Premier "véritable" album avec un son plus que correct - entendez par là qu’avant c’était "pfft bof bof" parce les premiers enregistrements n’étaient pas folichons et parfois inaudibles (d’ailleurs, si, après lecture de la kro, vous avez aimé ce "Negative Prevails", penchez-vous sur l’album "Necrospective" qui a remasterisé ces fameuses/fumeuses bandes sonores et de bien meilleure qualité !). Et cela, ils le doivent au studio légendaire Abyss d’un certain Peter T. (HYPOCRISY, PAIN) d’une part, ainsi qu’au chanteur de MISANTHROPE… patron à ses heures perdues de Holy Records également ! Euh, musicalement : rien à voir entre eux.

Ce n’est qu’après une attente interminable de 84 secondes que commencent véritablement les "réjouissances". Certes, l’ambiance malsaine y est dépeinte mais bon, trop long à mon goût. Cependant après, c’est l’oppression quasi constante, voire suffocante, que nous sommes toutes et tous en droit d‘attendre d‘un tel combo, qui va envahir vos sens.

Complexe et plus qu’étonnant de prime abord, les riffs soignés, précis, techniques et tordus de Domenico n’ont pas leur pareil pour nous dérouter dans un premier temps puis de nous ravir dans un second (plutôt deuxième en fait…) et ainsi de suite. Ces riffs sont d’une lourdeur également et cette alliance est captivante pour tout qui aime le Death Metal. Mais c’est pas pour autant que NATRON devrait plaire à tout le monde. En effet, la manière dont ils construisent leurs chansons peuvent rendre perplexe l’auditeur… En gros, si vous débutez à la guitare, par pitié, laissez tomber les partitions du groupe sinon, elle finira bien vite dans un recoin poussiéreux de votre garage (ou de votre chambre).

En général, c’est plutôt mid-tempo en alternance avec des passages extrêmement énergiques. La batterie est un instrument à part entière. N’espérez pas l’entendre accompagner les riffs qualifiés de bizarres - donc uniques, donc intéressants ! - en bruit de fond. Non, Max est tout aussi déroutant : décalé, pointilleux, surprenant et ne restant jamais longtemps sur la même cadence. Hors, le mariage entre ce faiseur de rythmes sophistiqués et ce martèlement compliqué font de NATRON une personnalité forte du Brutal Death Metal et figure de proue du genre en Italie. Et n’allez pas croire que le bassiste lit des magazines "instructifs" en accordant de temps en temps ou en daignant appuyer sur ses cordes, le temps d’une note ! A son tour, Füjn est incroyablement bon, précis et tordu comme les autres… Ben oui, vous avez compris que pour le chanteur, c’est pareil !

Plusieurs respirations, moins longues que l’intro cette fois-ci, permettent d’apprécier vraiment ce concentré de Death technique en perpétuels changements de rythmiques. Et puis le morceau acoustique "Blood Streams", en milieu d’album, est très inhabituel ; d’aucun diront qu’il n’a rien à faire-là. Alors qu’en fait, vu l’audition exigeante que nous devons maintenir pour apprécier NATRON, ce titre nous libère d’une pesanteur incroyable et nous permet de nous remettre de nos émotions. C’est d’autant plus riche que s’ensuivra une nouvelle débauche d’énergie avec une petite surprise à la clé…

Et ces mêmes auditeurs qui n’aiment pas les compos à la guitare sèche seront peut-être encore une fois déroutés par celle-ci ; à fortiori que penseront-ils de la version boostée de "Message In The Bottle" du groupe POLICE !!! Titre rebaptisé "Message In A Coffin" : c’est pas très fin mais c’est du Death. Ensuite, une reprise aussi géniale que celle-là, faut pas passer à côté ! Je préfère y voir un potentiel artistique qui démontre une sensibilité assez rare pour le souligner chez nos Death métalleux d’Italiens survoltés à en faire perdre la gomina chez nos trois blondins !

De très bonne qualité, qu’elle soit auditive, sonore ou artistique, je vous recommande ce "Negative Prevails" qui a un cachet unique et curieusement intéressant pour les amateurs de ce style particulier. En vous remerciant…