Après avoir traversé un tunnel torve au look de fin du monde, les Varois de HEAVY DUTY voient enfin la lumière... Enfin lumière... Ce ciel tempêtueux digne d'une image d'Épinal en provenance du Kansas n'incite franchement pas à la rigolade. L'énorme trombe annonce une couleur pour le moins agressive. Et, allons-y, après un "What We've Been Through" d'excellente tenue et très prometteur, les Sudistes ont connu quelques galères qui ont abouti à un radical changement de line-up. Bienvenue à deux vrais graisseux : Ivan au chant, qui, malgré un look de beau maître-nageur bronzé aux cheveux courts, porte en lui les prémices d'une révolte chevillée à l'âme. Possédé en concert, sa voix apporte une vibration intense à la musique créée par Chris et Alain, toujours aux commandes du lourd vaisseau. Puis un nouveau bassiste en la personne d'Olivier, ex-RESPECT.

Nous retrouvons le bluesman toulonnais Magic Buck à la National guitar sur "Sixty Nine", l'enchaînement avec l'électricité - improbable - est renversant de puissance et nous débouche bien les esgourdes en guise d'introduction. Immédiatement, la voix d'Ivan s'impose avec une fureur non canalisée qui ne laisse pas de place au doute. C'est la puissance d'un Henry Rollins doublée de la qualité de voix d'un Phil Anselmo... Comment dire ? Ça arrache les tripes ? La guitare d'Alain provoque toujours autant d'arrêts cardiaques et l'attaque dont il fait preuve est juste hallucinante, ce gars concourt définitivement avec Zakk Wylde pour le titre du gratteux le plus agressif.

J'adore tout particulièrement "Crushing Your Business" aux chœurs brefs mais fondamentalement réussis sur une rythmique de dingos propice à des débordements évidents en live. Sur l'époumonant "Friends", on se croirait revenu aux grands jours du "Far Beyond Driven" de PANTERA, c'est impressionnant de maîtrise. Assurément, les nouveaux venus apportent une pierre conséquente à l'édifice, d'autant que les lignes de basse d'Olivier et ses backing vocaux sont efficaces à souhait. Encore un superbe refrain à noter sur "Feeling Young"... Nul doute que malgré leur expérience, les gars sont en fait de petits djeuns au fond de leurs cœurs...

Les influences les plus modernes - AVENGED SEVENFOLD - se ressentent à l'écoute de l'énorme "All I've Got" qui clôt l'album comme pour un dernier infarctus. Quelle puissance ! Les interventions souvent courtes mais toujours à propos d'Alain m'arrachent toujours une sensation de plénitude terrible. La cavalcade qu'est "Get Out" pourrait être sortie des sessions d'un récent album de METALLICA, mais agrémentée d'un esprit Rock de première bourre, c'est la même analyse pour le trépidant "Too Far". Génial ! Sur "Rage", l'immersion dans un dédale tout de lancinance vous fera ramper de bonheur. Et comme souvent - toujours ? - les refrains arrachent la tronche, il en va ainsi sur "Some More Action" ou "Haters".

Bref, en substance, vous m'aurez compris, HEAVY DUTY a incontestablement franchi les étapes et se retrouve aujourd'hui en première division du Metal. Chris Caprin, exceptionnel batteur et tête pensante des Varois, est en passe de réussir un énorme pari, sa production excellente fait la part belle aux rythmes en béton armé. Il y a fort à parier que nanti d'un disque pareil, les portes s'ouvriront pour les Toulonnais. c'est tout le mal qu'on leur souhaite !

Et puis merde : "PARCE QUE TOULON" !