Fleuron de la NWOBHM, les Anglais de Newcastle-upon-Tyne ont assumé bien des noms, bien des avatars et malgré un talent certain, tant instrumental que dans le domaine de la composition, les ventes d’albums n’ont jamais réellement décollé, un drame pour notre musique. SATAN était pourtant l’âge d’or du quintette, nous avons toujours en mémoire les terribles refrains – "Key To Oblivion" "The Ice Man" "Suicidal Justice" - peuplant "Into The Future" et le superbe "Suspended Sentence"…Mais que voulez-vous…Quand ça ne veut pas, ça ne veut pas. Le groupe aux multiples appellations : BLIND FURY, BLITZGRIEG, SATAN tente donc un dernier coup de poker avec la fondation de PARIAH, dans le style Thrashy qu’ils affectionnaient déjà précédemment. De toutes manières, lorsque vous avez dans vos rangs des six cordistes du calibre de Steve RAMSAY – futur tête pensante de SKYCLAD – et surtout du phénoménal Russ TIPPINS, au style racé, fin mais d’une inventivité hallucinante, vous n’avez pas le choix ! Ce sera donc Thrash pour tout le monde.

Ce "The Kindred" sort donc dans l’indifférence générale en 1988, soit un an après le dernier SATAN en date. L’équipe est la même, les deux gratteux précédemment cités aux baguettes, accompagnés de Graeme English à la basse-futur SKYCLAD-, de Sean Taylor au tambourin, et de notre bon vieux Michael Jackson –pas l’obsédé de la chirurgie, l’autre là, le rouquin – à la puissante voix.

Vous reconnaitrez instantanément les duels de guitare qui embrayent sur "Gerrymander" dont le refrain se retient bien. Les mélodies sont toujours aussi accrocheuses. On continue dans une veine très agressive sur "The Rope" aux chœurs surpuissants. On nage dans le Thrash, pas si loin même d’un techno Thrash genre CORONER –voyez plutôt le bridge central dudit morceau, difficile de distinguer Russ d’un Tommy Baron-.

On jouira un bon coup sur l’intro tellement TIPPINS-ienne de "Spacegoat", titre bien pêchu mais dont le refrain me laisse sur ma faim. Les duels de guitare restent savoureux. Comme à l’accoutumée, Russ et Steve se partagent les compositions, Steve tout en cavalcade scandée et Russ tout en descente de gammes mineures comme il les affectionne.
On retiendra le chouette refrain sur "Foreign Bodies", puis c’est le petit instrumental de "La Guerra" qui ouvre ce qui promet d’être le titre de bravoure du skeud : "Inhumana", nouvelle cavalcade de six minutes qui ne me convainc pas vraiment, jusqu’à ce que les grattes prennent le pouvoir lors du superbe bridge ; c’est la même analyse pour "Icons Of Hypocrisy" ou le second solo de Russ est dantesque. Tiens, un piano sur "Promise Of Remembrance", qui annonce un titre certainement plus épique et qui sera assez réussi –On croirait presque du ANIHILATOR avant l’avènement de Jeff WATERS –.

Il faut être juste et reconnaitre que l’opus est en deçà des précédentes livraisons SATANiques. Le niveau reste respectable, les guitares rugissent comme il se doit, mais les compositions ne sont pas des classiques. On soulignera une belle performance de Jackson au chant tout au long de cette galette mais je regrette la discrétion de Russ TIPPINS, un des plus fins gratteux du Métal à mon sens, sur cet album au bras de fer. Cela s’annonce difficile, mais il reste encore aux Anglais un atout dans leur manche. Ils ne tarderont pas à jouer.