Ah, des amateurs de Marvel. Bien que contrairement au HAVOK désormais cher à Canard WC (ou pas), notre Malebolgia soit toujours fièrement assis au 8e sous-sol des enfers, il a lui aussi probablement senti un besoin d'arrondir ses fins de mois en fondant un groupe. Sauf que là, pas d'homme électrique des étoiles, juste un putain de démon aux yeux infernaux qui contrôle une armée de mecs noirs en latex trop classes. Donc forcément il va pas se mettre au Thrash de tarlouze lui hein, son groupe sera nettement plus incisif et ravageur.

Faut dire qu'il a aussi réussi à se chopper une signature sur mon label préféré, alors bon, dur dur de résister. Évidemment, il a des goûts artistiques assez étranges, arborant fièrement un crâne tentaculaire coiffé avec une mâchoire de cheval bicéphale et un corbeau qui lui passe à travers. On a vu mieux comme nature morte mais ça a de la gueule il faut le reconnaître. Par contre, dès qu'il s'agit de prendre les instruments c'est une autre paire de manches. Parce que ce putain de démon, il gagne à chaque fois mais en même temps c'est un gros tricheur !

Ben ouais, les trigg, c'est de la triche. C'est pas parce qu'on est le maître d'un morceau des enfers qu'on peut tout se permettre. Parce qu'à ce niveau-là c'est plus une batterie, c'est une mitrailleuse lourde. Double et gravity tout du long ou presque. On voit une certaine humanité dans le jeu, c'est pas une boîte à rythme, mais putain aller à cette vitesse avec cette régularité c'est enculer à sec Pete Sandoval et Derek Roddy réunis. Mais moi, je vais pas m'en plaindre loin de là. Parce que même si c'est aussi naturel que de la hardteck-musette, ça tue. Un putain de viol auditif qui fait super mal au cerveau mais qui laisse pantois par sa lobotomisation. Cette batterie barbare qui va constamment au double de la vitesse de tout le reste de l'orchestre, c'est assez jouissif, à supposer que le reste puisse suivre. Et c'est le cas.

Y'avait de quoi finir en blasting blast of the megablast, mais non. On se fait pas chier, pas de violence pour la violence. Enfin si, mais justifiée. Bref, je suis sûr que vous voyez.
OUI ça démoule un fétus de poney mongol jusqu'à l’hémorragie cérébrale. Mais même si tout est excessif, on a un paquet de bons riffs, assez souvent sinistres mais surtout d'une violence physique élevée qui nous condamne au dentier. Pas d'enchaînements de notes en sweeping tout moisis, pas de moshpart débiles à 2 notes, la composition tend du côté hardcore de la force par ses assauts musclés mais qui se gravent dans le crâne à grands coups de burin. On fait dans le Brutal Death baraqué, l'énorme colosse qui t’empêche de franchir la porte en te regardant les yeux injectés de sang et la bave aux lèvres. Qui te prend aux tripes et te laisse en puzzle. Pour être brutal, "Requiem For The Inexorable" l'est, mais pas de pilonnage automatique, on garde la tête froide lors du processus de composition pour ne se déchaîner qu'à l’exécution. Les morceaux sont donc solidement charpentés et forcent tous le respect, sachant parfaitement se faire accrocheurs quand il faut sans jamais relâcher la très importante pression. Les vocaux sont eux aussi globalement plus hardcore que death, bien que du bon gros guttural des familles s'en mêle. Mais l'avantage du chant hurlé, c'est que tu peux faire des refrains avec, et que même que l'auditeur il peut se zigouiller les cordes vocales à les refaire en même temps. Putain, mais bouffez-vous "Involontary Recollections", le plus lent "Pissing Pus" et surtout la tuerie totale "Infesdead" quoi !

En matière d'intensité intensivement intense, on tient quand même le haut du panier. Peu de formations peuvent se vanter d'une puissance de feu aussi soutenue sans sonner synthétique (coucou HOUR OF PENANCE, ça va ?). Parce qu'on prend quand même vraiment très très lourd. Effréné et dérangé mais toujours habile et presque sournois (l'intro de "Veiled Impurity", bien assombrie comme il faut). Mais notre gentil petit démon veut également nous montrer deux autres choses. Tout d'abord qu'il sait faire autre chose que taper : l'interlude acoustique (du moins en grande partie) est parfaitement maîtrisée et de toute beauté, permettant de souffler un peu. Et il veut également nous faire savoir qu'en enfer, on aime la bonne grosse base. C'est qu'un bonus track, oui, mais il vaut le coup. "Cock Rockin' Fever", beau titre à la con qui nous fait afficher un sourire étendu quand on entend la fine équipe de bourrins qu'on a suivi pendant 35 minutes nous interpréter une compo rock'n'roll old school, avec le riff joyeux et entraînant, les voix haut perchées et le solo éjaculé. Absolument jouissif et inattendu. Et par-dessus tout, un putain de tube que les grands n'auraient pas renié ! A écouter en boucle, vraiment.

Donc, ce connard d'adversaire du Spawn, il nous a foutu quoi entre les oreilles ? Du Brutal Death testostéroné et démesuré tout en restant intelligent et incisif, qui explose les standards et s'impose comme la meilleure galette sortie sur Comatose Music ainsi que dans le palmarès global de 2009.
Putain de tuerie totalement abusée et harassante, mais bourrée de feeling brutal et de directs en plein dans tes dents. Pourquoi lutter ?

BLAST : ça tape fort, ça cogne tout le temps, et ça le fait mieux que pratiquement tous les autres. Alors on adhère et on succombe.