Le heavy, ce harangueur sans scrupule. Il prêche avec une facilité déconcertante, promettant gloire, fortune et beauté (ça c’est pour Tobias) à ceux qui s’engagent dans son mouvement. Peu importe la qualité des ses émissaires, le heavy n’a qu’une visée : abreuver ses rangs à une fontaine de fraicheur. En lettres grasses dans son argumentaire, la solidité d’un passé éblouissant et de belles garanties proposées par un avenir dont les contours se dessinent déjà. L’effervescence toute récente née de l’annonce faite par RHAPSODY sur son retour prochain montre sa robustesse et font mentir un peu plus les augures qui le donnaient mort un lustre en arrière.

BALFLARE ne s’est pas trop posé de question. Il a signé son bail, sans broncher. Le heavy lui a assigné une chambre de bonne, l’avertissant au préalable de son étroitesse et de son taux d’occupation largement au-dessus des normes élémentaires de sécurité. Un atout, lui a-t-il expliqué, que de côtoyer toutes ces formations de power metal. « La nuit, quand tout le monde te croit dormir, écoute les compositions qu’ils apprêtent et sers-t-en pour agencer les tiennes. » Les japonais ont dû juger le conseil avisé.

Pour évaluer la personnalité de BALFLARE, il faut un thermomètre rompu au froid polaire. Pour ceux qui préfèrent la met à la montagne, j’en ai une autre : BALFLARE manque tellement de personnalité que quand il nage, on croit voir l’épave du Titanic tenter un crawl.
Rien de ce qui figure sur « Sleeping Hollow » n’a pas déjà été référencé ailleurs.

Aussi peu original qu’il soit, il faut tout de même reconnaître une qualité à BALFLARE : ce que d’autres ont fait bien avant lui, il le refait avec une certaine maîtrise.
La musique des japonais est propre et respecte les canons du genre. Tout est bien disposé, sans rien qui dépasse ou casse des angles à la droiture scrupuleusement éprouvée ; à côté, les équerres d’écolier font figure d’approximations. Les japonais n’ont de leçons à recevoir de personne quand qu’il s’agit de confectionner des titres heavy bien articulés. Le solo, c’est pile au milieu et le passage orchestral qu’on réquisitionne afin d’évoquer ces sortes de vertes contrées qu’un guerrier traverse onze mois sur douze pour honorer ses missions, on l’insert au trois-quart de la pièce épique, ladite pièce épique qu’on prendra soin d’étendre sur dix bonnes minutes, cela va de soi.
Côté patchwork, l’exhaustivité des motifs nécessaires est respectée.

Mais quel ennui. Écouter « Sleeping Hollow » est à peine plus bouleversant que compter les moutons pour trouver le sommeil. Du reste, il y a statistiquement plus de chances qu’un mouton se prenne les pattes dans la haie et s’affale avec un bêlement cocasse que de surprendre BALFLARE en train de jouer une mélodie intéressante. Si l’efficacité montrait ses crocs, on pourrait s’amuser un peu. Seulement, BALFLARE en est dépourvu. Les plans se succèdent avec un naturel de parc canadien, mais sans fulgurance.

BALFLARE, au bout de trois albums, ne se fait le démonstrateur que d’une seule chose. Lui qui troquerait bien son dernier pion poussé pour une dame a oublié qu’avant d’y parvenir, il y avait quelques cases à franchir et autant d’écueils à enjamber. La facilité de l’élève appliqué, pourquoi pas. Pourvu qu’il y ait une dextérité capable de mélanger assez bien les idées des confrères pour en faire un truc mangeable. En 2008, la copie des japonais voit la marge couverte de rouge. Pas pour l’orthographe et la grammaire, irréprochables, mais pour la rhétorique si creuse qu’elle en devient démagogique.

A oublier (rien d’insurmontable en soi).

Note : 1,5/5.