A mon avis, la petite fille sur la pochette, je sais pas trop ce qu’elle a fait, mais elle va passer un sale quart d’heure. Dans l’absolu, je me demande bien quelle connerie a pu faire cette gamine au point de mériter un coup de couteau, une balle et une piqure dans le cul (dans le désordre). M’est avis qu’elle l’a pas volé. Ça fait son air innocent avec des yeux implorants, l’ours en peluche en otage… Moi je dis : fallait réfléchir avant de faire une connerie, petite peste !

A moins qu’il s’agisse d’une métaphore…

Le flingue, le couteau et la piqure sont en fait des symboles qui pèsent sur la petite fille qui représente l’enfance dans toute sa pureté naïve et immaculée conception. Trois « dangers » qui guettent l’insouciante jeunesse : 1) la drogue (la piqure), 2) la violence (le couteau) et 3) la vente libre des armes à feu (le flingue). D’où cette « tronche du désespoir ».

Mouais. Pourquoi pas.

Alors Mat MAURER (le chanteur) (j’ai cherché son nom sur Metal Archives) hurle sur "Infantry Corps" : « WHO IS RESPONSIBLE ». Et à la même époque, Patrick Benguigui Bruel de l’autre côté du monde était indigné aussi et il lui répondait avec son piano dégoulinant :

Qui a le droit de faire ça
A un enfant qui croit vraiment
C'que disent les grands

(Sont de mieux en mieux mes chroniques, faut que je pense à prendre quelques vacances comme POSSOPO moi)

Donc je ne sais pas trop ce qu’a branlé cette petite pisseuse, mais ce que je sais c’est que quand MORTAL SIN abandonne les démons qui piétinent des villes pour faire dans l’image et le message sociétal, bah leur Thrash s’en ressent. De la fraîcheur médiocre, de cette douce nullité dite « TANKARDienne », on est passé à quelque chose de plus conventionnel. J’en suis moyennement réjoui.

On passe sa vie à dire merci,
Merci à qui, à quoi ?
A faire la pluie et le beau temps
Pour des enfants à qui l'on ment.

"Face of Despair » est donc plus classique, du Thrash d’honnête facture. Plus soigné, plus « propre » et plus posé. Plus mieux quoi. Le rendu global lorgne désormais vers le TESTAMENT des années 80, ce qui n’est pas si mal arrêtez de soupirer. L’exquise originalité du premier effort qui ravissait les couillons comme moi a laissé la place à un album fortement « metalliquesque » et je dois avouer que ça m’excite un peu moins leur affaire, tant il est vrai qu’il s’agit d’une recette qu’on connaît trop bien (par cœur, en ce qui me concerne). L’album s’écoute sans déplaisir, mais sans grand intérêt non plus.

J’exagère un brin : MORTAL SIN a fait de gros efforts qui se sont avérés payants quelque part. Rien que cette intro "I Am Immortal" enchainé sur la terrible "Voyage of the Disturbed" justifient à elles seules l’achat de cette galette pour tout amateur de Thrash à poil dur. Tout à fait le genre de titres qui met tout le monde d’accord (ou presque). Les bons codes, dans le bon sens, du boulot pour un résultat correct. Sauf qu’on va pas s’en relever la nuit. La faute à un manque de percutant et quelques longueurs dramatiques. Et surtout un dernier tiers d’album qui se traîne. MORTAL SIN rame pour conclure, il franchit la ligne d’arrivée épuisé, laborieux, laissant derrière lui un gout amer. Et (pire encore) un auditeur passablement saoulé.

Oui mais, l' soleil il brille ou bien il brûle.
Tu meurs de soif ou bien tu bois des bulles.

Tout le paradoxe de cet album : meilleur que le précédent, satisfaisant, méritant etc. Sauf qu’au final on n’a pas trop envie de l’écouter. On (je) préfère le premier dont la turbulence et les imperfections étaient touchantes. Preuve s’il en est que, même dans le Thrash, le moindre manque d’inspiration se paie au prix fort. Et que sans la fraîcheur, la puissance n’est rien. C’est pas une pub pour des pneus, ça ?


Note : 3,5/5 (mais vous avez compris hein, vous savez ce qu’il en est pas vrai).


Morceau préféré : "Voyage Of The Disturbed".