ça, mais pas de sang neuf.
En fait, seul le titre éponyme m'a véritablement fait relever la tête, en employant moult riffs en trémolo directement piqués au Black Metal et un court passage acoustique des plus réussis.

Donc, bilan : "Enslaved By Fear" est un bon album qui arrive après la guerre. Parce que du coup, on commence à bien saturer de ce genre de Death qui a soufflé tout le monde entre 2008 et 2010 mais ne fait plus le même effet à l'heure actuelle. C'est d'autant plus dommage que le combo a quand même d'énormes atouts en poche et nous livre un opus techniquement irréprochable et inattaquable dans la forme. Donc pas trop de soucis pour eux, leur public est tout trouvé et on en entendra à nouveau parler sous peu, en attendant on se chope leur skeud, on écoute quelques fois et on trouve ça bon, mais on finit par le ranger car le monde actuel est dur et que la masse de sorties nous force à l’exigence. C'est cruel de faire passer autant de travail à la trappe, mais c'est pour la bonne cause.

Neðan typpið : un album de Brutal Death clair et conquérant en provenance de la grande botte des plus classiques. Sauf que ça nous vient d'un Iceberg géant. Voilà.

3/5 parce que c'est objectivement une sortie de qualité qu'on prend plaisir à écouter. Quand même.