Après ANUBIS GATE plus tôt cet automne, je suis de nouveau gâté avec "The Lotus Effect", un album long et pas aisément domptable… SUN CAGED confirme ma plutôt récente attirance pour le Metal Prog avec son troisième album.

J'aime bien l'image qu'imprègne le groupe sur la première plage, "Seamriper" : on pense tout de suite à un vieux fou en train de réaliser des expériences dans un labo, comme sur la pochette… On peut aussi interpréter cette intro comme la naissance d'une mixture qui nous explosera à la figure ! D'ailleurs, c'est ce que SUN CAGED préparait, car sa mixture d'éléments chimiques fait un gros boum ! et nous envoie k.o. au tapis dès la première minute, avant de se disperser et de laisser place à sa deuxième personnalité, Mr Hyde caché dans Dr Jekyll… Ainsi va la vie sur "The Lotus Effect", on passe d'agression à hallucination en un clignement, de tendres moments où le piano semble suer de l'eau de rose à des chemins plus tortueux, où les instruments forment une équation pas toujours facile à résoudre… Eh oui, comme un problème de maths ou une science compliquée, SUN CAGED incarne la complexité du Metal Prog avec une signature toute personnelle, heureusement pour lui.

Cette griffe se découpe dans un Metal plus ou moins prétentieux, où les expérimentations ne sont pas trop nombreuses. Pas besoin remarquez, car les Néerlandais ont suffisamment d'atouts pour passer outre les trips égocentriques de musicien nombriliste. Au lieu d'essayer de réinventer la roue, SUN CAGED retire le maximum de son pressage de citron en alourdissant ses guitares, lorsque les soli tantôt heavy, tantôt power/néoclassique ne sont pas à l'ordre du jour dans leur ciel aux couleurs froides, en offrant au monde une superbe voix – en l'occurrence celle de Paul Adrian Villarreal –, un sens inné du refrain accrocheur et des arrangements qui déstabilisent juste assez pour ne pas écœurer. Les Néerlandais se classent dans la catégorie de Metal Prog accessible, aux influences multiples, comme un bon « comfort food ».

Certains trouveront ainsi le groupe trop mou ou consensuel, car il est vrai que même si les riffs déchirent, le ton demeure lumineux – à la limite de la détente parfois – la majorité du temps. Mais SUN CAGED n'a rien à envier à personne, surtout pas aux méga-groupes de Metal Prog. On pourra aussi lui reprocher de s'éparpiller en thèmes divers, ce qui rend son Metal difficile à classer, mais hey, c'est du Prog, alors il est normal que ça parte dans tous les sens. Et les combos de virtuoses s'inspirant des années 70 et des étoiles, ça fera !

SUN CAGED est moderne et n'emmerde pas (subjectivement parlant), c'est correct ainsi. Il vous faudra par contre quelques albums de Prog derrière la cravate pour ne pas vous exclamer devant ces mélodies sirupeuses s'entrelaçant avec quelques petits bidouillages ici et là. Je dis ça, mais SUN CAGED, par son caractère universel, pourrait également s'avérer une bonne porte d'entrée pour les néophytes du genre. Surtout que le poids des guitares vient contrebalancer la douceur du chant, et que le synthé ne se contente pas d'étaler des pianotages symphoniques comme chez plusieurs groupes ; il se livre aussi en solo à maints endroits, s'échangeant la pôle avec la guitare, permettant ainsi à SUN CAGED de sortir de sa… cage.

Vous avez donc devant vous un groupe sympa qui ne lésine pas sur les efforts et les ambiances pour vous distraire et plaire à toutes les chapelles. Reste à voir s'il y arrivera, en premier chez les fans de Prog.

Morceaux préférés : pas mal, mais une inclination pour "Seamripper (& The Blanket Statement)", "Ashes To Ear" et "Pareidolized (The Ocean In The Shell)".

Le « WTF » de l'album : les plages 9 à 13... avant une rétrospective, si on peut dire, des principaux trésors du disque sur la dernière piste. Prenez cela comme un bonus, car les huit premiers titres sont amplement suffisants.