ATRITAS est un de ces groupes de Black Sympho classiques qui tombent dans les craques laissées par les tremblements de terre engendrés par les DIMMU BORGIR, CRADLE OF FILTH, MYSTIC CIRCLE et EMPEROR de notre sauvage monde. Sextette suisse peint en noir et blanc, membre de la seconde vague du Black Mélodique gavé par le synthé. En fait, il est né alors qu'Ihsahn et Samoth lançaient le monument "Anthems To The Welkin At Dusk", donc en pleine gloire du mouvement. Bon timing me direz-vous… Seulement, après sept ans à vivoter, ATRITAS a finalement gardé son premier album pour la deuxième vague, déferlant dans les bacs en 2004.

"Medium Antigod" est son second legs au Black Sympho, un de mes styles de prédilection semblant être sur le respirateur artificiel depuis que les gros canons manquent de poudre et que la relève peine à se faire entendre. Faut dire que les remparts sont si haut qu'ils ont besoin d'une sacrée échelle… Sociale, s'entend, pas une échelle musicale, car bon, le Black Sympho n'a jamais vraiment changé.

Les Suisses n'inventent donc rien, autant vous le dire tout de suite. Absolument rien. Vous retrouverez sur "Medium Antigod" un mix parfait des ambiances funestes du genre : châteaux hantés, cimetières vivants, églises qui partent en fumée, passion démoniaque… Le groupe chante en anglais et offre même une chanson en français ("Massacre Pour Une Ballade") et une autre en allemand ("Das Tier"), ce qui est somme toute assez charmant… Enfin, ça fait sourire. Surtout que le français n'est pas nécessairement la langue qui se prête le mieux aux incantations de cette teneur !

Vous serez donc en terrain de connaissance avec ces chœurs et ces orchestres simulés par un synthé-caméléon, des riffs rasoir rappelant les premiers balbutiements de COF ("Ravenous And Devilish"), des mélodies intouchables et féériques ("Earthbound Suicide", "Lunar Psychosis") et des cris surhumains de la part de Gier, cofondateur du groupe, dont le timbre se situe dans la moyenne de l'acceptable pour du Black Sympho. Les fûts chevauchent allègrement sur ces plaines foisonnantes, se laissant hypnotiser par les notes d'Hysteria et des archers Swart et Baal, armés de leurs cordes fantasmatiques. Pour ne pas dire fantomatiques…

Divertissante est cette musique, y'a pas à aller chercher bien loin. Les fans accrocheront facilement, sans se confondre en compliments. Efficacité n'étant pas synonyme de paradis, ne nous étonnons pas d'avoir entendu ces nappes flegmatiques des millions de fois, cette folie tapageuse du chanteur et du batteur s'emballant sur les mélodies d'épouvante tournoyantes des archers. Climat frisquet baignant d'opaques ténèbres où les forces de la nuit s'affrontent, à l'ombre d'un haut donjon et d'un clocher moribond. ATRITAS n'a pas son pareil pour ramener dans le temps des sauvageries. Et ça fonctionne encore aujourd'hui, c'est la beauté de la chose.

Il permet aussi, depuis sa naissance, de conforter la position fort avantageuse de la Suisse dans l'univers du Black moderne. En plus d'assurer une relève dans le Sympho, lézardé de tout bord tout côté. Un album comme "Medium Antigod" contient assez d'effroi et de carburant pour tenir la route. Il est tour à tour un vampire perçant les jugulaires et une locomotive arrachant toutes les barrières lui bloquant les rails. En 1997, il aurait peut-être passé comme une lettre à la poste, peut-être pas. En 2009, il pourra jouir de mon indulgence, car il m'en aura donné suffisamment pour ma pitance.

Verdict : 3,5/5 arrondi à 3 pour un harmonieux voyage au cœur de l'enchantement morbide. Et parce que je suis intraitable en Black Sympho !