Eh bien, faut croire que Metal Blade aime le mot « Aeon ». Après un de ses meilleurs nouveaux poulains, le très bon combo Death Mélo ALLEGAEON, voici INFERNAEON, des Floridiens officiant dans le Death/Black Mélo avec, en prime (attention), ce fameux petit clavier de pacotille qui m'use les oreilles depuis déjà quelque temps chez les groupes de ce style. A-t-on ainsi peu de respect pour cet instrument que j'adore pour lui réserver un si piètre espace ? J'espère que ce cancer non généralisé, je tiens à le préciser, n'est que passager…

OK, la force du sextette n'est vraiment pas du côté des atmosphères, alors le clavier, on s'en tape… direz-vous. Oui, direz-vous. Mais moi, je m'en balance pas. Quand un foutu groupe de Metal extrême utilise le clavier, c'est qu'il a une idée derrière la tête… Quoi ? Jouer les cadors du Black Sympho, roser ses taloches ? Je voterais pour cette dernière raison. Cette tendance est forte ces dernières années ; trop de Black/Death basé sur les guitares est mal supporté par des claviers mièvres, près de la caricature. Un exemple récent, pour ceux et celles qui suivent l'actualité ? DAWN OF ASHES, chroniqué ici même y'a pas longtemps par mes mauvais soins ; de la défonce côté cordes, de la blague côté enrobage. Ouf, je sais pas si j'aurai à me farcir longtemps ce genre de fadaise, mais je tenais à vous en informer, en bon journaliste que je suis.

Donc après avoir levé le nez sur ce putain de clavier, je m'attarde sur le contenu véritable de cet album, pour lequel je pars sur la défensive. De généreux blasts beats, des guitares affûtées et bien roucoulantes/organiques, un chanteur correct… On est en terrain connu. INFERNAEON n'est pas un groupe de tapettes, les riffs de "First Of The Fallen", "Legacy Of Kane" et "Revelations" sont là pour le prouver. Et, merde, comme avec DAWN OF ASHES, ils sauvent le groupe de l'extinction, alors merci. Car pour être efficaces et excitants, ces satanés claviers doivent emmener le morceau plus loin, le sublimer, le transformer en building à plusieurs étages, pas en loft plat et dénué d'intérêt. Ce que j'entends sur "Genesis To Nemesis" me fait profondément chier, car je n'arrive pas à retrouver de l'originalité (1), celle qui avait sauvé DAWN OF ASHES (allez, je veux que vous écoutiez ce groupe) de la « sombrissitude » des deux étoiles.

Ici, ça gratte, ça divertit amplement, mais où est le coup de pied au cul que les fans du genre attendent ? Ah, peut-être dans les lilliputiens soli de "Ziasudra", "Immaculate Deception" ou "Revelations", et la plaisante reprise du tubesque "Creeping Death" ? Certes, ce clin d'œil réussi à METALLICA est bon. Tellement, qu'il est le moment fort du disque.

Silence gênant… On avale douloureusement de la salive et on continue

Ben oui. Comment ne pas le reconnaître ? INFERNAEON a choisi une de ses idoles pour diviser son deuxième album en deux et, sans le vouloir/savoir, s'est automatiquement tranché la tête. Qu'est-ce qui va battre cette puissance maintenant ? Je ne le dirai jamais assez : le listing est aussi important que le titre ou la pochette d'un album, sinon plus. Si les Américains l'avaient mis à la fin, au moins aurait-on eu une raison de sourire. Au lieu d'avoir « ah putain, ça vient oui ou merde ?! / quoi, "Creeping Death" !?/ah putain, ça vient oui ou merde ?! », on aurait eu «ah putain, ça vient oui ou merde /quoi, "Creeping Death" !? ». Eh beh… non. On demeure sur notre faim après le plat principal servi après le potage.

Pourtant, "Genesis To Nemesis" est le genre d'album qui accroche dès les premières écoutes. Et dans une époque comme la nôtre, ça suffit presque aux labels pour signer. Sauf que… l'amateur, lui, a le temps. Il peut analyser, décortiquer, avant d'euthanasier avec son aiguille d'ingrat. J'avoue que des pièces comme "Legacy Of Kane" et "The Scar Of David" plairont respectivement à tout fan de Metal « vampirique » et de Thrash comme moi elles m'ont botté, mais merde, le reste n'est que remplissage. La sympathie des premières écoutes s'estompe et retombe lourdement comme un rouleau compresseur sur une patte de ouistiti.

Et l'addition arrive : INFERNAEON, c'est violent, c'est inquiétant parfois, ça blast beat (au risque de me répéter), c'est correct en général, mais c'est rien de bien hallucinant. Et dans ce merveilleux monde des notes étoilées, ben le « wow » et le « bordel, ça ressusciterait grand-mère ce truc », ben ça compte pour beaucoup.

Ça prend plus que des « shit, Jesus Christ, you're not the son of God » pour écarquiller des narines. À ce propos, je n'ai jamais compris pourquoi les groupes Metal s'acharnaient autant sur ce pauvre supposé fils de Dieu. Est-il si important ? Ah, cette religion quand même. Ça aura marqué autant que l'attitude de roquet d'Ardisson.

(1) Bon, là où INFERNAEON est « original » est lorsqu'il invite quelques zicos à participer au spectacle, dont Oderus Urungus (GWAR) sur "Creeping Death" et Erik Rutan sur "Legacy Of Kane". Vous aviez remarqué ? Non. Bienvenue au club.

Note : 2,5/5.