Du Black français ? Parisien de surcroît. C'est ce que GARWALL, sous la houlette d'un Balrog au chant, se décide à produire au début de l'an 2000... Un changement de cap pour nos natifs de l'hexagone qui va s'avérer payant après une succession de changements de line up (dont je vous ferai grâce !) car le combo est signé par le label français Holy Records en janvier 2004 pour 4 albums en 6 ans (rien que cela !). Il fallait le faire tout de même et sacrément croire au talent des membres de ce groupe... Un véritable tremplin et une sacrée vitrine pour GARWALL.

Une belle preuve de confiance certes, mais il s'agit maintenant d'exploiter au mieux la tentative de transformation de l'essai. GARWALL nous délivre donc un Black Metal technique, entendez par là rapide et faisant la part belle aux guitaristes.

Dès les premiers instants du (très) réussi "Pride", on comprend de suite ce que l'on est en droit d'attendre. Balrog, jusqu'ici guitariste, vient de se mettre derrière le pied de micro en remplacement du dernier frontman démissionnaire et fournit une prestation honnête de gueulard du genre : on oscille entre des growls parfois plutôt death ("The Seventh Seal Of Consequences", "Garwall") et purs couinements de porc honorables.

Mais ce qui frappe assurément à l'écoute de cette "Bête Noire", ce sont les dégringolades de manches incessantes (plutôt rares dans le genre) comme l'intro de "Abyssus Abyssum Invocat" ou "Pride". Dégringolades qui tournent assez vite à une désagréable sensation de "branlette de manche" ("Veni Vidi Vici").... Le titre éponyme n'entre pas dans cette catégorie (sympathique moment), mais la désagréable sensation perdure... Rien à faire.

La frappe du batteur est parfois pénible et fatigue (couplet de "Abyssus Abyssum Invocat") mais globalement efficace, la basse un poil trop sous mixée (trop en retrait). Plus les écoutes s'enchaînent et plus on se doit de reconnaître que les proportions sont donc : du Black (beaucoup), du Death (un zest) et du Heavy (beaucoup comme le break de "Les Ecorchés"). N'allez pas pour autant y voir une quelconque analogie avec des groupes comme CHILDREN OF BODOM. On est bien ici dans les fondamentaux du Black et rien d'autre : ne serait-ce qu'en termes d'imagerie, de voix et de son...

Mais des compos qui semblent carrées et efficaces ne feront rien quand la technique tue le feeling. Et c'est ce qu'il se passe sur ce "Black Beast"... Voilà le plus sérieux problème que le groupe va devoir surmonter pour ne pas se retrouver le bec dans l'eau... Il est vraiment pénible de devoir avouer que cet album n'est pas foncièrement mauvais, mais que l'homogénéité des titres n'en fait qu'un album bien faiblard dont l'intérêt est très limité. Seul "Pride" aura eu droit de cité dans mes nombreuses écoutes : riff terrible, chant en français (très drôle en fait !) et descente de manche plaisante... Le reste ? On s'emmerde ferme...

Premiers efforts pour un premier L.P qui ne révolutionne en rien le monde du Black en 8 titres, mais qui laisse entrevoir une capacité de création à dynamiser. Quarante-trois minutes d'un mélange qui devra gagner en maturité et en originalité si GARWALL veut envisager plus sereinement son avenir dans un créneau bien chargé et où la concurrence est bien rude...

Note réelle: 1,5/5.

Réussites : "Pride" et dans une moindre mesure "Mass Of Worms", "Garwall" et "Black Beast".

N.B: Balrog et Olivia ont depuis quitté le navire, le groupe s'est fait virer manu militari de son label (deal rompu car GARWALL fait désormais du Heavy pur jus) et le restant de l'équipe est toujours à la recherche d'un ou une chanteur... A vot' bon coeur m'sieur dames si vous êtes intéressé !