Pas facile le monde de la musique. Elle suit les époques et chacune a ses icônes, ses leaders, ceux et celles qui s'inscriront sur la ligne du temps, question de mieux synthétiser, résumer grossièrement pour les lâches comment tel pan de l'histoire aura marqué les esprits. Et cette vérité puante au nez des puristes est vraie dans tous les styles. Metal comme pop. Cette méthode mise de l'avant par les radios et postes de télé « spécialisés en musique de tous genres » (i.e. pop, rock, rap et r'nb) guide encore faussement les auditeurs et téléspectateurs. Exemple : en incluant LED ZEP' et VAN HALEN dans les décomptes des meilleurs groupes de Metal de tous les temps. Insulte suprême pour les connaisseurs comme nous. Tous les pontes de notre musique chérie se retournent dans leur tombe quand ils entendent IRON MAIDEN et METALLICA nommés comme seuls représentants de notre style préféré, comme si à part ces deux mastodontes poussés par de grosses machines médiatiques, le Metal était réduit à de la bouillie pour chat. C'est cette frustration récurrente que les fans et artistes doivent encaisser depuis longtemps, de quoi nous donner envie de nous acheter tous et toutes un lance-flamme afin de carboniser le monde entier. Mais nous devons nous calmer et nous concentrer sur nos porte-étendards, que nous seuls connaissons, car pour cela, il ne faut pas compter sur la plèbe, qui elle, est au courant du nombre de dépressions de Britney Spears, mais pas des suiveurs d'IMMORTAL, ce groupe-phare d'une importance similaire en Black qu'ELTON JOHN en Rock-pop.

Mais oui, mes amis, il faut suivre l'actualité, ingrédient essentiel de l'évolution, car il est faux de croire que la bande à Abbath a tout inventé en Black nordique. Faux, car son influence continue de proliférer et ne stagne pas, au même titre que les puces de lit et la joie de vivre, ce qui, vous en conviendrez, n'est pas à dénigrer. Ceci conclut ma partie « canardienne » de la chronique, car vous savez de quoi en il en retourne avec BYFROST si vous suivez un tant soit peu l'actu, sur le web ou sur NiME (plus facile, hein ?). BYFROST, comme son nom l'indique, est un produit du froid, comme IMMORTAL et consorts, et il le pompe sans gêne.

Sauf que sur "Of Death", contrairement à "Black Earth", la formule s'améliore et progresse vers un style plus personnel. Certes, les Norvégiens ne réinventent pas le bouton à quatre trous, leur Black est un smoothie d'IMMORTAL, d'ENSLAVED (la dernière pièce, "All Gods Are Gone", montre des signes encourageants de profondeur musicale), et de Thrash à tendance punk (hein ?), dans le sens que le trio n'hésite pas à ranger temporairement sa hache de guerre ensanglantée pour empoigner la mitraillette pour infliger d'intemporelles salves aux témoins médusés devant autant de prises de risques et de toupet. Oui, BYFROST ose, mais uniquement pour une raison : il se cherche. Tiraillé qu'il demeure entre un hommage boosté à ses héros de jeunesse et son propre discours actualisé, celui qu'il rédige en tentant le mieux possible de ne pas chier du déjà-vu. Je vous l'ai dit : pas facile le monde de la musique !

BYFROST va réussir, c'est indéniable. Non pas parce que ses inspirations seront toujours célèbres, mais parce qu'il ressuscite sans prétention un genre perdu au détour des années 2000 : le Black nordique old school. Pas de samples, de synthés, de flafla ou de flash, "Of Death" est axé sur des riffs directs et des refrains catchy. Des constructions simples et directes, mais denses, musclées, qui, dans leur magnanimité, se transforment en géantes et écrasent nos tympans. Ce que vous devez attendre de ce groupe, mes chers amis, est ni plus ni moins qu'une musique facile, ronde, un brin répétitive, comptant un minimum syndical de soli, froide et sans âme. Dans le bon sens du terme. Si, ça existe.

Car BYFROST ne se casse pas la tête : il fonce et scalpe les têtes en l'air. L'apex de sa liberté se retrouve sur "Full Force Rage", un morceau lacérant la chair comme un laser, ne bousculant rien, mais démontrant de quoi la formation est capable. Ce titre est votre point de départ pour la découverte et votre pause santé se retrouve en septième place, "Sorgh", dont je ne dévoilerai aucun indice quant au contenu… infect. "Full Force Rage", à l'instar des six autres tirs de carabine alliant Thrash et Black à merveille, prouve encore une fois qu'on peut se déguiser en panda et riffer comme un Américain de l'ouest. C'est ça la complexité de la musique, ses effets, ses troubles, ses doutes et ses abysses.

Le visage de BYFROST n'est pas encore détaillé à 100%. Il manque des traits essentiels que même le groupe ne connaît pas déjà. Une coche au-dessus de "Black Earth", "Of Death" récolte 0,5 de plus pour sa consistance et ses joyaux plus que prometteurs. "Tiens, prometteur"… Je terminais ma chronique du premier album en écrivant ce terme… Signe que la vie est bien faite et bonne pour les Norvégiens ! On continue de gravir la montagne, les gars !

Top : "Buried Alive" (très IMMORTAL) ex-aequo avec "Shadow Of Fear", "Full Force Rage" (très Thrash) et "All Gods Are Gone" (très « futur BYFROST » inspiré d'ENSLAVED).


Note : 3,5/5.