Ah, ICS Vortex... Vous connaissez ? Simen Hestnæs ? Non ? Voix claire et basse dans DIMMU, BORKNAGAR et le dernier album d'ARCTURUS ? Ah… ça vous revient maintenant. On ne parle pas d'un parvenu ici, le môssieur a mangé ses croûtes, hein !

Qui ne se souvient pas de sa performance sur les albums "Archaic Course" de BORKNAGAR, "Puritanical Euphoric Misanthropia" et mon album préféré, "Spiritual Black Dimension" de DIMMU ? Ceux qui ne les ont pas écoutés, certes, mais il n'est jamais trop tard pour remonter le temps en art... Et ce type, ce Vortex norvégien, il en a. Quand il se met à hurler à la Lune comme un loup avec ses cordes cristallines, on a des frissons. Il peut atteindre des sommets de grandeur quand il s'y met, bien qu'on ait l'impression qu'il force comme un diable et qu'il va se péter la jugulaire après s'être égosillé.

Et je pose maintenant la question à ceux et celles qui le connaissent assez bien pour le juger : à part son timbre, quel élément a fait son plus grand succès, vocalement parlant ? Attention, ma réponse est ironique : sa présence sporadique sur les albums sur lesquels il officiait en tant que chanteur secondaire. J'avoue qu'"Archaic Course", où il tenait le devant de la scène, est l'exception à la règle ("Sideshows Symphonies" en deuxième place), mais pour le reste, Vortex a toujours davantage brillé en tant que second violon d'après moi. Rarement désaccordé, toujours puissant et agréable à entendre, comme une bouée, un phare sortant de la tempête. Ses interventions sont mémorables.

Sachant cela, à quoi doit-on s'attendre de son premier album solo ? Oui, de l'entendre du début à la fin. Et laissez-moi clarifier une chose tout de suite : on a hâte qu'il se taise à la fin. Non seulement son timbre peut-il soûler le commun des mortels, mais dans mon cas, il peut m'assommer carrément s'il est mal utilisé. Ce qui est le cas ici.

Ce qui sous-tend une musique mal choisie dans laquelle il se perd et nous énerve. Une musique à mi-chemin entre un Metal Prog pas très recherché et un Rock festif permettant à Simen de lâcher des "wouhou !" de temps en temps, travestissant ses origines épiques et pompeuses, baissant sa garde et ses pantalons pour se faire défoncer par la facilité et le easy listening. *Soupir*. Ce fut ma première impression. Et ça l'est encore, bien que j'aie apprivoisé quelques petites bêtes pas trop méchantes sur ce "Stormseeker". J'ai nommé "Odin's Tree", une des seules à montrer des germes de Metal épique, "Dogsmacked" et son riff funny et lourd à la fois, "Aces", qui est assez sympa mais sans plus, "When Shuffled Off" et son refrain aérien (le meilleur du disque) et la pièce-titre, plutôt élaborée avec son intro rêveuse et son caractère « soft prog » qui n'est pas sans rappeler les 70's. Les autres morceaux sont aisément dispensables et ne passionneront pas longtemps ceux qui accrocheront dessus.

Donc, l'impression soutenue au sortir de ce "Stormseeker" est un album troué, duquel la sève s'écoule en ne laissant que l'essentiel, sans gâteries. Une telle performance sur un premier album venant d'une chanteuse comme Sarah Jezebel Deva, j'étais prêt à pardonner, mais venant de Simen, j'ai plus de misère à l'avaler. On dirait que les carrières solo de membres d'anciens groupes vedettes sont difficiles à faire lever depuis plusieurs années… Simple coïncidence bien sûr, car tout le monde joue avec les mêmes cartes ; suffit juste de savoir les abattre de la bonne façon. Vortex, avec cet album faiblard, du sous-BORKNAGAR (bien que le célèbre groupe batte de l'aile aussi…), ne m'impressionne pas. Il me fait même douter de la suite de sa carrière… Peut-être son second album sera-t-il meilleur, mais l'option second violon est aussi excellente pour cet éternel « sidekick ». Parfois, il faut savoir trouver sa place sur cette Terre et abdiquer devant notre cruel destin.

"Stormseeker" s'adresse aux fans de Simen en premier lieu. Les néophytes trouveront sans doute cette voix particulière, mais ils devront se dire que les belles années vocales de notre ami Vortex semblent derrière lui. On l'a connu plus mélodique, inspiré. On l'a déjà entendu sur une musique plus pêchue et planante aussi. Et dire que ces compos sont jouée par des poids lourds… Non mais, regardez-moi ce line-up ! Vortex s'est notamment payé le luxe de traîner son vieux pote Jens Ryland (BORKNAGAR) en studio !

C'est ce dérangeant mélange de déceptions qui me force à noter sévèrement cette bifurcation en forme d'album dans la carrière de Simen, toujours l'un des chanteurs qui me fascinent le plus. C'est cette tempête qui ne passe pas et qui fera sombrer mon bateau qui me pousse à ranger cet album avec le sentiment que plus jamais je ne l'écouterai.