Ah, 1985! Une époque bénie des dieux pour tout amateur de Heavy Metal burné et sans fioriture. Les mouvements extrêmes ne sont pas encore sortis de leur cocon, et si le Thrash démarre, il n’en demeure pas moins que le fier Heavy est indubitablement à la mode. Je me souviens avoir acheté ce "Freedom’s Rise" le même jour que le "To Mega Therion" de CELTIC FROST, qui jouait alors une musique très avant-gardiste. Et nous sommes ici à l’avant-garde du Metal : LIEGE LORD est un adepte des riffs saignants avec un soupçon de JUDAS PRIEST comme ligne directrice. C’est l’écurie Black Dragon qui va produire ce premier album tout mignon avec un artwork sympa de leur spécialiste french Eric Larnoy, suite aux vives recommandations du gratteux de SAVAGE GRACE Christian Logue.

Un peu d’histoire : c’est sous la poigne de fer du bassiste Matt Vinci - exceptionnel 4 cordistes qui joue sur fretless, c’est suffisamment rare pour être souligné !-, et le gant de velours de Tony Truglio, guitariste racé que le groupe se crée. Tout deux sont les principaux compositeurs du LORD. Ils s’entourent d’un chanteur à la voix puissante qui n’est pas sans évoquer un Rob Halford de seconde zone. Tout est prêt pour leur premier album.

La zique est un subtil mélange entre le Heavy classique des MAIDEN et autres PRIEST et des velléités thrashy qui annoncent TESTAMENT et ANNIHILATOR.

Commençons par le meilleur, car il se trouve que l’album renferme un super classique digne de figurer dans le panthéon du Metal lourd. Il s’agit de "Rage Of Angels" : une rythmique en acier chromé amorce ce titre sans défaut que tout le monde ou presque va aimer. Le très joli refrain entérine le niveau de la song. Et voilà votre cortex marqué à vie par LIEGE LORD.
Je positionne au même endroit qualitatif l’originale "For The King" à la détonante rythmique, et pourvue d’une ligne de basse à rendre Steve Harris himself jaloux. Un morceau très réussi.
C’est une nouvelle rythmique quasi Thrash qui continue de vous fracasser la tête sur "Dark Tale", titre d’excellente qualité là encore.
Le cri d’intro de "Warrior Farewell" ne pourra que vous rappeler ceux du metal god. Nous naviguons dans des eaux balisées de facture classique mais le résultat est à la hauteur.
L‘intro basse-guitare en tapping ne pourra que vous séduire sur "Amnesty", prélude à un rythme pachydermique.

Bref, tout ceci est éminemment révélateur de la musique de 1985, dédiée à la gloire du Heavy ! Inutile d’en pondre des tonnes sur les albums de cette année là, "Powerslave" en tête. Ceci explique aussi cela, malgré des qualités évidentes, "Freedom’s Rise" ne parviendra pas à s’imposer au beau milieu des cadors du style. Et c’est bien dommage , et c’est finalement injuste… On passe le refrain terrible et le bridge d’enfer de "Vials Of Wrath", l’intro originale de la maidennienne "Wielding Iron Fists", puis on termine sur la cavalcade effrénée de "Legionnaire".

Vous remarquerez que j’ai évoqué chaque titre de l’opus, signe de sa qualité d’ensemble. La musique des Américains ne révolutionnera pas le monde du Metal mais elle se situe en bonne place dans ces mids 80’s de bon aloi, qui reviennent dangereusement à la mode en ce moment.
Le skeud manque sans doute d’une once d’originalité à l’instar de leurs rivaux d’écurie de MANILLA ROAD. Mais il n’empêche, l’album à l’aigle mérite tout le respect du monde. Ecoutez-le!