YEAR LONG DISASTER était jusqu’à présent un gentil trio d’artisans stoner. Avec un premier album éponyme sorti en 2007 flirtant avec un bon son 70’s. Référence ultime s’il en est. Quiconque ayant jeté une oreille sur ce disque aurait pu croire à une perle oubliée sortant de cette période bénite. Honnête groupe de rock de la côte Ouest des États-Unis, il est composé de Bradley William Hargreaves, batteur d'origine de THIRD EYE BLIND, de Richie Mullins, transfuge de KARMA TO BURN, et de Daniel Davies, fils de. Leader du groupe, il ne manque jamais d’être rattrapé au sujet de la prestigieuse carrière de son papa, Dave Davies, guitariste des KINKS. Comprenant ainsi mieux la passion qui les anime pour le rugueux son du rock d’antan. La donne change cependant avec ce second disque, "Black Magic ; All Mysteries Revealed", exit le Stoner brut pour arriver à un Hard Rock efficace et sans prétention. Aidé en cela par Nick Raskulinecz (FOO FIGHTERS, ALICE IN CHAINS, VELVET REVOLVER, DANKO JONES), ingénieur du son et orfèvre grandissant en la matière. Le son se veut donc plus contemporain et l’ensemble calibré pour devenir efficace. Conservant cependant leur grosse influence "zepplelinienne".

Très loin de dégager une énergie primaire et instantanée, le groupe offre des compositions aux influences sudistes, lourdes, lancinantes et alambiquées. Pas de sur-pompage éhonté d’AC/DC, la grosse influence du moment en Hard Rock. Technique et groovy, YEAR LONG DISASTER n’enregistre que pour le prétexte de partir en tournée. Onze titres qui nécessiteront un investissement de l’auditeur. Aucune mélodie facile, des breaks à foison et une voix d’un autre temps. Original sans être ni précurseur, ni novateur, le groupe joue la carte de la différence dans un univers régi par le nivellement.

Sur un riff hypnotique noyé dans un delay, YEAR LONG DISASTER ouvre son "Black Magic ; All Mysteries Revealed" avec le sobrement intitulé "Black Magic", préfigurant le premier single choisi par le groupe "Show Me Your Teeth". Alternant avec lourdeur autour d’un riff principal et d’un refrain calibré. Efficace et fleurant bon le désert de Californie, le trio accélère le tempo avec "Love Like Blood". Tout en feeling 70’s, YLD envoie innocemment "Stranger In My Room". Dans cette même lignée de cohérence, l’acabit de "Sparrow Hill" ne déparait pas. Influence du "Dirigeable" en ligne de mire sur "Seven Of Swords", autant dans l’approche folk de la guitare que du phrasé de la voix. Originalité zéro mais belle réussite. Constat égal pour "She Told Us All", même si ce titre ressemble plus encore à ce que fait Robert Plant avec ses Mighty Rearranger. Nos Américains retrouvent leur personnalité musicale, entre rock lourd et chant limpide avec "Venus At The Crossroads". "Foggy Bottum" est le titre lounge au final psychédélique intercalé entre "Major Aracana" et "Cyclone", dans une veine similaire à celle empruntée jusque maintenant.

KTB, "outsider" de première classe, n’éclipsera pas les QUEENS OF THE STONE AGE. Les étoiles se sont alignées pour que ces derniers montent aux nues. Concernant KTB, arrivés seconds, ils le resteront. Leurs humbles ambitions ne leur feront pas retourner leur veste. Leur boulot aura été de dépoussiérer un son qui avait été oublié. Objectif atteint. Laissons les projecteurs aux oiseaux de Josh Homme. Mais conservons secrètement, le joyau qu’est KTB, qui à coup sûr se ternirait à la lumière. Cependant, constatons que la visibilité médiatique du second opus du groupe pourrait me faire mentir. Satanés principes de rentabilité !!!