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HEAVY/SPEED SYMPHONIQUE  |  E.P

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VERSAILLES - Lyrical Sympathy (2007)
Par BORAHKRETH le 19 Janvier 2010          Consultée 3026 fois

L'apparence a bien souvent un rôle primordial ; ce n'est pas pour rien que les boys band cartonnent malgré des qualités musicales particulièrement bien dissimulées. Eh bien au Japon, on peut dire que ce principe a été porté à son paroxysme. En effet, les groupes japonais appartiennent au mouvement "visual kei", qui place sur un pied d'égalité la musique et le visuel. Autrement dit, les frasques et le style visuel du groupe doit trouver une correspondance dans la musique, ce qui permet, au premier regard d'une formation japonaise, de déterminer grosso modo à quel style musical elle se réfère.

Mais VERSAILLES va encore plus loin. Leur concept, qu'il définit comme étant "la recherche de l'absolue beauté de la forme du son et une esthétique extrême", annonce la couleur : rien ne doit être laissé au hasard. Et quand on regarde leur nom, et que l'on voit l'apparence des membres(*), aucun doute n'est permis : bienvenue en pleine Renaissance, dans un univers aristocratique, baroque, empli de noblesse. Un statut princier qui se retrouve également dans les membres du groupe : ce sont en effet loin d'être d'illustres inconnus de la scène japonaise. Le chanteur, Kamijo, provient du groupe LAREINE, ayant une fan-base très importante, et donnait déjà dans le lyrique, l'épique et le baroque, tandis que Hizaki est un jeune guitariste prodige, connu pour son projet solo, Hizaki Grace Project, qui incorpore également Jasmine You, qui est l'actuel bassiste de VERSAILLES (sans "e", il n'y a que des hommes dans ce groupe, même si ça paraît dur à croire). Un all-star band en quelque sorte, si l'on excepte le batteur. On a donc ici un groupe composé d'artistes reconnus et adulés, qui créa le buzz lors de sa formation en 2007, de part son concept si particulier, l'aura de ses membres, ainsi qu'une vidéo promotionnelle ayant déclenché de vives réactions, de part son ton épique et sa musique accrocheuse, ainsi que l'idée de conter une histoire empreinte de romantisme au fur et à mesure des albums : le récit des « descendants de la rose ». Il va sans dire que tout le monde les attendait au tournant.

Et il n'y a ici pas lieu d'être déçu : les promesses sont belles et bien tenues. VERSAILLES nous plonge en pleine Renaissance, donnant l'illusion d'assister à la représentation d'un opéra baroque savamment orchestré. Et c'est exactement ce qui va se passer : nous sommes en présence d'un opéra Metal (rien à voir avec la comédie musicale douteuse) de très haute volée. Un retour dans le passé salvateur, chargé d'émotions et gorgé d'énergie, avec tout ce que ça comporte de perruques, de robes extravagantes et d'imagerie aristocratique.

Mais concrètement, qu'est-ce que ça donne ? Un délire médiéval avec un clavecin à la con et un crin crin pourri, le tout saupoudré de chorale ? Eh bien, absolument pas, on est à des années lumières d'une musique élitiste qui se limite à l'utilisation d'instruments d'époque pour en retranscrire l'ambiance. A la place, on fait la découverte de musiciens qui n'en sont pas à leur coup d'essai, totalement maîtres de leurs instruments, nous servant des riffs rapides, accrocheurs, et particulièrement inspirés. Un opéra certes, mais nerveux. La musique est propre à cette période: tout semble être dans l'excès (chant épique et grandiloquent, d'une puissance et d'une émotivité rares, des clavecins, des choeurs, des guitares véloces et virtuoses...)

Pourtant, la musique qui en résulte est bien loin d'être indigeste. Bien au contraire, des éléments qui, pris séparément, susciteraient l'ennui, forment une fois assemblés une synthèse de ce que devrait être le Heavy Speed Sympho : une musique dantesque donnant l'énergie de fomenter un coup d'état contre le roi. Une alchimie subtile, qui tire justement de son côté "chargé" toute sa force. La musique est particulièrement riche, tout en nuances, en subtilité. Pour autant, la musique ne risque pas d'être soporifique : rappelez-vous le maître-mot de cet album : "puissance". Sans être rentre-dedans, les morceaux n'en restent pas moins accrocheurs, gardant toujours cette touche épique sans pour autant devenir ridicules. On obtient alors une ambiance aux relents épiques, parfois feutrée, empreinte de mélodies touchantes, avec ce qu'il faut de puissance et d'énergie.

