L'intérêt de lier des contacts avec des labels est, entre autre, de savourer parfois de superbes découvertes ! A ce titre, je dois avouer avoir la chance d'échanger avec le jeune label français Another Sphere Records, qui m'a offert une bien belle première aventure avec IN ARKADIA (section thrash death mélo, chronique en ligne).
Dans le même colis, Théo, le responsable, m'a même gratifié de ce DAKRYA...

Un coup d'œil dans le press book joint (la classe tout cela mes amis !)... Tiens, un groupe grecque, formé en 2004. En jetant un regard rapide sur le line-up, je constate que la sextette pourrait sans souci composer une liste pour une mandature tant le respect de la parité est flagrant. Jugez par vous même: 3 femmes (*) et 3 hommes ! Mode Circonspect ON...
La ligne « style musical » arrive sur ma rétine: « Theatrical Atmospherique Metal » (pour les anglophobes, en gros le style défini pour la chronique !)... Celle là on ne me l'avait encore jamais fait. Il faut bien avouer que les batailles sémantiques qui agitent ponctuellement le petit monde des metalleux autour de la « classification » phylogénétique du Metal me laisse souvent pantois, mais là, on atteint des sommets !

DAKRYA nous offre ainsi, par l'intermédiaire de nos français, un album aux sons basés sur la musique atmosphérique et influencés par le Néoclassique, le gothique et le Black Metal...
Ouverture des hostilités par une déclamation, œuvre systématique de Thomas K. au cours de l'album, celle-ci cite dans les autres morceaux allègrement W. Blake, Dante Alighieri (l'auteur de « la divine comédie », en italien dans le texte svp !) entre autre. « Crucifixion of Faith » s'ouvre et se clôt donc sur cette première caractéristique. S'envolent ensuite dans vos enceintes les voix classiques et cristallines de Christina (officiant au statut de frontwoman-lead singer) épaulée par sa comparse Thomai (chant lyrique). Amateurs de lyrisme, vous allez être gâtés ! Les deux demoiselles se complètent vraiment de fort belle façon (l'une officiant dans une tonalité plus grave que l'autre).
Troisième particularité de ce premier titre: des growl ! Oui, oui, vous avez bien lu ! Les influences black metal de nos Hellènes viennent se poser jusqu'ici et c'est à ce titre que Dagwn (NETHESCERIAL) assure toute la partition « voix brutale » en tant que guest (grosse participation sur « Waters of Olivion » (**) qui présente toutes les particularités sus citées).
Le tout est servi sur un lit de claviers orchestrés par SophiaX, assurément la tête pensante du groupe car elle signe l'intégralité des textes et musiques de cet album.
De là à dire que DAKRYA est un « girls band »... sic... On pourra en tout cas évoquer l'aspect matriarcal du combo au sein duquel la gente masculine est réduite à des rôles « mineures ».
A ce titre, cette remarque prend une véritable dimension particulière car outre les claviers de SophiaX, l'instrument le plus présent reste la batterie (justement trop marquée) au son trop quelconque. Un comble quand on sait qu'il faut véritablement tendre l'oreille pour saisir quelques notes de guitares saturées au passage (non, je n'en rajoute pas) et je n'ose parler de la basse !
On retrouve même un titre de leur démo précédente en version orchestrale (« Wingless soul »): exite les instruments électriques donc ! En somme, des ouvriers de manutention au service de ces dames et d'un guest au relent Black Metal...
Le terme « théatral » ne fait donc au final référence qu'à cet aspect chant classique « à la note trainante ». Ce dernier est ainsi proposé sur une série de riffs sans grande originalité, lisses, lent, parfois presque doomesques tellement le jeu semble en mode éco, lourd et plombé telle une fine chape de plomb.
Alors certes, on notera quelques jolis blast de batterie accompagnent les growl sympatoches sur « Into the Vortex », on assènera un « Ouha, un solo » sur « Inner Scream » ou « Black Opera (Opus IX), en guise de fin énergique et originale, on mettra en avant une production correcte toutefois sans gros moyens... MAIS... oui, vous l'attendiez ce MAIS... sans grande originalité, ni nouveauté. Il ne suffit pas de singer les groupes phares de la section pour espérer rencontrer un succès d'estime (EDENBRIDGE en pole position...).
Je dois avouer que relever le défi de l'originalité dans ce genre qui semble tourner en rond ces derniers temps relèvent de l'exploit mais les titres se succèdent les uns après les autres sans un pathétique homogénéité. Impossible de vous en dégager un plus que l'autre... Les morceaux s'enchainent et reposent sur la même trame: intro couplets/refrains lyriques avec des notes qui n'en finissent pas et une p'tite intervention type déclamation ou type black...et basta.

DAKRYA nous délivre ainsi un album quelconque, pour un public ultra averti que seuls les plus fanatiques sauront apprécier à partir du moment où l'originalité ne fait pas parti de leur critère de sélection. Fan de gothico-dark, vous trouverez sans doute une ambiance chère à vos oreilles, le tout relever, il faut bien le reconnaître par un artwork totalement dans l'esprit.

Fade, sans saveur en somme... Easy listening du metal ? Pour un ascenseur pas trop long alors...


Verdict: 2/5

(*): n'espérez pas me voir tomber dans le ridicule constat du charme de ces créatures...
(**) titre en écoute sur le MySpace du groupe.