Je ne pensais pas aborder cette chronique en parlant de gros Death ‘à la suédoise’ et pourtant, c’est au sein de cette scène que les deux guitaristes et compositeurs de LULLACRY, Sauli Kivilahti et Sami Vauhkonen ont fourbi leurs armes via COARSE, leur formation de l’époque. Séparés de leur chanteur après quelques démos, les quatre membres subsistants décident de poursuivre l’aventure à leur façon et vont donc se reconvertir et ce, de manière plutôt brutale et sans équivoque. Car laissez-moi vous dire que lorsqu’en 1998, la formation adopte son patronyme actuel, elle ne se contente pas de troquer son nom, mais décide par la même occasion de faire table rase du passé. Exit les plans extrêmes, bienvenue Tanya Kemppainen (aka W. Lilith de SOULGRIND et GLOOMY GRIM) : voici notre quintet finlandais, tous chromes lustrés, fin prêt à nous balancer une bonne rasade de Heavy-Rock survitaminé.

Si "Sweet Desire" (1999) conservait quelques gimmicks et un feeling pouvant encore évoquer l’univers Death Metal (si si, légèrement), son successeur "Be My God" (2001), chroniqué en ces pages, s’assumait pleinement et franchissait un nouveau cap en s’offrant corps et âme à ce Heavy-Rock à la production ultra léchée, très actuel et incroyablement pêchu. Un disque tellement rutilant que les Finlandais ne jugeront pas utile de changer la donne (ou si peu) pour ce "Crucify My Heart".

Un peu, donc, puisqu’au niveau du line-up, Tanja Lainio débarque au poste de vocaliste, mais son timbre relativement proche de celui de sa prédécesseuse ne devrait pas troubler les aficionados des précédents opus. Voila pour la nouveauté. Quant au reste, la formation continue à nous délivrer ces tubes dont elle a le secret. En effet, la dressant comme son principal leitmotiv, le groupe ne lésine pas sur l’efficacité de ses compositions, preuve en est avec cette triplette d’introduction absolument im-pa-ra-ble. Ce sont d’ailleurs cette efficacité et l’immédiateté de ces petits brûlots qui prédomineront ici, au détriment d’une quelconque recherche créative. Un fait qu’on ne pourrait d’ailleurs sciemment lui reprocher, car honnêtement, s’enfilerait-on une galette du combo autrement qu’en connaissance de cause ? Pour d’autres raisons que de passer un bon moment, sans prise de tête compulsive ? En cela, les Finlandais réussissent leur pari. Alors que les plus chafouins d’entre vous à la recherche, là d’une fugace polyrythmie, là d’une vacillante dissonance, passent leur chemin, LULLACRY, c’est du gros Rock et donc : des titres concis, quelques breaks ravageurs, des montées de basse vrombissantes, des soli énergiques et des refrains accrocheurs, bourrés de chœurs, et ça, dans chaque morceau, oui monsieur ! La troupe sait s’y prendre pour réchauffer la froide Helsinki.

En dix titres, le combo, sans révolutionner le genre, prouve qu’il maîtrise néanmoins son sujet. Certes, nous n’éviterons pas une impression persistante de redite sur les derniers titres ; certes, la power-ballade syndicale paraitra un peu longuette ("Unchain" ne dévoilant ses charmes que sur sa fin) ; certes, les textes n’ont rien de transcendants, mais ce "Crucify My Heart", lorsqu’il s’agit d’envoyer du décibel, et nous savons tous combien le décibel nordique bucheronne sec, se place parmi les albums dont il serait bête de passer à côté, par simple méconnaissance. Quand ‘simplicité’ et ‘spontanéité’ riment avec ‘efficacité’ !