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THRASH TEINTé DEATH  |  STUDIO

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1988 Mortal Agony
 

- Membre : Paragon, Holy Moses

EROSION - Mortal Agony (1988)
Par CANARD WC le 13 Novembre 2010          Consultée 2611 fois

Si on dépassionne un peu le débat, le Thrash c’est quoi ? Du Heavy joué plus fort, mâtiné d’un vague truc Punk. Pas de quoi s’exciter outre mesure pour un genre finalement assez étriqué et très hétérogène. Pourtant, vous sentez bien que ça me chauffe, sinon ça ferait pas près de 200 chroniques consacrées au sujet que je vous ponds, les yeux humides et la main sur le cœur (c’est pour ça que je tape pas aussi vite que MEFISTO). Et l’une des raisons de mon intérêt irrationnel – outre l’envie de me faire mousser – provient de l’intensité que revêt le genre. Le Thrash va vite, transpire, fait des grands gestes et pousse des tas de cris avec plein de solos. Et ça, ça me plait fondamentalement. Le corollaire de cette intensité - qui est aussi une caractéristique du genre - c’est sa proximité naturelle avec l’Extrême. Le Thrash flirte avec les portes de l’enfer, à deux doigts des « pires » genres (Death / Black / Grind) en transit entre le Metal Traditionnel (des années 80) et les fous actuels qui font plein de bruit en se maquillant.

Si proche du Heavy et si proche aussi des confins les plus brûlants, un positionnement qui – à défaut de me passionner – m’intéresse car particulièrement « audible » chez tous les petits groupes de Thrash de la seconde génération (87 – 93). Ces jeunes loups ont voulu surfer dans le sillon de leurs beaux grands frères (SLAYER et METALLICA en tête), en en remettant une couche. Une couche parfois plus « evil » avec des cris aigus, des textes sataniques et un son dégueulasse (citons SADUS et MORBID SAINT pour illustrer) ou une couche plus « mortelle » avec du chant grave, de la lourdeur et des ambiances mortifères (SEPULTURA est un bon exemple). Ce Thrash qui a louché du côté du Death mérite qu’on s’y intéresse (si on a du temps à perdre et qu’on aime bien faire des classements précis) : il est violent mais lourd, avec beaucoup de mid tempo et un chant hurlé avec un timbre très rauque. Un « Thrash de la mort » qui peut presque être résumé en deux groupes : DEATH et SEPULTURA. Paragraphe suivant.

Indépendamment de ses qualités bruitistes, DEATH a en son temps considérablement contribué au brouillage des cartes entre les mondes du Thrash et du Death. Certains disaient que DEATH « bah c’est du Death », tandis que d’autres isolaient les morceaux, disséquaient la bête pour rétablir la parenté thrashistique. De l’autre côté du ring, SEPULTURA : véritable phénomène, à la fois bigarré et intransigeant, d’une violence inouïe pour l’époque qui fait que même le fan de SLAYER avait du mal à classer ça en Thrash (je me vois encore tomber de ma chaise la première fois que j’ai entendu "Bestial Devastation"). Comme je me sens d’humeur chauvine, je préciserais que LOUDBLAST – tout près de chez nous et de même engeance – était de la partie et on avait de quoi être fier que ce Thrash qui encule à mort fusse franchouillard.

Donc voilà : DEATH, SEPULTURA et LOUDBLAST et vous avez fait le tour de la question du Thrash – Death émergeant de la fin des années 80. En quelques clicks, vous pouvez aller lire les avis de POSSOPO et JULIEN sur ces groupes ici même, des groupes devenus presque « mainstream » pour le Metalhead lambda. Aussi vais-je m’autoriser de vous glisser un petit groupe dans ce registre, le genre de petit album d’initiés qui boxe pile poil dans cette catégorie : il s’agit du très primesautier "Mortal Agony" d’EROSION qui – comme son nom frais et printanier le sous entend – joue la carte du « Thrash qui hurle à la mort ».

