Depuis que Christian Älvestam a quitté SCAR SYMMETRY, le chômage ne veut pas de lui et vice versa ; il partage son temps entre MISERATION et ce nouveau combo créé l'an dernier, THE FEW AGAINST MANY, officiant évidemment en Death Mélo, sa spécialité. Et il ne s'égosille pas avec des deux de pique : tous les membres ont joué ou jouent avec des groupes tels que TORCH BEARER, DIVINEFIRE, MISERATION et SOLUTION .45, un bel engrenage Death/Power où la dureté et la mélodicité s'animent pour créer un bouquet d'étincelles.

Résultat de ce premier opus à la pochette géniale signée Dan Seagrave (MORBID ANGEL, ENTOMBED, DISMEMBER, SUFFOCATION) ? Un court bombardement de pur Death Mélo aux arrangements symphos qui fout une branlée bien méritée. La plupart des titres sont chantés avec force en suédois, Christian Älvestam et Pär Johansson (à quoi sert-il donc celui-là ?!) offrant une barrière vocale en titane difficile à escalader. Mais bon…

"Sot" me fait penser au premier album de TENET, side-project au line-up de rêve de Jed Simon : un condensé des multiples influences des barbus qui ne révolutionne malheureusement rien. Certes, ce Death est bien produit, bien interprété, les orchestrations sont cool et viennent magnifier un son déjà énorme, mais j'ai l'impression que THE FEW AGAINST MANY ne se calera pas de suite dans un fauteuil moelleux avec cet album. C'est toutefois une très bonne carte de visite pour les Suédois, qui risque de plaire à un large nombre de brouteurs de raw ambiancé…

Le vrai problème avec "Sot" sont ces « orchestrations cool » qu'on entend de plus en plus en Death. Celles qui ont donné naissance à de nouveaux mouvements comme le Death Épique ou le Power/Prog groove orchestral, musique plaisant autant aux amateurs de défonce brutale que d'élans passionnés au clavier ou aux cuivres (réels ou recréés). Parfois, ça fait mouche, parfois c'est plus ardu. Je crois que pour éviter la mièvrerie de ce côté, il faut choisir entre le pompeux ou le petit clavier à mémère, pas les deux.

THE FEW AGAINST MANY souffre ainsi d'une duplication au niveau des atmosphères : on dirait qu'il veut à tout prix se positionner dans la nouvelle vague de Death orchestral, mais refuse de chasser ses gênes mélodiques. Les guitares et basse sont de massifs taureaux mécaniques sur tous les morceaux, mais le synthé vient briser cette maîtrise avec parcimonie ("Skapelsens Sorti"). Il serait faux de cracher sur toutes les couches de ploum-ploum que contient "Sot", car lorsque les simples nappes sonnant rétro-cheap se font damer le pion par d'incisives cordes classiques comme sur le morceau-titre (idem sur "Abider" et ses légers coloris orientaux ou la très grave "Bränd Mark"), c'est jouissif à l'extrême et on déconnecte complètement. Ces chœurs simulés, ces soli habilement exécutés, ces growls à réveiller un cimetière au complet, c'est d'une grandiloquence…

Les Suédois sont littéralement peu nombreux contre une marée de fans nourris au Metal en fusion. Pas une mince tâche de tirer son épingle du jeu dans cette botte de foin. Son cambouis est toutefois assez opaque et la mélodie de ses compositions risque de lui sauver la peau à moyen terme. Efficace sans être transcendant.

3,5