Le Death Technique avec bidouillages, sous-genre bariolé d'un sous-genre en expansion. Parent pauvre du Death Technique qui arrache les cheveux ou grand frère souriant faisant la barbe au petit frérot malveillant, il permet aux artistes le pratiquant de repousser encore plus des frontières difficilement accessibles à des canassons aux œillères vissées perpétuellement. Les Grecs de SICKENING HORROR en sont un des fiers porte-couleurs et après une première incursion remarquée en 2007 avec "When Landscapes Bled Backwards", ils remettent ça deux ans plus tard avec "The Dead End Experiment".

Le fun débute avec "Dusk" et "The Universe Within", deux superbes ambassadrices aux tournoyants riffs de dinosaure accrochant rapidement l'auditeur. Ça ronronne déjà beaucoup, merci aux FX, et augure du meilleur. Enfin, on comprend aisément que SICKENING HORROR ne s'appelle pas ainsi pour rien et nous en mettra plein la gueule.

Clavier pompeux et pesant, "24 Januaries" démontre tout ce potentiel clinquant, avec son ambiance de salle de torture, de laboratoire de savants fous. Étendus sur une table en inox, les yeux bandés, vous sentez sa présence au-dessus de vous. La piqûre vous apaise mais vous effraie en même temps, car bien que vous sommeilliez, vous sentirez la lame s'insérer dans votre chair. L'heure est à l'expérimentation et, contrairement au titre du skeud, on ne se dirige pas tout droit dans un cul-de-sac. SICKENING HORROR est certes horrifiant, malade, avec son Death « légèrement » technique poisseux et techno, mais il sait comment divertir et attirer l'attention. Encore faudra-t-il qu'il sache maintenir la qualité du début à la fin, car une petite poche de pauvreté vient ralentir notre enthousiasme en milieu de parcours.

La plupart du temps, les pépites de "The Dead End Experiment" se présentent avec des blast beat du tonnerre, auxquels viennent se greffer des effets sci-fi dérangeants et une basse maboul. La brutalité est à l'avant-scène, les Grecs sont de mauvais garçons et jonglent avec de dangereux flacons. L'explosion est constamment imminente et, lorsqu'elle arrive, les ondes de choc font vibrer le casque comme un marteau-piqueur. Je pense notamment à l'excellente pièce-titre au groove dément, sur laquelle la guitare rentre dans le lard.

SICKENING HORROR n'a pas à envier les bêtes immondes de la scène Death de ce monde, ça rue dans les brancards. La fretless se lâche lousse à plusieurs endroits et échange les projecteurs avec les soli de George Antipatis (oui, je sais, ce nom donne faim), dont la voix est tout simplement monstrueuse. Un des indéniables atouts du groupe. Ça et le putain de gros son, produit et mixé par les Grecs sans être nickel. La batterie, notamment, aurait gagné à frapper davantage, mais on s'en tape un peu, SICKENING HORROR c'est surtout des mélodies minces mais percutantes et du vrombissement aux pétillements Indus incessants.

Les Hellènes savent aussi sacrifier de la défonce pour un brin de mystère ("Mirrors Reflect Only Dead Bodies") et de subtilités (écoutez ces chœurs sur "Lay Rotten, Never Forgotten"). Ils flirtent même avec le Death funky à la TREPALIUM sur "Murdered Silence" (type plutôt moyen, mais qui démontre l'éclectisme dont le trio fait preuve) et terminent ce capharnaüm avec classe sur "Dressed In Madness", plage en yoyo au final curieux. Tous ces éléments combinés matérialisent un album fourre-tout, plutôt technique, mais pas à se fendre la tête en deux. Je pencherais plus pour un mix de vieux Death à la ATHEIST par moments et l'efficacité d'un BLOODBATH, d'un LAY DOWN ROTTEN ou d'un BLOOD RED THRONE. Additionnez une pléthore de gadgets, des variations dans les tempos et une prise de risque assez impressionnante et vous cernerez mieux ce foutoir.

En résumé ? Une respectable et étrange démonstration de Death. Gardez les groupes susmentionnés en tête et mettez le malaxeur industriel au maximum.

Un élastique 3,5/5.

Préférences : "Dusk", "The Universe Within", "24 Januaries" et "Dressed In Madness".