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2010 The Sixth Extinction

SAEL - The Sixth Extinction (2010)
Par MEFISTO le 2 Août 2010          Consultée 6799 fois

Le théâtre sur lequel "The Sixth Extinction" se joue est une plage grise aux ressacs d'un blanc immaculé, un blanc pourtant rare, quasi absent, dans ce marasme de mélodies vaporeuses aux vagues accents arabiques. Les acteurs français proviennent de diverses troupes (dont ASMODEE et REVERENCE) et ne sont vraiment pas des manchots… Je leur laisse la scène sans avoir peur que la foule leur envoie des tomates !

La musique de SAEL est une toile aux teintes monochromes ; le noir, le blanc et le gris s'échangent le micro. L'inspiration des pays du Moyen-Orient est encore une fois très forte (je dis « encore », car c'est devenu légion en Metal). Il y a du sel dans cette musique, des bourrasques et des vents mauvais venant d'un large inconnu et sombre. Gardez en tête ce triumvirat de couleurs, vous les croiserez sans cesse.

Côté ambiance, SAEL est ce qui se rapproche le plus du groupe qui m'a le plus bouleversé depuis deux ans : BILOCATE. Une poésie virile à la mélancolie prégnante et aux vastes espaces sablonneux. Tout comme mes Jordaniens Doom/Deatheux préférés de BILOCATE, SAEL utilise les ponts éthérés pour asseoir sa proéminence émotionnelle ; il le fait à la guitare douce ou au piano/clavier, instruments plus calmes qui ressortent parfois de cette forêt de mélodies tristes livrées à grande vitesse avec une hargne de hyène, de paroles aussi dépressives que réalistes.

En plus d'être une complainte de la mort sous toutes ses formes, un éloge à la folie très humain et pas du tout gratuit, "The Sixth Extinction" est une jolie collection de trémolos absolument marquants. Je prends comme exemple celui de "Priest Of Nothingness", une des pièces de Black les plus réussies que j'aie entendues cette année. Un vrai petit bijou, comme ce bridge jazzé/atmosphérique encore une fois à la BILOCATE. Et que dire de la finale, tout simplement monstrueuse et ravageuse de beauté ? Toutes les couleurs s'entremêlent, le blanc est décimé par le noir, laissant le gris sur le trône de la vie, devant cet océan de tourments illustré sur la pochette.

Notons aussi parmi les splendeurs de ce disque "The Venom" et sa trame brutale/psychédélique, ses riffs tournoyants comme un mal de mer et son ambiance de fou où la basse groove un max, faisant rouler les vagues par-dessus tout navire voulant s'approcher de la grisaille confortablement installée sur la plage. Promontoire d'où elle verra la décrépitude humaine, la sixième extinction précipitée à cause du prédateur qu'est l'homme avec son environnement. Celle confirmée sur la troublante pièce-titre, qui tranche radicalement avec le reste de l'opus en enfonçant tranquillement le surin entre les omoplates...

SAEL est aussi très calé en expérimentations, plutôt en recherche de sons distincts. Il essaie constamment de jouer les caméléons, comme sur l'excellente "Mantra Of The Fourth Age" et ses grattes de Black frigorifique norvégien. L'océan se gèle le temps d'une pièce, donnant la chance à cette racine du groupe de pousser et de charmer avec des riffs ronflants et, bien entendu, un trémolo qui appelle au recueillement, les yeux fermés et la gueule ouverte de bonheur. Oh oui, la musique de SAEL s'écoute mieux à genou, ou si vous préférez, au casque, affalé. Payez-vous un petit voyage gratuit, sans bouger un cil. Ce Black mélodique et atmosphérique est la came du mois, je vous le dis. Même quand le groupe se déchaîne dans un Black plus primitif ("I Searched For The End Of The Spiral"), il trouve le moyen, grâce à ses interludes de grande classe, de chasser l'ennui.

Petit mot sur la voix, très proche d'un Grutle sur l'acide (ENSLAVED) sur les growls et d'un sous-Garm en chant clair, mix parfait pour la profonde signature de "The Sixth Extinction". Un album qui fait planer (la pièce-titre), mais aussi headbanguer ("Inner Wrath", qui se mue en un festival de Metal psycho en deuxième partie) et qui marie agréablement tous les talents des Blackeux modernes : la vélocité, le sens de la mélodie, des ambiances, des breaks et de la production pas trop hollywoodienne, maquillée juste ce qu'il faut pour foutre de la poudre aux yeux.

Près, comme loin, donc en parties acoustiques comme en passages plus violents, SAEL se démarque et apporte une réelle fraîcheur à un style qui… ben, n'en a pas vraiment besoin. Non pas que "The Sixth Extinction" soit inutile à la famille métallique moderne, au contraire, le style profite d'une telle remontée vers les sommets dans plusieurs sous-genres, que je suis heureux que les Français puissent faire partie de cette nouvelle « élite », ce nouveau courant que plusieurs snobent encore par principe ou mauvaise foi.

SAEL, c'est le présent en Black et c'est, espérons-le, l'avenir.

Un très, très beau disque, sorti des Studios Drudenhaus, un des repaires les plus prisés en France.

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- Serge Usson (chant)
- Iconoclast (guitare)
- Matthieu Gervreau Plana (basse, effets)
- Vincent Roubière (batterie)


1. Being Judas
2. Priest Of Nothingness
3. The Venom
4. Mantra Of The Fourth Age
5. Inner Wrath
6. I Searched For The End Of The Spiral
7. The Sixth Extinction



             



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