Je ne suis peut-être pas le public idéal pour ce genre de « matériel » dira-t-on, sans doute mon bon collègue Deadcom serait-il plus en mesure de me conseiller où chercher et trouver (le cas échéant) les richesses de ce type de Deathcore de gros porc dégueux qui bouffe et chie du sang, mais j'ai tout de même essayé de synthétiser mes pensées. Mes impressions belliqueuses, partagées, à propos des Allemands d'ANIMA, un quintette de jeunes bestiaux mélangeant le Deathcore et le Death de vidange style "gruik gruik, je m'enfonce le pif dans des endroits où je devrais pas".

"Enter The Killzone" n'est évidemment pas subtil pour deux sous et représente un défoulement grandiose quand on n'a pas envie de se faire chier avec les préliminaires. Ce genre de jour, vous savez. Et le chanteur Robert Horn s'organise pour nous la massacrer davantage cette journée de pur bonheur d'invertébré en mal de sa peau, en n'étant pas capable de se brancher entre les stridents hurlements, les growls Core ou le langage de soue mal entretenue savamment présenté en intro. Cette dernière option que semble adorer Horn me déplaît au plus haut point, car bon, ça m'agace de nature les « gruikements » et ça ne sert absolument pas le propos. La musique d'ANIMA est davantage près du Deathcore que du Slam ou autre sous-genres de violence gratuite. Alors pourquoi venir ternir ça avec des vomissements ? Fait chier.

Surtout que je prends un certain pied avec cette musique simple, cinglante et pas trop mélodique. C'est rare. Ok, il y a de bons riffs de départ, chaque morceau est bien découpé, mais ça ne transcende pas l'art de la boucherie sans client. L'hémoglobine gicle à souhait sur la bâche prévue à cet effet, comme sur la pièce d'ouverture ou l'excellente (oui !) "The Man Eater", où le groupe arrive à détacher de belles lignes à travers sa bouillie bétonnée. On croirait même que les Allemands sont sur une lancée alors qu'ils enchaînent avec l'étoilée "Carnage Provoked" ; ah si, on retrouve cette mince mélodicité chérie. Décidément, malgré l'impolitesse du gueulard, le quatuor restant se débrouille bien ! Et bordel, ils se la jouent assez calme, n'accélérant pas si souvent, labourant nos tripes le plus souvent en mid-tempo. Voilà pourquoi leurs descentes de dingue, comme les rares bridges, sont les bienvenus !

Je ne sais trop ce que le groupe aura à nous offrir dans le futur… "Enter The Killzone" est quand même leur troisième album, donc l'heure du gros skeud aura sonné dans deux ans ! Mais bon, ils ont signé chez Metal Blade, alors ce major doit bien savoir ce qu'il fout, non ? Espérons-le, car les avis sont assez faibles jusqu'à maintenant pour nos petits scouts rebelles. J'imagine que si d'autres malsaines pièces telles que "Welcome To Our Killzone" ou la très surprenante "XXXIII" sont expulsées avec force par les jeunots, le Deathcore comptera un autre illustre membre dans sa confrérie mal aimée.

Je ne suis peut-être pas le meilleur public, moi l'amateur de feeling et d'énergie monstrueuse contrôlée, mais je dois avouer que passé le cap des 7-8 écoutes, ANIMA se laisse dompter assez docilement. Mais ça ne veut pas dire que je l'adopte pour autant, cette grosse bête pas dégriffée. Elle est encore trop brouillonne, excitée, mais je sens que le prochain devrait déménager de l'air jusqu'à ne plus savoir où le caser. "Enter The Killzone" est somme toute une invitation à pénétrer en zone hostile… le vrai massacre se déroulera bientôt. Car les germes qui poussent encore ici sont porteurs de mauvaises nouvelles pour l'adversaire.

Oui, ANIMA m'a convaincu de lui laisser une chance et j'attendrai qu'il affûte ses lames. Pour le moment, je me transforme en gros têtard et bouge dans tous les sens !

Note : 2,5/5.

PS: belle pochette, non ?