La médiocrité est plus courante que le talent. Surtout en matière de Metal. Il est illusoire de croire que « tout le monde » a plus ou moins un niveau « acceptable ». Chaque genre musical est un peu comme une classe d’école avec le chouchou de la maîtresse, les têtes de séries, l’immense masse des médiocres, moyens et autres « peut mieux faire ». Et au bout de la chaîne (tout au fond de la classe) : il y a le clan des nuls, les condamnés aux filières techno et les « serial redoubleurs » pour lesquels la maîtresse elle-même ne peut plus faire grand-chose.

Cette dichotomie « chouchous / têtes / moyens / médiocres / cas désespérés » s’applique quasiment à tous les genres musicaux. LED ZEPPELIN ne joue pas dans la même cour que KROKUS, JUDAS PRIEST ne vaut pas PRIMAL FEAR. Il existe une « hiérarchie », qu’on le veuille ou non. Trop souvent, le Net, les hordes de critiques, les fans (etc.) tendent à réduire ces écarts de « classe ». Pour mettre en valeur, on survend naturellement. L’éloge appuyé sur des antiquités ratées, d’albums ou de groupes moisis prend alors le pas sur la critique rationnelle et le recul nécessaire qu’imposent l’appréciation objective d’une œuvre.

Pour cette raison, une bonne grosse merde a au moins le mérite de mettre tout le monde d’accord et remet un minimum les idées en place. C’est précisément ce qui m’a motivé en vous déterrant ce "Raging Violence", dont la date de péremption très largement dépassée (1985) dégage un fumet si fort qu’il va falloir ouvrir les fenêtres et appeler Nana de suite :

http://www.youtube.com/watch?v=eyVLttGn5c4
« Lalalala quand tu chantes MIIRRZAAAA lalalala »

…

Donc ce premier album de HIRAX est nul à chier. Complètement. Un vrai album de derniers de la classe qui n’inspire même pas la sympathie. L’œuvre présente tellement peu de qualités, que même en brassant large et en essayant d’être exhaustif, j’arrive à peine à trois points positifs que voici :


1) Pour du Thrash (since 1985), le « son » est pas mal (assez clair et puissant).
2) Sur la quantité (14 titres tout de même), j’ai noté quelques passages (quelques décélérations notamment) et riffs pas complètement mauvais. Ca rappelle un peu OVERKILL en moins bien. Donc METALLICA (puissance -27).
3) Enfin, d’un point de vue « historique », si on remet ça dans le contexte du genre, cette espèce de Speed Thrash (avec son rythme véloce et l’agressivité des riffs) est assez novatrice. Bref, "Raging Violence" fait l’effet d’un Thrash qui vous « déboule » dessus et je crois qu’on peut mettre ça dans les qualités (pour le genre).

Pour le reste, c’est vertigineusement mauvais. Les soli sont des plaisanteries à part entière, les compos inexistantes (le groupe doit improviser en studio, je ne vois pas d’autres explications), la batterie déroule en continu comme un autiste… Pfff… Puis bon, il n’y a RIEN d’accrocheur là-dedans : pas une mélodie, pas un « air » sympa, même pas un riff marquant. "Raging Violence" est tout bonnement incroyable de nullité. On pourrait penser que le cahier des charges s’arrêterait là, mais non, il y a « plus pire encore » : le chant.

Katon W. De Pena (le nom du coupable) est effroyable : il est faux tout le long, son timbre est horripilant au possible (à donner des envies de meurtres sauvages au Dalaï Lama en personne). Quand on sait que cet affreux jojo est de surcroit le « leader » du groupe, il y a de quoi se plonger dans des abîmes de perplexité fascinante : comment des gens « normaux », formant un groupe de musique, ont pu faire abstraction d’une telle nullité ? Même en l’accompagnant de Lombardo à la batterie, de Frank Bello à la basse et de Martin Friedman à la gratte (par exemple), vous foutez un De Pena la dessus, le mec il vous casse la baraque à frites à lui tout seul. En plus, le gars, il ferait autre chose à côté, mais même pas ! Voyez Tom Araya par exemple : il chante mal, ne sait pas vraiment jouer de la basse, mais c’est pas grave. Dans le Thrash on n’est pas exigeants. Ca l’a pas empêché l’ami Tom de faire partie du plus grand groupe meilleur de tous les temps du monde.

Non, De Pena fait juste que chanter et il le fait mal. Donc, il a beau être Black et très sympa (avec son petit côté Lenny Kravitz à la sauce Hardos 80), c’est pas une raison. Au bout d’un moment faut se rendre à l’évidence : rien qu’à cause de De Pena, il est physiquement difficile pour le commun des mortels de dépasser le 4ème ou 5ème titre de "Raging Violence". D’ailleurs, pour tout vous dire, je me sens soulagé d’écrire cette chronique (vous z’avez pas idée), parce que ça veut dire que je n’aurais plus jamais de ma vie à écouter cet album. Vite, concluons !

Avec ce premier album, HIRAX a le mérite d’oser le « zéro absolu de l’Art », d’une médiocrité telle qu’effectivement cela peut déclencher chez certaines personnes une « violence enragée ». Ceci étant, comme pour tout, certains y trouvent leur compte et sont même prêts à vous racheter l’album si vous n’avez pas aimé (c’est bon à savoir) :

http://www.tmetal.com/DefaultN1.asp?GoTo=CurrSelN1.asp?ID=925&Page=archive

"If you purchase it and don't like it then I will personally refund your money in cash. I can always give it to one of my friends as a gift"

Traduction (« Canardienne ») : « Si vous achetez cet album et que vous ne l’aimez pas, alors je m’engage à vous le rembourser en cash. Je pourrais toujours l’offrir ensuite à un pote ».

Fascinant, je vous dis.


Note : 0.5 / 5


Morceau préféré : ah non hein, ça suffit ! (bon j’ai repris mes notes et "Destroy" - avec son petit côté à la SADUS - sortait un peu du lot)

Morceaux détestés : tous.