L’histoire du Heavy Metal est jalonnée de projets ambitieux et de groupes originaux, SACRED BLADE en est un exemple évident. Ce groupe canadien basé à Vancouver se voit proposer un deal par le petit label français Black Dragon Records, qui fit tant pour de nombreux groupes essentiels de la moitié des 80’s, MANILLA ROAD en tête. Le groupe est le projet des deux guitaristes Jeff Ulmer et Will Rascan. Les compositions d’Ulmer sont à la base de la musique de SACRED BLADE, un son spécifique, assez sophistiqué pour l’époque, pas très lourd mais annonciateur de la révolution qui s’approche avec l’arrivée prochaine des groupes néo progressifs de Metal, DREAM THEATER et FATES WARNING en tête.
La démarche est résolument moderniste. La photo prise au milieu des forêts primaires de Californie nous les présente comme des arrivants d’un autre monde, et de fait, tout le concept découle d’une science-fiction de bon aloi.

Mais causons plutôt zique, j'en vois qui s’endorment au fond. Le morceau d’introduction annonce la couleur : le petit instrumental "Ayulthus I" à la guitare cristalline et spatiale laisse la place à une rythmique carrée où la section rythmique se taille la part du lion sur le titre "Of The Sun And Moon". Le chant de Jeff Ulmer, pas original pour deux sous, est cependant très en place dans le cadre des compositions. Le « pilote » puisqu’il aime à se dénommer ainsi, n’a pas l’étoffe d’un Dio ou d’un Adams, et sa voix n’a ni l’originalité d’un Shelton, ni le grain d’un Tate ; il est cependant remarquable de constater à quel point elle s’insère, c’est bien simple, il me semble qu’aucune autre voix ne pourrait la remplacer dans un tel contexte.

On remarquera la superbe intro de guitare sur la cataclysmique "Fields The Sunshrine", avec de jolis petits passages atmosphériques. Petite digression : je ne serais pas étonné que les ptits Finnois d'AMORPHIS aient pas mal écouté ce morceau, car les points communs entre les deux groupes sont légions, c’est flagrant sur ce titre.
"Salem" est le morceau qui permit au groupe de faire parler de lui : direct et simpliste, en pleine mouvance de la NWOBHM, avec un petit coté trashy. Le refrain rappellera aux plus anciens le chant gallinacéen du frangin Gallagher des angliches de RAVEN.
L’album est bourré d’instrumentaux : "To Lunar Winds" qui évoquera certainement plus le southern rock que des velléités progressives thrashys, alors que "Moon" trempe le concept de l’album dans le marbre, soulignons-le car rares sont les morceaux « parlés « dans notre musique, à part BAL SAGOTH - dont les thèmes fictifs ne sont pas si lointains !!!! Y aurait-il influence là encore ?
"The Enlightment", à l’intro parlée une nouvelle fois, annonce le superbe "Master Of The Sun", compo efficace et très rentre-dedans.
"The pressing", à la facture plus conventionnelle, est un titre qui met en valeur le chant d’Ulmer.

Un disque hypnotique, qui possède une forte identité. A l’époque, c’était très original et introspectif. Une musique qui vous faisait réfléchir : je me souviens d’intenses moments de réflexions à l’écoute de «"The Reign Of Night Rainz".
Très peu de temps faibles car les instrumentaux qui parsèment l’œuvre sont toujours admirablement structurés et s’intègrent habilement dans le concept général. Tous les morceaux se valent et sont de qualité, ce qui nous donne un classique culte des 80’s ! Et vi !
Le skeud sera la deuxième plus forte vente de Black Dragon.
A découvrir impérativement !