Parfois, quand je regarde le chemin parcouru artistiquement par certaines nations aux lois castrantes, je ne peux que pousser un long soupir de soulagement. Prenez Israël par exemple. Auriez-vous sincèrement pu croire qu'un groupe comme ARAFEL ait pu sortir un album de Black sans verser dans l'illégalité ? Putain, Israël a même sa page dédiée au Metal ! Avec un rabbin qui fait un devil horn la gueule ouverte ! Vous irez jeter un œil, c'est quand même fort ! Un peu naïf, certes, mais cela démontre que les efforts déployés par la cinquantaine de groupes actifs pour se débarrasser du protectionnisme religieux (de merde a porté ses fruits. Une forêt d'arbres à fruits a poussé à l'ombre des explosions et le Death d'ETERNAL GRAY, le Metal oriental d'ORPHANED LAND et le Black folk d'ARAFEL en sont de splendides phénomènes.

Le Folk d'ARAFEL se traduit essentiellement par l'emploi d'un violon, manié par demoiselle Nasha. Les autres artifices proviennent d'un clavier, d'une trop rare guitare ethnique, de percussions et de quelques samples orientaux trahissant avec bonheur la provenance du combo. Mais je vous dis, ce n'est pas toujours évident de se dire que le groupe est né sous le soleil du désert tellement l'exécution et la production sont grandioses et universelles. Bon, ARAFEL joue quand même depuis 1997, alors cette maîtrise musicale n'est pas étonnante, mais poussée par un tel travail aux manettes, c'est impressionnant. Ce n'est pas une surprise si "For Battles Once Fought" attire l'attention de la plupart des webzines ces derniers mois, car son style est foutrement original et son « contenant », si j'ose dire, est facilement exportable et appréciable par la majorité des tympans. Bref, il a tout pour lui.

ARAFEL a assimilé plusieurs des ingrédients incontournables pour concocter un bon album. Oui, car lorsqu'on vient d'un pays émergent, on n'a pas vraiment inventé la roue hein ? De gros riffs assassins, une basse qui détonne, une batterie mixée à la perfection qui accélère la cadence lors des assauts ("Sword's Hymn" et "Im Feld") de cette mini armée ou qui vient en renfort lors des passages plus homériques (le court et passionnant oasis "The Last Breath Of Fire" et "Wolf's Hunt", qui pourrait se glisser aisément sur un album de Viking Metal). Quant à la voix, elle se décline en plusieurs volets distincts, qui confèrent à l'arsenal de "For Battles Once Fought" une profondeur insoupçonnée. Le chant de Helge est tantôt gras, tantôt criard et se mêle parfois à des chœurs venant sublimer une cavalcade passablement déjà épique.

Cet adjectif est possiblement ce que les Israéliens s'offrent de mieux sur ce troisième skeud. Les chœurs viennent ainsi rappeler le côté poétique de toute guerre sur "Kurgan", "1380: The Confrontation", "The Last Breath Of Fire" ou "Wolf's Hunt", alors que les soli et innombrables mesures de violon s'occupent de la guerre en tant que tel. Jamais je n'avais considéré le violon de cette manière, je ne pensais pas qu'il pouvait si bien décrire les affres de la bataille ! Je redécouvre sa mélancolie, mais surtout sa puissance et son éclectisme.

Le violon de Nasha ravit donc les inconditionnels des tableaux épiques, mais il contente aussi ceux qui arrivent à dénicher un fun noir dans toute musique ! Comment ne pas bondir l'arme au poing en écoutant les hymnes que sont "Kurgan" et "The Siege" ou la dansante et complètement folle "Death Of Archaic World", de loin la plus versatile et entraînante pièce de l'album. Les changements de tempi et les instruments divers employés seulement sur ce rideau sont impressionnants. Et que dire de ce solo du milieu, d'une aussi belle teneur que celui de "The Siege", morceau dépeignant avec aplomb le sujet de sa création. Tous aux créneaux, le siège a commencé !

La carrière d'ARAFEL ne peut qu'être parsemée de succès s'il arrive à capituler sur la réussite de ce "For Battles Once Fought". Un bon mélange de Black couillu et d'ethnicité magnifiquement assumée.

Podium à cinq places (sur une possibilité de huit, c'est géant !) : "Kurgan", "The Siege", "The Last Breath Of Fire", "Wolf's Hunt", "Death Of Archaic World". Mais l'entièreté de ce disque vaut la peine d'être entendue.