Vous vous souvenez de Mister FREEZE, le glaçon friandise ? C’était une espèce de glace au sirop dans un tube plastique qu’on suçotait comme des cons, en s’en foutant partout sur les doigts (*). Ça collait, ça puait le bonbon chimique, mais j’adorais ça. Gamin, ces petites choses glacées faisaient partie de mon paysage estival. Ma mère les agitait comme des récompenses ultimes, mais gaffe fallait être sage. Du coup, je me tenais à carreau au moins jusqu’à 16h30. Trop cool, les Mister FREEZE. Même la pub était cool avec le jingle étouétou : « Mister FREEZE le glaçon friandise, Mister Freeze ». Ça fait un peu « cheap » comme « récompense » de nos jours. Actuellement, les mioches, faut plutôt leur filer des Nintendo DS sinon ils vous saccagent l’appartement, c’est comme ça. Enfin bref, toussa pour dire qu’en fait les Mister FREEZE, c’est nul. Fondamentalement. Une bête glace à l’eau aromatisé qui pèse pas grand chose face à un MARS glacé ou un bon gros MAGNUM par exemple. Je parle même pas d’HAGGEN DAZS ou de BEN & JERRYS qui lui savatent la gueule à Mister FREEZE, sans déconner.

Finalement, le bon souvenir que j’en ai tient davantage à la nostalgie sous-jacente de cette époque où l’été était interminable, avec des tas d’après midi à perte de vue pour faire le couillon avec les copains du quartier. Mister FREEZE faisait partie du « package », mais pris en tant qu’objet alimentaire, y'avait pas de quoi faire le gentil pendant deux heures.

Bien souvent, ce que représentent les choses ont plus d’importance que leur valeur intrinsèque.

Au moment où j’écris ces lignes, BOWLING FOR SOUP est le Mister FREEZE de toute une génération de teenagers ricains qui écoutent ce "Fishin’ For Woos" en allant à la plage, sur la route de leur premier Springbreak ; un album qui sent bon le chlore de piscine, l’huile de bronzage, les barbecues et les gonzesses en soutifs dont on essaie de deviner la forme des nichons (oui, non seulement je fais des transitions qui tuent mais j’ambitionne de devenir un grand écrivain post-moderne).

BOWLING FOR SOUP (BFS) est un de ces groupes qui cartonne gentiment dans la Grande Amérique chaude et moite, la salope. A ranger pas loin de FENIX TX que vous ne connaissez pas (normal) ou SUM 41 que vous connaissez par contre (non, ne partez pas !). J’aurais bien parlé d’ambiances propres au So Cal Punk concernant BFS sauf qu’ils sont texans, mais vous saisissez l’idée : du Punk qui Pop, qui Rock un brin. C’est gentil, léger, frais, fun et profond comme un Coca Light. Sans prétention aucune, juste là pour déconner, passer un bon moment en tongs et torse nu. Le groupe donne l’impression de s’accrocher au moindre refrain, au moindre bout de riff pour faire un truc énergique et basta. Toujours à moitié raté (faute d’inspiration) mais toujours diablement sympathique (vu la démarche). Toute l’ambivalence de ces groupes dont on sous-estime la valeur faute de « sériosité ». Évidemment.

Reste qu’on passe un bon moment (à condition de pas être allergique au style) et c’est bien là l’essentiel, non ? Vous vous demandiez quel album emmener pour tailler la route cet été avec vos potes. Bah voilà. Non, ne me remerciez pas.

Comme certains me le rétorqueront assez justement : passer un bon moment n’est pas une raison suffisante pour vous infliger la lecture de ce papier aussi goutu qu’un Mister FREEZE. Aussi je conclurais sur les deux vraies raisons qui m’ont amené à vous en toucher deux mots :

1) Dans l’esprit, tant le So Cal Punk que ce genre de friandise Pop-Punk à la BFS ne sont pas si éloignés « philosophiquement » de ce que pouvait mettre en scène un certain David Lee Roth dans les années 80 avec son Hard Rock sucré, sentant bon le Sea, Sex and Sun propre à la Côte Ouest. Cette énergie et ce fun font la jonction entre les deux mondes.

2) Écouter un BFS de temps en temps permet aussi de mesurer un peu mieux le talent d’un NOFX ou d’un BAD RELIGION. Car aussi sympa et gentillet que peut l’être un BFS, aucun titre n’a 1/10ième de la force de composition des groupes précités. D’où l’enseignement en filigrane suivant : il faut un véritable talent de composition pour arriver à tout défoncer (façon NOFX) en moins de deux minutes, avec juste un riff et du tempo. Précisément ce point où BFS n’est juste que « sympa » et où BAD RELIGION en fait un art à part entière.


Au final, il reste de ce "Fishin'"… pas grand-chose. Les titres s’enchaînent, quelques refrains par ci par là et pas la moindre idée mais c’est pas grave. Cela fait déjà 10 albums qu’on savait de quoi il en retourne pour BFS. Pas la peine de sortir non plus le piloris pour un groupe qui n’a jamais prétendu à quoi que ce soit. On a droit quand même à deux chouettes ballades et quelques titres qui déménagent, on va pas se plaindre non plus de passer un bon moment quand bien même il ne s’agit que d’un Mister FREEZE ou une énième rediff’ de l’été du « Gendarme de St Tropez », pas vrai ?


Note : 2/5.


Morceaux préférés : "Turbulence", "Graduation Trip".


(*)http://www.ina.fr/pub/alimentation-boisson/video/PUB3372527023/mr-freeze-le-glacon-friandise.fr.html et http://www.ina.fr/pub/alimentation-boisson/video/PUB3784058086/mr-freeze-batonnet-de-glace-a-l-eau.fr.html