CADACROSS est passé pratiquement inaperçu dans le monde du Metal. C’est que les Finlandais ont été avares en sorties ; deux albums seulement pour une durée de vie de presque dix ans. C’est à croire que CADACROSS n’était qu’un projet secondaire pour les membres, et malheureusement, le manque d’ambition se ressent dans le bien pâle "So Pale Is The Light" mais aussi dans son unique successeur : "Corona Borealis". La formation se compose d’anciens de TURISAS et ARTHEMESIA qui n’auront pas le temps de voir arriver le succès. En effet, l’aventure touche à sa fin lorsque le leader et guitariste, Georg Laakso subit un grave accident qui mettra un terme à l’existence de CADACROSS. Alors bien compliqué de dresser un bilan sur la qualité de cette formation, tout ce qu’il est possible de dire, c’est que le peu qu’il nous reste du défunt groupe n’a rien de sensationnel.

Premier constat, "So Pale Is The Light" est mou, plat, livide. Cela en devient presque étonnant lorsqu’on sait que le line-up se compose d’anciens membres de TURISAS, un des groupes de Folk les plus populaires en Europe. Malgré la présence de Georg Laakso et Mathias Nygard, le Folk Metal de CADACROSS peine à nous arracher de notre siège pour nous faire décoller en direction des vastes plaines Finlandaises enneigées. Avec ces litanies tristounettes, on reste scotchés à nos fauteuils, assommés par ces mélodies fastidieuses. Ce que nous proposent les Finlandais évoque davantage le sapin en plastique du supermarché que la splendeur majestueuse des forêts nordiques. La faute à un ensemble de « pas assez » ; pas assez d’enthousiasme, pas assez d’innovation, pas assez de sincérité, pas assez de conviction et probablement pas assez de travail.

J’ai pour habitude d’affirmer que le Folk se vit sur l’instant, c’est une musique qui s’adresse à l’instinct et qui se doit de vous tirailler les tripes dès les premières notes. Pas besoin de quinze écoutes consécutives dans la pénombre de votre chambre, un bloc note à la main pour en découvrir l’exquise saveur. Contrairement à du Progressif, par exemple, le Folk va droit au but, droit au cœur. Aucun déclic ne s’est produit avec "So Pale Is The Light", rien, le néant. Si TURISAS s’adresse à nos instincts primaires de guerriers avec brio, si ARKONA se place intelligemment sur le créneau mythologique, CADACROSS n’a pas trouvé sa voie. Avec ces morceaux bien calibrés, parfaitement carrés comme des panés de Croustibat, on frôle la banalité. Conclusion : nous avons là tous les éléments caractéristiques d’un groupe sans âme.

Au niveau musical, le plus déstabilisant pour moi est certainement le sous mixage de la batterie, qui gâche littéralement l’écoute. Chaque morceau perd énormément en puissance. Qui dit manque de puissance dit manque de relief. Qui dit manque de relief dit monotonie. Qui dit monotonie dit ennui. Ennui tout comme les claviers vomissant des myriades de mélodies insipides qui dégoulinent comme du miel sur une tartine beurrée. "Turmion Taival" en est le principal représentant, avec une intro qui sonne comme du Final Fantasy, c’est dire la pauvreté musicale… Pourtant, avec plus de maîtrise, plus de hargne et un son davantage travaillé, ce dernier morceau à l’atmosphère épique aurait pu faire mouche.

Alors la question qui se pose, c’est : où a voulu en venir CADACROSS ? Est-ce du Folk touche-à-tout ? C’est-à-dire un peu d’épique par ici, un peu de mythologique par là avec un soupçon de mystique. Pas vraiment suffisant pour nous faire rêver. Ou peut-être que nous avons là un Power déguisé manquant cruellement de vigueur. Finalement, peu importe, "So Pale Is The Light" manque de caractère et de vivacité. Le résultat n’est pas à la hauteur.