Posons d’emblée la question qui vous brûle les lèvres : une agonie n’est-elle pas forcément un peu mortelle ? On agonise puis on meurt, non ? Ca semble assez logique en tout cas. Faudrait jeter un coup d’œil aux paroles de la chanson pour lever le mystère pléonastique qui se cache derrière un titre pareil, mais disons sans trop nous avancer que l’ambiance n’est pas à la déconnade et autres gai-luronneries.

La plupart des groupes qui ont cherché à évoluer dans ce marais putride du Thrash / Death donnent l’impression de pas toujours savoir jongler avec les codes respectifs des deux genres. Faut dire que c’est pas forcément évident : gueuler en prenant sa voix graaaaave, jouer vite avec du mid tempo, poser une ambiance lourde tout en restant suffisamment intense… Autant de questions existentielles que ces groupes se sont posés, sans forcément trouver des réponses. EROSION a le mérite d’avoir un parti pris. Hurlements graves, son lourd, rythme intense, thèmes morbides, riffs incisifs, du mid tempo implacable entre deux séquences plus speed ("Aftermath"). A chaque problème, le groupe a sa solution. Si le résultat n’est pas toujours à la hauteur, il convient de saluer ce positionnement qui donne à ce "Mortal Agony" une coloration si particulière, coincée qu'il semble entre du vieux VADER et du vieux SEPULTURA.

EROSION se faufile entre les deux mondes, semble obéir à une logique pour un rendu qui donne une indiscutable personnalité à ce Thrash « crossover ». Cette ambiance moribonde, de fin du monde est à la fois supportable pour l’amateur d’Extrême qui trouve que MEGADETH est un groupe de tapettes que pour l’amateur du même groupe qui est vexé qu’on traite son groupe de la sorte. Cette cohabitation l’espace d’un album est suffisamment rare pour être signalée, alors je ne m’en prive pas de vous le signaler.

Reste que l’exercice fondamentalement pas génial (car limité) se décline difficilement en 10 morceaux : certains titres sont pénibles, certains riffs très banaux et l’album – dans sa globalité – dur à encaisser (sauf si vous êtes du style à manger vos Frosties le matin avec du NAPALM DEATH). En clair, les amateurs de Metal plus « softs » (que j’appelle affectueusement les « maideniens ») resteront certainement au bord de la route, en poussant des tas de petits hoquets de dégoûts. Pourtant, le riff de "False Prophets" est pompé à la note près à celui de "Victim Of Fate" du "Walls of Jericho" d’HELLOWEEN. Je dis ça, je dis rien. Les amateurs de Thrash que la violence sourde du Death n’effraie pas devraient quant à eux passer un moment presque extatique, voire contemplatif comme avec ce "Paralyzed" aux allures de rafales dans la gueule façon « SODOM feat. MORBID ANGEL ».


N’étant pas du style à faire passer des prostates pour des lampadaires, je dirais en conclusion qu’EROSION n’est pas au niveau des illustres représentants de cette vague Thrash / Death (SEPULTURA etc.), mais leur « agonie mortelle » figure selon moi dans un éventuel Top 10 des albums du genre. Ce qui n’est pas rien. Ce qui justifie dans tous les cas un bon gros 3/5 et deux petites pages de ma prose délicieuse que vous avez la chance de pouvoir lire, bande de veinards.


Note : 3/5


Morceau préféré : "Unborn"
Ca bute : "Paralyzed", "Mortal Agnony"

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   CANARD WC

 
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- Chris Zenk (chant)
- Stefan Rombild (guitare)
- Ulf Kaiser (guitare)
- Jan Bunning (basse)
- Klaus Nowakowski (batterie)


1. Erosion
2. Way Of Force
3. The Unborn
4. Bilharzia
5. Aftermath
6. False Prophets
7. Paralyzed
8. Mortal Agony
9. Nuclear Frost
10. Into The Void
11. Humanity



             



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