Tant de choses idiotes sont dites depuis que des groupes de femmes jouent de la musique… Tant de préjugés, d'idées archaïques sont véhiculées, que les plus écervelés d'entre nous ont parfois cru que la musique, pour qu'elle soit écoutable, devait être jouée par des hommes, ou des formations mixtes. Sinon, c'était la galère totale, la farce monumentale.

Ce cliché est encore très présent, surtout en Metal. Et personne n'y échappe, tant que cette personne est humaine. L'homme, et peut-être aussi la femme, est ainsi fait : on voit quatre filles sur la pochette d'un album de Metal et hop!, le sarcasme ressort, vêtu de ses plus beaux atours. Mais, petite incartade, avouez que c'est croustillant une petite séance d'ironie gratuite… De pouffer en voyant ces demoiselles au regard de loup, de chat (kitty) enragé, essayer de nous faire peur ! Si elles n'y arriveront jamais, elles auront contribué à faire avancer la cause féministe en n'ayant pas peur de montrer leur vraie nature. Et pour ça, on peut les féliciter, même si on se torche de leur matériel.

Donc, nourri aux archétypes, aux nombreux changements de line-up et aux critiques incendiaires de leurs premiers albums, je ne m'attendais pas à grand-chose de KITTIE, quatuor originaire de London, une des plus grandes villes d'Ontario, province voisine de mon Québec natal. J'ai reçu le CD promo sans l'attendre, j'ai donc été plongé par hasard dans l'univers de ce quatuor dont je ne connaissais rien. J'ai dû gravir un mur, une palissade, pour arriver à bien cerner cette musique pourtant très facile d'approche, mélangeant divers styles, très proche du FM, du Hard Rock aux accents punk, alternatifs, gothiques et death, bref du Neo. J'ai surmonté ces obstacles innés et acquis et cassé le moule qui me retenait prisonnier de mon ignorance.

De sorte qu'après plusieurs écoutes d'"In The Black", je connaissais rapidement douze nouveaux riffs, un groupe fort sympathique, des airs catchy et un album qui s'avale assez facilement et avec un plaisir certain. Pas renversant, mais pas mal plus qu'un groupe comme les Dixie Chicks ou HOLE ! KITTIE a peut-être un nom affreux et réducteur, mais il a une sacrée gueule. J'allais dire pour un groupe de filles, mais je me suis retenu juste à temps ! Bon, je l'ai dit, mais je suis si heureux de rayer quelques clichés grâce à des morceaux « un peu » pesants et planants comme "Sorrow I Know" ou "Falling Down", que je peux bien piquer mes compatriotes là où ça fait mal !

Elles ne font pas bouger de la tête de l'album (il manque définitivement un peu de lourdeur), mais provoquent de bonnes secousses dans mes ridules de surprises… "My Plague" et "The Truth" (belle finale !) ne sont pas mal du tout pour débuter et commencer le skeud, avec leur alternance « voix à la Angela Gossow croisée avec Dani Filth » et chant gothique. Duo vocal qui franchit la distance sans trop de mal d'ailleurs. Les refrains sont bien mis à l'avant, tout comme les guitares, qui, sans déchirer, égratignent une surface métallique très en chair. Ceux de "Cut Throat" et "Forgive And Forget" sont très directs, à la limite du radiophonique, mais font le boulot dans un engrenage oint à la perfection. Les « ziqueuses » m'impressionnent décidément beaucoup (pas avec leurs paroles toutefois) et fracassent, avec un léger obus tel que "Now Or Never", les dogmes pourris qui gangrènent inutilement encore ce versatile monde du showbizz.

Je n'ai pas scandé leur airs dans mon sommeil ou hurlé à la création d'un mouvement de hardos féminines prêtes à tout pour faire exploser les tripes des métalleux, mais force est de constater que "In The Black" est à classer parmi les petits ébahissements de ce dernier trimestre. Que vous aimiez le Neo ou non, ne vous fiez pas aux mièvreries que vous avez probablement ingérées de force dans le passé et tentez un essai rédempteur avec cet opus.

Podium : "Sorrow I Know", "Falling Down", "The Truth".