Les groupes de Death Technique ne courent pas les rues. Je n'en connais que deux dignes de mention : AUGURY et NEURAXIS, son aîné. De sorte que le sommet n'est pas trop difficile à atteindre dans cette course à deux. Enfin, si je compare les derniers albums des deux groupes, ils étaient de qualité semblable, AUGURY étant un brin plus technique et NEURAXIS, plus abordable et mélodieux.

Avec "Asylon", les Québécois demeurent assez grand public et délaissent même un peu de technicité. Curieux comme ils se rapprochent du CANNIBAL CORPSE nouveau. Et CC n'est pas étiqueté « technique » malgré des breaks et riffs étourdissants, alors je me demande bien où tracer la ligne entre le Death et son grand frère hyperactif. Là est une de mes grandes préoccupations avec ce NEURAXIS 2011, un album qui tourne pourtant bien le fer dans la plaie. Je n'arrive pas à m'y faire, surtout à le croire, mais NEURAXIS joue désormais du Death mélodique faiblement technique, une musique ondoyante certes, mais qui ne fait pas le poids avec les représentants du genre. Il groove plus qu'il ne renverse par ses compositions un brin alambiquées.

Ceci étant dit, cela ne le confine pas aux oubliettes, car en frais de Death, NEURAXIS assure vachement. Si "The Thin Line Between" était lumineux et « progressif » sur les bords, "Asylon" est noir comme la suie et bourrine comme un gros porc dans sa soue. La pochette laisse croire le pire et mes compatriotes n'ont pas trompé l'auditeur : on a droit à la cellule d'isolement, la torture mentale et le toutim. Les rasoirs de NEURAXIS coupent suffisamment pour rendre dingue tout fan de Death suédois, la voix du Death Brutal et les germes d'un Death Technique en prime. Tout un cocktail. La voix d'Alex Leblanc est particulièrement marquante et me fait penser à celle de Paul Kelland, d'ULCERATE. Le jeu d'Olivier Leblanc, petit nouveau derrière les fûts, est aussi pas mal éclectique.

Si les mélodies et les coups de crosse saccadés des meilleures pièces de l'album – "Asylum", "By The Flesh", "Trauma", "Left To Devour" – font piocher la tête aisément, c'est du côté de l'ambiance que les Québécois surprennent le plus. "Asylon" est littéralement suffocant à travers le feu peu nourri de quelques flèches de lumières solitaires, très réfractaire. Il n'est pourtant pas si méchant et difficile d'approche… En apparence !

Mais attendez-vous à une entrée difficile dans cet asile, car oui, quelques pièces se détachent du lot, dont la monstrueuse "Left To Devour", mais "Asylon" frustre. Il passe rapidement, comme une blatte entre nos jambes, et on doit être très attentif. Ce qui en rebutera quelques-uns, qui préfèrent les morceaux plus rentre-dedans qui vous harponnent les conduits en moins de deux. NEURAXIS ne pourra être taxé de rudimentaire dans sa façon d'agresser, même si c'est le sentiment général que vous risquez d'avoir après avoir ingéré des dizaines de pelletées de cet "Asylon".

Pas décevant, mais pas hallucinant non plus. NEURAXIS n'offre pas une resucée de "The Thin Line Between", ça non, mais il n'attire pas nécessairement autant l'attention. Je leur lève tout de même mon chapeau pour le respect du « synopsis », l'artwork et tout ce qui l'entoure, musicalement ou non, est une réussite.