Quand on sait que WASTEFALL a splitté il y a déjà presque deux ans, on ne peut s’empêcher de dire « mais putain quel gâchis ! ». Quel gâchis en effet, surtout lorsque l’on connaissait non seulement la gentillesse des membres du groupe, leur qualité technique en tant que zicos (je me rappelle encore de ce concert acoustique délivré par les têtes pensantes du groupe, Domenik Papaemmanouil et Alex Katsiyiannis, au Hard rock Café à Paris en janvier 2006 – carrément génial -) et bien évidemment aussi la qualité intrinsèque du troisième et dernier album sorti en 2006 par les Grecs, "Self Exile", une petite perle de Metal Progressif à la fois subtile, mélodieuse, pêchue et corrosive et très nettement influencée par un groupe comme PAIN OF SALVATION. Un album sorti chez Replica Records et qui révéla le groupe en France.
Bien sûr, ne parler que de "Self Exile" serait un tantinet réducteur pour le groupe tant la qualité de ses efforts discographiques précédents, "Fallen Stars And Rising Scars" sorti en 2003 et "Soulrain 21" sorti en 2004, dont il est question ici, est indéniable.

"Soulrain 21" est en partie un concept album, inspiré d'un terrible fait divers qui a eu lieu en Grèce le 13 avril 2003 où 21 enfants périrent dans un accident d'autobus. Ceci explique sans aucun doute les climats sombre, dramatique, tragique et presque théâtral (le très beau "Lullaby For The Gods" et ses orchestrations symphoniques, qui n'a d'ailleurs rien de Metal et qui s'apparente plus à une B.O. de film) de certaines compositions qui siéent d'ailleurs si bien à l'album.
Atmosphères développées principalement par les violons de Matthew (magnifiques sur l'introduction "Soulrain" partagée entre tragédie et colère), les claviers de Chris, le jeu très vaste d'Alex (quelles belles parties acoustiques dites-moi ! - "Riot Of Oblivion" -) et bien évidemment par le chant très polyvalent de Domenik, capable de chanter aussi bien dans des tons très agressifs ("Stunned To The World" par exemple) mais aussi dans des registres plus calmes (sur le très légèrement jazzy "Summerlonging Angels" ou sur le magnifique "21"), où on soulignera toujours ce profond désir d'établir une émotion avec l'auditeur, à la manière d'un Daniel Gildenlöw. Bien évidemment, la comparaison avec le chanteur suédois est déjà manifeste sur cet album, que ce soit dans la délicatesse, les intonations ou dans les phrasés du chant de Domenik.

Mais restreindre Domenik à un clone de Daniel Gildenlöw serait très réducteur, au moins autant que de réduire WASTEFALL à un clone de PAIN OF SALVATION. Bien évidemment, WASTEFALL s'en inspire déjà ici et là, mais conserve une identité qui lui est propre.
Pour commencer, le groupe grec se montre beaucoup plus puissant que le combo suédois (constat déjà flagrant sur "Self Exile") ; enveloppé dans des guitares tranchantes et pour la plupart torturées, agrémenté d'une rythmique basse/batterie en béton armé, chaque titre de "Soulrain 21" (hormis "21" et "Lullaby For The Gods") nous pète à la gueule. Du tonitruant "Stunned To The world" où vous aurez d'ailleurs droit à une basse clinquant de tout son plein et à des parties de guitares complètement ahurissantes, au très diversifié "Lasser" et son break de folie (quelle accélération rythmique mes aïeux !) en passant par le monstrueux "Self Exctinction Project" (quelle intro ! quels riffs ! attention aux mouvements de nuque !) où puissance rime avec délicatesse et feeling (quel jeu impressionnant déployé ici par Alex), et je ne parle même pas du très Prog' "Riot Of Oblivion", WASTEFALL dégage sur "Soulrain 21" une énergie carrément débordante, une puissance éclatante, un savoir faire impressionnant.
Et quand le groupe grec décide d'ajouter à cela une certaine créativité ou originalité à base de samples, de guitares acoustiques et d'incursions orientales avec percussions et chant à l'appui, notamment sur "Empty Haven", "Riot Of Oblivion" ou encore sur "Live With It", le dépaysement est complètement assuré et le résultat n'est encore que plus jouissif.

"Soulrain 21" est un album réellement ambitieux et carrément jouissif. Peut-être un tantinet moins abouti que "Self Exile", son successeur, plus brut et agressif sans doute, et tout aussi diversifié, ce second album n'en demeure pas moins un album hautement recommandé bien évidemment.

Le split de WASTEFFALL ? Franchement, quel gâchis !

Morceaux préférés : "Riot Of Oblivion", "Live With It", "Empty Haven".