Voilà assurément une association de malfaiteurs qui a de quoi émoustiller un sacré paquet d'auditeurs. En effet, derrière ce nom relativement commun de OLD SILVER KEY se trouvent des noms réputés de la scène Metal à savoir DRUDKH et Neige, le chanteur d'ALCEST.

Oui, oui, vous avez bien lu ! A peine "Handful Of Stars" (2010) achevé et distribué (un de mes gros coups de cœur de l'an passé au passage), Roman Sayenko a décidé d'explorer encore davantage l'aspect progressif de sa musique. Pour cela, il s'est entouré de Neige et le reste du groupe a décidé de le suivre une fois encore sur ce projet.

Il en ressort de cette alchimie quelque chose de particulièrement délicat à décrire, à retranscrire. Si sur le papier tout ceci paraît particulièrement alléchant, il n'en demeure pas moins que "Tales Of Wanderings" laisse globalement sur sa faim...

7 titres, 37 minutes. Une ouverture instru ambiancée DRUDKH-like et "November Nights Insomnia" déboule. La tendance actuelle de vouloir mettre en avant des relents de post- un peu partout laisse quelque peu de marbre. Mais quand on connaît la carte de visite du line-up, on était en droit d'espérer un produit haut de gamme.
La musique intelligente de DRUDKH, ses sonorités, ses ambiances, ne sont plus ici aussi puissamment exprimées. Même si cela sonne foutrement "Handful Of Stars", on reste sur notre faim à plusieurs titres :

- musicalement donc, on retrouve des titres instru (deux) dans la lignée de ce que Roman a su nous proposer ces derniers temps. Rythmique simple, aérée, frappe de batterie quasi minimaliste sur laquelle se posent des guitares aériennes. A ce niveau, on est parfois proche, très proche, d'un son popisant me faisant penser à du PLACEBO ("Star Catcher" dont le riff principal est un copier/presque coller d'un tube du groupe, tout comme certains moments de "Burnt Letters"). C'est gentillet, rarement enlevé et on reste sur un sentiment d'inachevé quand la vitesse d'exécution augmente. On sent les relents slaves se pointer mais ne pas oser franchir le pas. C'est à ce titre flagrant sur "November Nights Insommnia" qui, dans sa seconde moitié, voit apparaître une fréquence de frappe à la batterie proche d'un Black dont on attend désespérément la voix... Rebelote avec "Cold Spring".
- car l'autre frustration c'est bien au niveau de notre Neige national, qui ne chante qu'en voix claire qu'elle se trouve. Une voix qui minaude, suave qui peut, avec le temps, rapidement lorgner avec le "vide", "sans âme". "Un joli p'tit brin" de voix diront les plus méchants, mais loin de ce qu'il a su nous montrer dans ALCEST ces derniers temps. J'ai même entendu les termes de "ridicule" dans la bouche de fans des groupes... Le parti-pris est beaucoup trop simpliste et onirique pour nous surprendre.

Les atmosphères stériles et sans originalité aucune prennent le dessus au fil des écoutes. D'un plaisir tout relatif, on se retrouve à de l'easy listening que les fans de DRUDKH et d'ALCEST réunis ne pourront que reconnaître : c'est contemplatif et monotone, même si on voyage parfois avec plaisir sur certaines tracks.
C'est indéniable ici, les talents transpirent mais la mayonnaise ne prend pas.

Voilà en tout cas une collaboration quasiment tuée dans l’œuf. Avec une feuille de match aussi bandante, on se retrouve avec un "Tales Of Wanderings" des plus anodins, aussi féroce qu'un chaton qui vient de naître. Cette montagne qui accouche d'une souris est une déception même si la qualité globale de la production et le soin certain ne sauraient en rien cacher le côté "bâclé" des titres en termes de magie et de création pure.
Annoncé à grand renfort de rêves, OLD SILVER KEY ne s'est pas donné les moyens de nous gâter avec un de ces albums marquants qu'il était absolument capable d'enfanter... A bon entendeur.

Note réelle : 2,5/5.