Rah, les noms de groupes dans le Brutal Death, jamais je m'en lasserai. Ou comment en partant d'une série d'une trentaine de mots on est parvenu à former les patronymes d'un bon demi-million de groupes. Mais attention, DEVOUR THE FETUS font illusion d'inspiration à ce niveau en se cachant derrière un concept à double tranchant. La cuisine, et les bébés. Et peut-être même bien les deux à la fois. Bref, ils sont de Paris et ils sont 2 et demi, les voilà qui sortent leur première démo avec une pochette affreuse manquant cruellement du second degré salvateur qui fait tout le piquant de ce genre de formations. Mais qu'on en reste pas à critiquer les éventuels problèmes de budget propre à tout groupe qui débute, potentiel énorme il y a.

Bon, arrivé à ce point, il faut prévenir les oreilles peu habituées au genre de ce webzine malgré mes efforts et le squat régulier de la page d'accueil par ma personne propre (ou pas). On évolue ici dans un Death un peu Goregouillant encore largement amateur, d'où une prod manquant de punch malgré de gros efforts et une batterie jouée par un certain C3PO. Non ça veut pas dire que le batteur est un androïde, plutôt carrément un écran avec une souris et un clavier. Vous êtes donc en attente d'une bonne grosse gerboulade Goregrind dégueulasse shooté à l'évier sous stéroïdes en complément d'un fond sonore de tripaille en fusion, mais non tout n'est pas si extrême. Non, pas du tout. M'enfin un peu quand même il faut l'avouer.

4 titres, 10 petites minutes, quatre demi-bébés avortés au harpon et un savoureux fumet de pourriture assaisonnée. Des samples bien crétins et en français s'il vous plaît (Austin Powers pour le premier titre et Bernie pour "Rezomator De Fetus") dans la pire des plus grandes traditions du genre, ça roule ma poule ça chauffe Marcel, "Anti-Wrinkle Fetus Cream" débarque en groovant comme il faut. Si le travail sur les cordes de Zyigh est globalement extrêmement bien torché, les gargouillements et croassements de Renan par dessus ont tendance à sonner comme décalés en plus de linéaires et assez affreux. Un guttural vaseux globalement assez pénible typique du mauvais côté de la scène Slam (GOREVENT, KATALEPSY, KRAANIUM et autres...) qu'il est surprenant de voir évoluer en growls gras et shrieks de goule en rut sur les deux derniers titres, faisant bien mieux passer la pilule. Parce que oui, c'est de voix death poilue d'outre-tombe que la musique de DEVOUR THE FETUS a besoin, par simple cohérence avec la musique purement Death Metal un poil Thrashy du Grindou proposée derrière.

"Anti-Wrinkle Fetus Cream" groove dans la pâtée pour nourrissons tout en sachant taper du semi-blast en quasi continu, tout comme le second morceau en suite logique un poil plus sinistre avec des riffs particulièrement appréciables et de belles pointes de vitesse. On est pas mal renvoyé à SANATORIUM avec le feeling typiquement Old School sonnant quand même selon les codes modernes, un poil de Thrashy par-ci par-là, du Grind méchant sur un "Rezomator De Fetus" avec quelques riffs faisant même un peu NAPALM DEATH sur les bords et surtout le très impressionnant dernier titre dont le riff maître m'a instantanément collé IMMOLATION dans la tête, noircissant considérablement l'atmosphère et conférant un énorme regain de sérieux dans le propos. Ouargh, voilà pour l’enchaînement de description technique, plus qu'à reprendre votre souffle et en avoir le cœur net en allant écouter tout ça sur leur page Facebook.

Bon, tout reste franchement empreint de l'odeur du combo amateur qui en veut, et même si tout est fait avec la meilleure tripaille ombilicale du monde, les défauts du genre se combinent à ceux résultant de la spontanéité, incluant un côté trop brouillon (les morceaux n'attendent qu'à être développés, les riffs diversifiés et la structure retravaillée) et trop sages (boostez moi ce tempo, aller !) que la plastique manquant de moyens n'aide pas à faire oublier. Il n’empêche que je m'en vais de ce pas suivre la progression de ces deux petits gars, qui ont abattu un travail remarquable pour des premiers pas dans le genre et ne demandent qu'à nous servir une bonne plâtrée qu'on espère enfin portée à la hauteur de leurs ambitions.

Miam : une première démo encourageante, laissant voir un beau potentiel d'un Death Metal que l'on devine varié et pas dénué d’intérêt bien que pour le moment salement handicapé, coup de pouce et Stay Breetal !

2,5/5, arrondi à un tout petit 3 d'encouragement.