T'aimeras pas ça, ça ressemble à AGALLOCH, qu'il me lance, le jeune collègue jaloux, en me voyant réserver cet album pour chronique. Je lui réponds : « Tant pis » !.

Car je savais, mon sixième sens avec pas de vision de monstres me le soufflait à l'oreille, que cet album serait spécial. Pourquoi ? J'avais vu le style du groupe : Post Rock avec touches de folk – quand on vient d'Écosse, pas le choix que ça sonne mélancolique et naturaliste. Je me jette donc sur ce premier album du duo FALLOCH avec la bave à la gueule, parce que hein, les longs morceaux ambiancés qui prennent au cœur avec trémolo larmoyant et paysages glauques à la clé, j'en redemande.

Les premières écoutes, rien ne me marque vraiment, que de longs morceaux ambiancés qui ne prennent pas tant au cœur. Je « spotte » quelques trémolos et mélodies larmoyantes (le duo de choc de départ "We Are Gathering Dust" - "Beyond Embers And The Earth") et j'entrevois des marais et de grands espaces grâce à de jolis passages atmosphériques dignes de films épiques ("Horizons", "Solace"), où la flûte et le synthé dansent tranquillement dans la boue. De bien belles images.

Autre chose retient mon attention dans cet entrelacement de racines comme on les aime : cette voix si claire, si ingénue, d'Andy Marshall. Comme si un ado décidait de chanter sa peine ou décrire la forêt derrière chez lui (sur "Where We Believe", c'est troublant). Vous dire que je croyais que c'était une fille serait exagéré, mais pas loin de la vérité. Heureusement qu'il hausse le ton parfois et se métamorphose en cette bête qu'on devine se faufiler entre les troncs de l'univers de FALLOCH, car… ça aurait pu être pire. Mais bon, certains diront que ça fait partie du charme, de la planante musique du groupe, plus contemplative que martiale. Ok. La France a bien Neige pour exceller en Postcore épique ou urbain avec sa voix de chérubin, pourquoi pas Andy Marshall en Écosse ? M'enfin, on affectionne ou pas. Moi, plus ça va, et plus je l'accole au style FALLOCHien et ça me réconforte.

Les écoutes subséquentes, je me suis pris à aimer ça. Simplement. J'ai adopté ce style déjà entendu, mais teinté de cette innocence propre aux jeunots, cette franche authenticité, cette fraîcheur aux mille parfums qui me donne envie de visiter la terre d'où proviennent Andy et Scott. J'aime quand ils se font sirupeux, ou un peu moins en accélérant le rythme. Mais ce n'est jamais agressant, jamais ne lorgne-t-on vers un Black Atmo, ça demeure cotonneux et apaisant, plaisant. Comme une lettre à la poste, cette recette passe. Ça fait changement et ça fait automne au possible. C'est aussi romantique parfois, sur "The Carrying Light" notamment, avec ce synthé typé 70's et ces envolées guimauve à la guitare. Non franchement, FALLOCH ne battra pas des records de virilité, mais c'est pour ça qu'on l'apprécie. Et c'est pour ça, cher collègue, que même s'il possédait quelques gènes d'AGALLOCH, il s'en éloigne car il m'emmerde moins. Eh oh, tous les goûts sont dans la nature, alors gardez vos tomates !

FALLOCH est poétique en fin de compte. Un barde empli de longs-métrages qu'il doit à tout prix projeter afin s'assainir ses pensées. Des idées bariolées de spleen et de pluie, livrées dans un véhicule tout terrain sans moteur à explosion. "To Walk Amongst The Dead" en sera la preuve ultime, avec son mélange de sirop et de scotch, excellent point d'exclamation à ce "Where Distant Spirits Remain", qui s'avère en fin de compte une surprise de petite taille. Mais une surprise tout de même.

Et puis FALLOCH a quand même le mérite d'avoir attiré mon attention sur une plage en particulier, "We Are Gathering Dust", qui se faufilera sans peine dans mon top 10 annuel. Une plage à écouter en boucle pour la tonne de feeling qu'elle décharge, probablement la plus poignante de l'album.

Que dire de plus sinon applaudir discrètement en espérant une continuation aussi « cute » ?