Un groupe de Metal Progressif en provenance du Liban, voilà un truc de pas banal !!!! Formé à Beyrouth au début des 90’s, le groupe ne songera qu’en 2005 à vouloir enregistrer un album. Il leur faudra donc attendre le début 2012 pour le voir enfin sortir. Le résultat de cette longue gestation du sextet est "Beauty & The East", un album mature et mélodique pas très éloigné de PORCUPINE TREE. Encore quasi inconnu dans notre contré, les libanais ont ouverts les concerts de rien de moins que PLACEBO, DEEP PURPLE ou encore du débutant ROBERT PLANT.

Fruit d’un travail de longue haleine et auto financé, les six musiciens sollicitent à la production de leur galette l’américain Ulrich Wild (PANTERA, STATIC X, DEFTONES), nominé en 1995 au Grammy Awards pour son travail sur l’album "Astro Creep 2000" de WHITE ZOMBIE. Sa contribution à l’album de THE KORDZ renforce l’aboutissement du projet par une qualité de son irréprochable. Les compositions limpides ne s’embrassent pas de superflu et cerise sur le gâteau offre une dimension orientales juste parfaite. Subtile et non envahissante, cette marque de fabrique n’encombre pas la galette résolument rock qui de plus prend le risque de gaver la rondelle de plus d’une heure de musique.

Professeur de science politique et sommité non seulement en ce qui concerne le monde arabe Mark LeVine est également un guitariste reconnu pour avoir bossé avec Mick Jagger (THE ROLLING STONES) et Chuck D (PUBLIC ENEMY). Lauréat d’un Grammy en 2005 dans la catégorie "Meilleur album de Rock Alternatif Latin" pour sa contribution au disque d’OZOMATLI "Street Signs", il est l’auteur du livre "Heavy Metal Islam" paru en 2008. Il s’exprime en ces termes à propos de THE KORDZ : "Sans aucun doute le meilleur groupe rock du Maroc au Pakistan et peut-être même de n'importe où ailleurs. Leur nouvel album représente l'avant-garde de la révolution du rock". Il est certain qu’il faille nuancer ses propos mais peut on rêver d’une meilleure intronisation ?

A prés une intro instrumentale planante et inquiétante, nous faisons la connaissance de l’univers du groupe avec "Deeper In". C’est à l’arrivée du chant de Moe Hamzeh que la musique se remplit de lumière et devient planante. Nantie d’une voix clair, mélodique et sans effet, la dimension orientale se veut secondaire ou inexistante. Le ton se révèle très rock sur "Nothing Or Everything" aux arrangements tantôt électroniques tantôt symphoniques. C’est avec l’intrumental "title track", "Beauty & The East" que les références les plus arabisantes se font jour avant d’exploser une fusion parfaite sur le potentiel single qu’est "Last Call". Le groupe prend son envol et trouve une admirable vitesse de croisière par la diversité de ses rythmes. Constat sans équivoque avec les semi ballades acoustiques conjuguées au piano "Save Us" et "The Garden" que les copines risquent d’adorer… Lorgnant très souvent avec de la pop, THE KORDZ surprend encore avec une dernière balle traçante. Contrairement à ce qui se fait dans le genre, "Nic-O-Teen" le morceau le plus rock de leur répertoire clôt album. Une vrai belle découverte qui se veut de plus intelligente concernant le propos. Culturellement et politiquement, ce disque est un instantané de la vision de jeunes musiciens qui s’ouvre au rock dans un environnement tourmenté par les conflits que l’on connait. Sans être contestataire, il reste une belle preuve que la contre culture peut naître partout. Alors, pour ça aussi, bravo.

Agrémenté d’un dvd bonus proposant un documentaire "behind the scene" ainsi que deux clips, "Beauty & The East" est la galette que se doivent de posséder les fans de rock progressif, de musiques orientales, bref d’amoureux de la musique et de rock tout court.