RAUBTIER pète encore la baraque ! Peut-être qu’il pète toujours la même, mais au moins, on en est sûr, il ne reste plus une miette.

Aujourd’hui, les dobermans (dobermen ?) suédois sont encore sur les starting blocs à faire frétiller les guitares rythmiques pour défoncer les murs. RAUBTIER est un vrai prédateur (c’est à priori la traduction en Suédois), et un RAMMSTEIN diminué a aujourd’hui du souci à se faire devant les trois scandinaves au look de tortionnaires de pom-pom girl. Une virilité toujours si incoercible qu’elle en devient flippante, démesurée. Pourtant, quelque part RAUBTIER se garde d’être totalement anti-pop, mais cache toutes ses déviances "commerciales" derrière ses teintes sombres, voire complètement noires, et une colère spontanée que je n’ai que trop peu entendue dans un genre qui a tendance à se "robotiser" plus qu’à s’humaniser – le génie de RAMMSTEIN ayant été d’avoir excellé dans les deux registres.

Oui, RAUBTIER est impressionnant. Peut-être encore plus que sur "Det Finns Bara Krig", qui avait déjà des grands moments cathartiques, car il a su enfin instaurer un sens du danger, un malaise ambiant mené à terme par un Pär Hulkoff qui arrive à nous faire passer son chant faux pour une voix agressive à la dissonance qui a du charme, et une émotivité contenue (le touchant "Ingenting är glömt").

Aujourd’hui, l’heure est à un clavecin de fond un peu redondant, et, plus étonnant, aux arrangements orchestraux menant RAUBTIER sur un terrain dangereux, mais qui finalise l’ambition de titres comme "Det Finns Bara Krig" en les propulsant à un nouveau niveau, en même temps dans un aspect épique, en même temps pour servir au mieux une violence viscérale. Voyez "En Hjältes Väg" et "Hulkovious Rex" pour avoir confirmation de mes dires.

D’autres nous resservent le RAUBTIER qui beugle ses refrains comme un saoul dangereux à minuit quinze, un samedi soir, avec une grosse hache en main. Comme, "Lebensgefahr". Ou ce "Skriet Från Vildmarken" où on ressent finalement cette même ombre inquiétante et fascinante au-dessus de la tête, comme dans le géniallissime "Spiel mit mir". La comparaison s’arrête là, comme RAUBTIER préfère bourriner en grande pompe, refrain épique à l’appui, solo de guitare affolé, alors que RAMMSTEIN prêchait un minimalisme robotique. Le summum de la rage au rythme lent et "poum-tchak, poum-tchak"-isant, martiale à souhait, pure, se trouve dans "Världsherravälde". A écouter impérativement pour découvrir le groupe.
Peut-être les Suédois perdent-ils dans l’effet "coup de poing" des "Kamphund" ou "Terror" du premier album, leurs équivalents font pâles figures dans "Skriet Från Vildmarken", on devra se contenter d’un "Armageddon" brouillon, ou le plus convaincant mais déjà régressif "Mordbrandsrök" (le plus Electro, mais aussi ‘pop’ de l’album, pas déplaisant pour autant, par ailleurs).


"Skriet Från Vildmarken", un album attachant, pourtant encore déséquilibré, parfois trop basé ‘refrain’. Bref, la substance de RAUBTIER tient trop sur son flow rythmique et son charisme absolu, il repose énormément sur son chanteur et sur une ambiance vertigineuse, tempérée soigneusement entre les grosses machines et le cor de chasse. Reste donc à se tailler une personnalité dans l’écriture mélodique (ou amélodique d’ailleurs), et à nous virer de la tête nos derniers rapprochements avec "Mutter" ou "Sehnsucht" de vous-savez-qui, et le compte sera plus que bon !