J’ai un oncle apiculteur. L’autre jour, il m’a appelé pour me dire que sa nouvelle production était arrivée à maturité. Je lui ai demandé s’il s’agissait de miel d’acacia, de châtaignier ou de sapin… « Rien de tout cela » m’a-t-il répondu… C’est un cru spécial, labellisé « AOR » qu’il m’a dit… Intrigué, je suis allé à la campagne pour voir ce miracle de la nature. Et il ne s’était pas trompé le tonton. Bon, OK, je reconnais que le miel… eh bien, je le consomme avec parcimonie. Non, ce n’est pas un type de cuillère ou de biscuit, ça veut dire que je n’en mange pas trop. Je trouve ça écœurant, alors les petites doses, ça me suffit…

Mais là, les abeilles avaient bien fait leur boulot. Les TERRA NOVA, comme il les appelle mon oncle. Une espèce endémique à la Hollande. Incroyable qu’il ait réussi à les faire vivre dans le coin… M’enfin, bref, la nouvelle production de ces butineuses acharnées s’intitule ″Come Alive″ et croyez-le si vous voulez, ces incroyables architectes de la ruche en sont déjà à leur cinquième livraison, après cinq ans d’absence discographique.

Comme quoi, même avec quelque chose de sirupeux (donc fortement sucré), on arrive à concocter de la bonne cuisine quand c’est fait avec talent. C’est le cas ici. La finition du plat n’est peut-être pas à la hauteur de la recette avec une production parfois un peu légère mais c’est chercher la petite bête… dans la ruche ! Tonton avait raison en tout cas : on est ici au paradis de l’apiculture et, pour qui cherche du miel de qualité (vous savez, comme on en faisait à la louche dans les 80’s), on peut dire qu’on s’approche de la gelée royale ! C’est vraiment du tout bon avec toutes ces guitares ultra-mélodiques, ce chant très carré, ces nappes de claviers enchanteresses et – bien sûr – ces refrains très emphatiques qui vous rentrent en tête pour ne plus en sortir.

Mais bien sûr, on croque parfois dans un morceau encore plus riche en glucose et là, SOS insuline ! On frôle donc parfois le ridicule, ce qui est vraiment dommage pour une production aussi bien léchée. On laissera donc de côté les « na, na, na » trop riches en sucre de ″Holy Grail″ ou les ballades dégoulinant de (trop) bonnes intentions que sont ″Those Eyes″ et ″The Final Curtain″ pour se concentrer sur les autres moments de l’album (notamment les savoureux ″Come Alive″, ″Fighting Yourself″, ″Here Comes The Night″, ″Under Pressure″ et ″My Own Way″ – quelle montée finale !).

On pense tour à tour à JOURNEY, SURVIVOR, TOTO mais aussi à BON JOVI (celui d’avant), voire à QUEEN par moment. On fait pire comme référence. C’est tonton qui l’a dit et il ne ment jamais tonton : c’est du miel AOC… euh, pardon, AOR, enfin, je ne sais plus trop. Mais une chose est sûre : si vous êtes amateur de ce genre de gâterie (ben quoi ?), TERRA NOVA se situe dans le haut du panier. Dans le cas contraire, attention au diabète !

Bref, les frères Hendrix (avec un nom pareil, impossible de décevoir sous peine de lynchage public !) ne sont pas des manchots (Fred Hendrix, en particulier, au pilotage du chant mais aussi en partie de la composition et de la production), leur comparse Gesuino Derosas (guitare) non plus à l’écoute des nombreux soli très pointus. Enfin, les puristes seront satisfaits d’apprendre que le line-up présent sur cette livraison est un retour aux sources du combo puisqu’on y retrouve (presque) tous les musiciens (à l’exception du bassiste) ayant officié sur ″Livin’ It Up″ et ″Break Away″, les deux premiers méfaits de ces infatigables abeilles hollandaises datant de la fin des 90’s… déjà !

Merci donc, mon cher tonton, de m’avoir fait découvrir ce miel de premier choix. Ce n’est habituellement pas ma came, je l’admets volontiers et je suis donc peut-être un peu sévère avec ces gentilles abeilles mais je sais reconnaître du bel ouvrage quand j’en goûte (ou écoute…) un et il s’agit là d’une production léchée et talentueuse. Bref, un bon album d’AOR. Bon appétit bien sûr !