Visse ton chapeau melon, tire le rideau rouge, fais place aux artistes et aux guignols, et accorde aux sept gugusses grecs de DAKRYA un court clin d’œil ou d’oreille. "Crime Scene" vaut un peu le détour, ne serait-ce que parce qu’il pose déjà des limites un peu déplorables à un metal cabaret qui avait jusque là trouvé un essor des plus positifs.

Enlevez donc toute provocation extrême et toute absurdités de compositions à UNEXPECT, expulsez la violence et les excès de STOLEN BABIES, apaisez le surplus cartoonesque et lyrique de DIABLO SWING ORCHESTRA, métallisez et déblayez toute idée malsaine de la tête de KATZENJAMMER KABARETT, automatisez les mélodies simplo-simplistes de manèges enchantés, balancez une prod’ « bombastique » bien basique (notez l’assonance), saupoudrez d’un fond sympho-ploum ploum pour que les néo-goths avec un sac de Mr Jack et des chaussettes Emilie The Strange puissent s’y retrouver, et vous obtiendrez DAKRYA.

Sous un déguisement à rayures noire et blanches et une étiquette cabaretteuse qui excitait mes attentes, DAKRYA semble pour autant bien décider à rentrer dans une case bien confortable, celle du metal gothique à chanteuse. Batterie à la double pédale énergique, guitares actives, mélodies circulaires de fête foraine, petits bouts de théâtralisation, petits tours de boogie, irruption de saxophone, tout y passe. Malgré son apparat de cirque et ses sourires gentiment foufous, DAKRYA ne révolutionne rien. Les Grecs nous offrent un bon petit tour de manège qui aurait pu être sacrément sympathique s’il ne tournait pas aussi vite en rond sur lui-même.

Ce ne sera certainement pas un voyage déplaisant, car les musicos savent y faire, ils ont, il faut le dire, un sacré charisme, ils savent composer et la production est tip-top, sans ratures. Christina Kalantzi et Thomais Chatzigianni offrent des performances vocales, ma foi, fort intéressantes (largement au-dessus de la plupart des groupes à chanteuses), mais le jeu à deux chanteuses n’est pas assez développé, DAKRYA n’en fait jamais sa particularité, et les lignes de chant font rarement mouche.

Avec un vrai sens du travail bien fait, on finit par trouver la galette attachante, puis on réalise qu’on en retient pas grand-chose au final… Chez DAKRYA, il manque surtout une bonne dose de Folie.

"Crime Scene" est déjà symptomatique de quelques nouvelles avancées dans le metal qui reprennent déjà le chemin de la conformité. Peut-être qu’il est largement préférable d’entendre ce disque plutôt que la torchée habituelle de gotho-pop à seins, mais n’allons pas tomber dans d’autres lourdeurs, qui en plus pourraient bien tomber dans la prétention la plus pénible, ‘avant-garde’ oblige.