On pourrait évidemment croire que ce (mini) album lasse vite. Eh bien absolument pas, puisqu'il est suffisamment varié pour pallier à ce défaut : des morceaux grandiloquents ("The Love From A Dead Orchestra"), d'autres décadents ("Shout & Bites", avec une voix Death inattendue, mais néanmoins de la part d'un chanteur tel que Kamijo), des mid tempos oniriques ("Forbidden Gate"), et même des cavalcades acharnées ("The Red Carpet Day"). La variété se retrouve également dans les morceaux, que l'on redécouvre à chaque fois (signe d'un album qui ne sera pas vite démodé), avec l'ajout d'éléments parfaitement intégrés : citons entre autres un clavecin (oui oui, mais un clavecin discret utilisé judicieusement et c'est toujours plus médiéval qu'un piano ou un synthé, non ?), une chorale, des orchestrations (très présentes dans "The Love From A Dead Orchestra", mais on s'en serait douté au vu du titre), mais surtout des soli géniaux. Pas forcément archi rapides (malgré une technique bien présente), mais touchants, et c'est bien tout ce qu'on demande à la musique.

Heureusement pour nous, les autres instruments ne sont pas en reste. Outre une basse très agréable bien qu'un peu en retrait, c'est surtout la batterie qui marque : rapide sans être dans la démesure, des roulements de grosse caisse qui se fondent merveilleusement bien dans la musique, on a ici le squelette du groupe, un batteur qui évite d'en faire des tonnes, préférant taper là où il faut quand il faut. Au vu de son précédent groupe (SUGAR TRIP), on ne s'attendait pas une telle prouesse de sa part. Et enfin la voix, élément catalyseur, qui sait appuyer les autres instruments, mais également les laisser s'exprimer lorsque la musique le demande. Un timbre exceptionnel, tout en puissance et en modulation, qui apporte la touche épique et émotive si adaptée à cet univers. De plus, les paroles ne sont pas en reste (pour peu que l'on comprenne le japonais, ce qui n'est pas mon cas), racontent une histoire amorcée dans "The Revenant Choir" (la fameuse vidéo promotionnelle, sortie en single, et que l'on retrouvera dans l'album suivant), qui se déroulera au fur et à mesure des albums. Pour un jeune groupe, on peut dire qu'il ne manque pas d'ambition, et au vu des efforts investis, on ne peut que leur souhaiter le succès qu'ils méritent. J'ajouterai également qu'ils sont très proches de leurs fans : les concerts sont donnés dans une ambiance privée et avec de nombreuses originalités (tours de magie, jeu de scène théâtral), mais également un nom complet ("VERSAILLES – Philarmonic Quintet") lié à leurs fans (par un sondage sur leur site), et que pour les en remercier, ils proposèrent en téléchargement gratuit un morceau inédit: "Prince".

Alors vous allez me dire "okay, mais alors pourquoi pas 5/5 ?". Eh bien, c'est précisément là que je me dois de me débarrasser de ma subjectivité. Comprenons nous bien : je n'ai rien à reprocher à cet album, mais néanmoins, il ne sera pas au goût de tout le monde. En effet, pour l'apprécier, il faut réussir à dépasser cet effet de "trop" (trop d'orchestrations, d'arrangements, chant trop grandiloquent). D'ailleurs, ce chant me paraît être un défaut comme une qualité : un timbre particulier, en japonais (chose très déstabilisante pour nous autres Européens), des intonations qui ne seront pas au goût de tout le monde, il reste néanmoins indispensable à cette musique qu'il sert si bien. A la rigueur, peut être que le côté "all-star band" pourra en rebuter quelques-uns, en plus de l'engouement particulièrement important qui peut paraître démesuré pour seulement un single et un mini album. Néanmoins, je ne peux que vous pousser à persévérer dans son écoute, car le plaisir est bien présent une fois qu'on l'a totalement cerné.

Au final, on obtient un album de très bonne facture, où rien n'est laissé au hasard, avec une ambiance très bien retranscrite, et une certaine prouesse technique qui ravira tout le monde (on est pas ici dans la branlette de manche, mais bien dans la sensibilité artistique : chaque note fait mouche et touche directement l'auditeur), avec néanmoins une voix très personnelle et particulière, pouvant faire office de barrière, qu'il convient de dépasser pour saisir toute la saveur de ce EP.

(*)Ça devrait vous en donner une petite idée: http://www.jame-world.com/_pic/pic/1034-a.jpg

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   BORAHKRETH

 
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- Kamijo (chant)
- Hizaki (guitare)
- Teru (guitare)
- Jasmine You (basse)
- Yuki (batterie)


1. Intro
2. The Love From A Dead Orchestra
3. Shout & Bites
4. Beast Of Desire
5. Forbidden Gate
6. The Red Carpet Day
7. Sympathia



             



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