CJSS, suite et fin. Ou tout du moins fin du premier chapitre. Le groupe de David T. Chastain aura en effet fait long feu malgré deux excellents premiers albums. La rude concurrence qui régnait à l'époque dans le microcosme du Hard Rock et du Heavy Metal était telle que beaucoup de formations ont explosé en plein vol, victimes des ambitions de leurs membres ou du manque de succès rencontré par leur démarche. CJSS en a fait partie, amenant le guitariste à congédier ses coéquipiers pour se lancer dans une carrière solo par le biais de son propre groupe, CHASTAIN, qui rencontrera plus de succès.

Sorti quelques mois à peine après "World Gone Mad", "Praise The Loud" est donc le deuxième album studio de CJSS. D'un skeud à l'autre, rien n'a changé, ce qui est logique sur une période aussi courte. On retrouve donc la même direction artistique, le même son, la même production, les mêmes structures au niveau des compositions. En fait, les deux albums se ressemblent tellement qu'ils auraient presque pu en former un seul. Les producteurs qui ont réédité tout ça en 2006 ne s'y sont pas trompés, puisqu'ils ont choisi de faire tenir l'ensemble des deux skeuds sur une seule et même galette ("2-4-1", avec un excellent remastering, je vous le recommande chaudement).

Introduit par un "Out Of Control" bien vindicatif, "Praise The Loud" ne lasse la place à aucune concession jusqu'au dernier titre. J'ai même tendance à penser que cet album est plus bourrin que le précédent, mais avec les mêmes ingrédients : la voix androgyne au ton provocateur de Russel Jenkins, l'omniprésence tonitruante de la guitare Chastain, la session rythmique bien burnée de Sharp et Skimmerhorn. Les quatre premières pistes vont droit au but, à grands renforts de double pédale : c'est très heavy, très rapide, mais malgré tout très rugueux et très, comment dire… glameux. Mais le genre de Glam avec le maquillage qui coule et les poils sous le porte-jarretelle, assez proche du son du "Girls, Girls, Girls" de MÖTLEY CRÜE ou du "You Can't Stop Rock'N'Roll" de TWISTED SISTER, avec, j'insiste, une grosse parenté avec VINNIE VINCENT INVASION, en plus bourrin et plus crado.

La seconde partie de l'album est plus travaillée. J'ai une préférence toute particulière pour le mid-tempo "Citizen Of Hell", avec son riff de légende, c'est probablement l'un de mes titres préférés de CJSS. Il m'évoque d'ailleurs pas mal le "Dehumanizer" de BLACK SABBATH, à l'instar de certains titres de "World Gone Mad". On enchaîne avec "Danger", plus Hard FM, puis "Metal Forever", qui lorgne plus du côté du Heavy Metal pur et dur. L'album prend fin avec un titre instrumental, "Thunder And Lightning", véritable exercice de débauche technique – un peu caricatural - de la part de Chastain, et un long épilogue de sept minutes, "The Bargain", probablement l'un des titres les plus intéressants du groupe avec sa montée en puissance progressive et sa section rythmique haletante. Un titre qui n'est pas sans m'évoquer IRON MAIDEN sous certains aspects musicaux…

Bref, c'est toujours du CJSS, c'est toujours vachement cool et je ne m'en lasse pas. "Praise The Loud" est toutefois un cran en dessous de "World Gone Mad", qui est plus varié et propose des titres un peu plus singuliers. Ici, en dehors de "Citizen Of Hell" et "The Bargain", on ne retient aucun titre en particulier. Les autres sont sympas et se laissent écouter, c'est déjà pas si mal !

CJSS restera dans l'oubli avant une reformation en 2000 qui donnera naissance à un troisième album vraiment pas à la hauteur et se terminera vite avec une nouvelle dissolution, semble-t-il définitive. En attendant, rien ne vous empêche de vous délecter des mélodies rageuses de "World Gone Mad" et "Praise The Loud", qui restent d'excellents albums de Heavy Metal 80's au style bien particulier. Horns up, et Metal Forever comme ils disent !