Il n'y a guère Metal plus personnel que le Black atmosphérique. Souvent interprété par un seul individu, comme c'est le cas avec le one-man band suédois LUSTRE, il exprime les émotions cachées ressenties par un quidam, dont les tripes et les cellules grises réagissent à la vue d'un spectacle grandiose : la nature. Le résultat de ces observations se manifeste généralement par un éventail de tableaux épiques reconnaissables, de couleurs et de phénomènes connus.

La musique de LUSTRE est lente, tel cet environnement qui se meut à pas de tortue, ces branches tanguant sous les caresses du vent, ces animaux marchant tranquillement sous le couvert forestier, ces lueurs célestes inondant les plaines, vallées et montagnes de notre belle planète louée à l'univers. Elle est lente et, vous vous en doutez bien, répétitive et subjective. Traduction : trois longs morceaux qui tournent en rond et dépeignent la façon dont Nachtzeit perçoit les beautés de notre Terre. Je vous avertis, le gus est un romantique, car il ne déplace par trop l'air qu'il respire à pleines narines lorsqu'il va admirer ses sources d'inspiration…

Au programme, des paysages majestueux à perte de vue, le faisceau laiteux de la Lune et une ode somnolente aux arbres. Ajoutez-y des bruissements de feuille, des croassements, des hurlements, des chants d'oiseaux, des clapotis… Non, ce n'est pas une émission pour les enfants, c'est un album de « Black » atmo conventionnel dont le seul et unique but est de donner une voix lustrée à notre cher arrière-pays. Et malgré la complexité des intentions et la largeur de la palette du Suédois, l'album est d'une simplicité non pas désarmante mais très chiante. La principale source de cet ennui ? Les rabâchages de plans mollassons, de clavier ou de guitare, qui étirent détestablement l'impressionnisme de Nachtzeit.

De sorte qu'à un moment donné, après avoir marché sur les pentes escarpées de son imaginaire, on en vient à tomber dans la catégorie « disque de relaxation », ce qui nous éloigne évidemment de la catégorie Black Metal… Eh bien, c'est un risque à prendre si on veut pleinement apprécier ce genre de musique. Prenez par exemple la deuxième partie de "This Mighty Sight" et ses sonorités à la limite du xylophone, ou "Lunar Light", et son long préambule ambiancé qui mène vers une batterie électro et de sirupeux, mais attention, de sirupeux claviers sans paroles ! Personne ne me fera gober que cela est du Metal. Pourtant, la noirceur de l'âme de Nachtzeit nous y pousse et tranche le débat.

Mais bon… Quand on se tape l'anesthésique "Amongst The Trees", on doute encore plus. Et on en vient à la conclusion que LUSTRE est monotone et pratiquement à 100% mauvais durant 40 minutes. Seule "This Mighty Sight" est vraiment metal et nous « surprend »… Simplette, redondante, cette musique aurait pu être composée par mon grand-père décédé, c'est vous dire le niveau de difficulté…

Passez votre chemin… Mais regardez tout de même le paysage, c'est joli !