Il est toujours de bon goût qu'un jeune groupe gravisse les échelons et ne meure pas dans l'œuf. Je suis heureux d'ajouter SOLAR FRAGMENT à cette longue liste, mais merde que j'avais peur après avoir meurtri mes esgourdes sur sa production initiale. J'ai bien fait de ne pas jeter l'éponge, car le pas entre les balbutiements et les premières phrases cohérentes est franchi !

Le groupe débute son deuxième album en faisant un clin d'œil à son premier, "A Spark Of Deity", en le mentionnant dans le refrain du morceau-titre et dans celui de la dernière piste, sorte de pont entre deux albums à la qualité différente. Une passation des pouvoirs en somme, car si "A Spark Of Deity" ne levait pas haut, débuts timides obligent, les Allemands ont pesé sur l'accélérateur et ont fait la paix avec leur « passé ». Un peu comme SONS OF SEASONS cette année ; même scénario de départ – un premier skeud très moyen – et même résultat (ou presque) pour le second : un disque respectable.

Là où l'effort de 2007 manquait de punch, de moments vraiment marquants, "In Our Hands" et sa trame navale, épique, funny, nous sort de la torpeur. Des morceaux ni trop explosifs ni trop plats, bourrés de petits passages agréables, de chœurs grandioses, de riffs chauffés à blanc et un chanteur moins emmerdant qu'il y a quatre ans. De simple chiot, SOLAR FRAGMENT marche maintenant dans le sillage de BLIND GUARDIAN, son compatriote, mais attention, il y a loin de la coupe aux lèvres, ne virez pas fou… Je dis ça, je dis rien, mais Robert Léger commence à avoir des intonations d'Hansi Kürsch, et que dire des chœurs ? Écoutez "Inside The Circle" et vous verrez que bibi a les tympans bien aiguisés et que l'inspiration est forte ; Kürsch lui-même chante avec la formation ! Là s'arrête la comparaison toutefois, mais c'est déjà pas mal, les Allemands drainent énormément d'enthousiasme en claquant des doigts. Pour un deuxième uppercut à la face du monde, c'est super.

Les compos sont encore un peu simplistes, pour du Power mélodique, mais on remarquera une solide recherche au niveau des ambiances, que ce soit dans les intros, les bridges, les refrains ou les soli, SOLAR FRAGMENT a pris son temps pour gagner de la maturité et ça lui rapporte. Le titre se prête à leur quête : ils ont leur avenir entre leurs mains et savent lui faire honneur avec des pièces comme "In Our Hands", "Inside The Circle" (évidemment, avec ce duo de voix !), la balade encore une fois très BLING GUARDIANesque "Race The Seas", "Come Hell Or High Water" (des airs de RUNNING WILD là-dessus), l'entraînante "Moana's Return" et son refrain sorti d'un conte ou d'un opéra folk, la très rockée "The March Of The Golems" et la finale épique rappelant la puissance du morceau-titre, bouclant une boucle presque dorée. Voilà l'essentiel de cet album, c'est bien foutu et efficace.

Je rappelle que SOLAR FRAGMENT n'est pas un groupe impressionnant, il épate simplement avec cette remontée vers la lumière. Il fait partie du peloton du milieu et tente encore de s'en détacher. Il est certain qu'avec des sorties comme "In Our Hands", les Allemands s'approcheront davantage de BLIND GUARDIAN, leur maître spirituel, mais il leur faudra encore plus de pêche, de muscle, car ils ne seront pas capables de lever toutes les boîtes lors de leur léger « déménagement ». De là l'expression « peut mieux déménager ».

L'important est que la note soit supérieure, que l'escalier monte. Grâce à "In Our Hands", SOLAR FRAGMENT a droit de passage sans arrière-pensée de la part du portier. Une bonne dose de sourires lui est adressée.