La première galette de CADACROSS m’avait laissé de marbre, un peu comme un sandwich végétarien peut laisser indifférent un zombie cannibale. Le Folk fade de la formation finlandaise ne présentait que peu d’arguments probants. En politique, un remaniement ministériel succède souvent à une défaite cuisante. Il se trouve que dans la musique, c’est quelquefois le cas. Georg Laakso, sûrement conscient que le premier album était un échec, effectue un changement complet de l’équipe. Il y apporte du sang neuf et quelques pointures. Des membres et ex-membres de TURISAS viennent l’épauler ainsi que deux recrues provenant d’ARTHEMESIA, groupe reconnu dans le petit monde inquiétant du Black. Un nouveau départ qui conduira à la sortie de "Corona Borealis".

Il faut reconnaître que le turn-over a été bénéfique à de multiples égards. La production est supérieure à l’opus précédent, sans devenir exceptionnelle, elle a le mérite d’être convenable. Un bon point lorsqu’on a en tête la piètre qualité du précédent album. "Corona Borealis" est donc logiquement plus vivant et dynamique. La venue des gros bras de TURISAS élève là aussi considérablement le niveau. La puissance de feu est décuplée. Les riffs sont aiguisés, le clavier n’a plus rien à voir avec les sonorités niaises de "So Pale Is The Light" et le chant est enfin virulent, agressif comme il doit l’être pour ce genre de musique.

L’ambiance Folk anciennement dénuée de toute forme d’émotion est renouvelée au profit d’un Heavy Death COBien accompagné d’une atmosphère épique guerrière qui ne va pas sans rappeler TURISAS, logique. Cela donne des morceaux bien calibrés, comme un "Morningstar" pas piqué des vers qui mélange avec justesse la nervosité d’un Heavy brut et la finesse du Folk, qui se traduit dans ce titre par la présence discrète et efficace de l’accordéon du guest Riku Ylitalo.

Nous avons aussi un "Wreath Of Seven Stars" assez remarquable pour sa puissance et la maîtrise des mélodies épiques qui feraient prendre les armes à un pacifique affirmé. Et pour notre plus grand plaisir, le morceau est repris en bonus avec au chant la demoiselle Jukka Salo livrant une bien belle prestation. Ce qui est plus décevant en revanche, c’est le reste de l’album se rapprochant trop de CHILDREN OF BODOM. On finit par se dire que c’est bien sympathique, entraînant, talentueux et tout ce que l’on veut, mais ça empeste le déjà-vu. Attention, pas le déjà-vu qui passe tant bien que mal en forçant un peu, non, CADACROSS se laisse influencer jusque dans les moindres détails. Alors, si vous avez déjà fait overdose des sonorités de COB, "Corona Borealis" vous fera le même effet que des effluves d’ail à la narine d’un vampire… Fuir.

"Learn The Dark", "Flaming Ember" ou encore "Bring Out Your Dead" sont les principaux titres reprenant le Heavy Death Mélodique de la bande à Laiho. Trois morceaux qui vous plombent un album, non pas par manque de qualité, je le répète, mais par une ressemblance trop marquante des confrères finnois. Ce manque d’innovation s’explique ; ce deuxième album sort seulement un an après "So Pale Is The Light", un temps de gestation bien trop court qui entraîne un manque logique de personnalité. Sans oublier le changement quasiment complet de line-up qui n’a pas dû aider dans la recherche d’identité.

Nous pouvons fermer la parenthèse CADACROSS, un groupe résolument malchanceux. Suite à un premier album loupé, la formation finlandaise sort la tête de l’eau avec ce "Corona Borealis" largement au dessus en terme de maîtrise, de son et de travail. On aurait pu espérer voir le groupe se bonifier au fil du temps en imposant une empreinte plus personnelle. Tout cela restera lettre morte, l’accident de Georg Laakso met un terme définitif à CADACROSS. Nous ne garderons malheureusement pas un souvenir impérissable de ce groupe. Faire carrière dans la musique n’est pas toujours un conte de fée.