Une clairière perdue au milieu des montagnes, baignée par la lueur de la pleine lune, honorée par la litanie d’une meute de loups, veillée par les étoiles enlacées d’une aurore boréale. Telle est la vision émanant de la cinquième offrande de LUSTRE, "A Glimpse of Glory", qui charmera probablement tout amoureux de la nature.

Ces trois pièces sont supérieures à dix minutes pour un total d'environ quarante. Les ambiances diversifiées retracent un véritable voyage. Si vous ressortez des contrées de neige et de glace de VINTERRIKET, vous serez familiarisés avec la sensation de solitude qui émane de "A Glimpse Of Glory", l'impression de désolation en moins. Nous sommes ici en pleine nature propice à la méditation. L'artiste joue les cartes du minimalisme. Si le clavier/synthé reste omniprésent, ce n'est que pour mieux retranscrire des ambiances apaisées, plus riches que celles de son confrère. Alors oui, le Black Metal est relégué au second plan, Mefisto a tout à fait raison. Les guitares bourdonnent, créant un mur sonore lointain. La batterie est éloignée, sa cadence est linéaire. Le chant typé Black, murmuré, n’est présent que dans le premier morceau.
"The Mighty Sight" est divisé en deux parties. La mélodie de la première, à la fois légère et aérienne, est accompagnée par un fort souffle de vent. Nous descendons progressivement jusqu’à l’endroit boisé. La seconde moitié entre en scène ; les notes du clavier scintillent, la nuit tombe, les étoiles apparaissent. Alors que nous marchons entre les arbres, "Lunar Light" débute par un chœur lointain. La fraîcheur de la nuit nous enveloppe. La lune se reflète sur la rivière silencieuse qui nous mène à une clairière, le tambour rythmant nos pas. La musique est ici plus hivernale. Les hurlements de loups qui accompagnent les quatre dernières minutes concluent le morceau avec féerie. Peut-être aurait-il été préférable de les répartir sur le morceau entier plutôt que de les condenser à la fin. L'aube se lève à présent ; il est temps de ressortir de la forêt. Le titre suffit à lui-même : "Amongst The Trees". Mélopée feutrée, extrêmement douce, accompagnée par le chant des oiseaux. Un final certes long, répétitif, mais qui clôt parfaitement le disque et permet de s'éveiller progressivement tout en douceur.

Alors ? Quelle note décerner à cet album de Black Metal Ambiant ? Si comme moi, vous êtes sensible à la beauté d’une forêt nocturne, mettez facilement quatre étoiles : c'est exactement ce qu’il veut retranscrire, et il le fait parfaitement. En revanche, si vous vous concentrez principalement sur la partie Black Metal, comptez… une, ou deux étoiles. En tout cas, pour avoir fait le voyage, je ne suis pas déçu !