Voilà un an que les Américains de LIEGE LORD ont sorti sur Black Dragon leur premier album "Freedom’s Rise", album nanti de qualités certaines, et qui ne péchait que par un certain manque d’originalité. Le guitariste Paul Nelson – promis à un avenir plus que remarquable en tant que principal manager et accompagnateur de la légende du Blues Johnny WINTER – est venu renforcer le dispositif. La donne est finalement simple : pour échapper à un funeste destin d’oublié de la cause, les Ricains vont devoir trouver la formule magique qui leur permettra d’accéder à la reconnaissance.

C’est le morceau "Transgressor" qui ouvre le bal, on reconnaît immédiatement la basse fretless de Matt Vinci, toujours aussi diabolique. Le morceau est une belle leçon de Power Speed mais peine à convaincre en cette période de transition ou le Thrash s’apprête à prendre le pouvoir sur le Heavy et le Speed. C’est carré, bien fichu, mais il manque l’étincelle qui fait la différence.

"Cast Out" est un titre assez intéressant, puissant et racé, la basse y fait quelques miracles à nouveau, et la voix de Andy Michaud ne dépareille pas même si la filiation avec Rob Halford est juste évidente... "Birds Of Prey" porte le même nom que le grand classique des dinosaures de URIAH HEEP mais la comparaison s’arrête là, c’est sympathique et bien carré mais manque cruellement d’originalité l’effet de surprise du premier album est désormais derrière nous.

L’instrumental "Walking Fire" dépote pas mal malgré quelques choix mélodiques peu judicieux, la cavalcade se laisse apprivoiser avec pas mal de plaisir. Et quel symbole pour le Speed Metal de ces fières années. "The Manic’s Mask" me laisse toutefois de marbre. Les soli et l'ambiance de "Legend" sont pas mal du tout, l’apport de Nelson est conséquent à ce niveau, mais les compositions de Vinci et Truglio sont cette fois largement en deçà de celles du premier album.

"Black Lit Knights" aurait pu être un titre réussi avec quelques harmonies supplémentaires, on approche des sonorités développées à la même époque par Tippins et Ramsey dans le grand SATAN. Hélas, en définitive, le titre se révèle moins classieux que prévu.
Un peu trop de répétitions sur le genre abordé, toujours des cavalcades certes rythmées mais qui n’ont qu'une âme peu brillante : "Portrait Of Despair" en est l’exemple le plus abouti, couplet/refrain, break, soli, et en voiture Simone… C’était sympa sur le moment, mais ce mode de composition se révélera totalement inefficace face à la puissance développée par le Thrash.

Et puis il faut bien admettre que la couverture du skeud laisse peu de chance au désir de s’embarquer dans l’achat d’une image pareille. Avoir quitté Black Dragon à ce désavantage d’avoir largué le fabuleux dessinateur Eric Larnoy en chemin… Du coup, les Californiens semblent lâcher du lest face à leurs collègues de bureau MANILLA ROAD qui sortent "The Deluge" dans le même temps, la comparaison est rude. Hélas, je dois donc faire preuve d’une certaine sévérité à l’égard de ce groupe méritant. Consolons-nous, il reste le premier album et son fameux "Rage Of Angels".